L’obligation de rendre compte ou encore la redevabilité, c’est ce principe qui a conduit le député Marc Zoungrana à sillonner les sept communes de la province de l’Oubritenga. Du jeudi 26 au dimanche 29 janvier 2017, le représentant du peuple, élu sous la bannière du parti majoritaire MPP (Mouvement du peuple pour le progrès), a rencontré cette population qui lui a permis de siéger à l’Assemblée nationale.

La redevabilité engage la responsabilité du dirigeant pendant et après son mandat. Conscient qu’il doit ce mandat à une base, Marc Zoungrana, un an après le début de la 7e législature, a rendu compte à qui de droit. C’est-à-dire à la population, celle-là même qui l’a porté à l’Assemblée nationale. Pour lui, c’est un devoir auquel il ne saurait se dérober.


Faire connaitre les attributions de l’Assemblée nationale et le rôle du député, porter à la connaissance de la population les activités réalisées courant 2016 à l’Assemblée sur le plan de l’adoption des lois, du travail en commissions. Sans oublier sa participation au niveau des parlements africains ainsi que le programme du président du Faso, tout a été décortiqué devant une population qui sans le vouloir, confond les rôles du député et du maire. De la commune de Dapélogo à Ourgou-Manèga en passant par Absouya, Nagréongo, Zitenga, Loumbila et Ziniaré, le député Marc Zoungrana, a des heures durant, expliqué de long en large le rôle d’un élu national. C’est-à-dire voter la loi, consentir l’impôt et contrôler l’action du gouvernement.

Des lois pour soulager les populations


De l’avis de l’élu national, la première année n’a pas été de tout repos pour les 127 députés dont il fait partie. En tout, 39 lois et 23 résolutions ont été votées. Parmi ces lois, l’on peut citer celle portant protection et promotion des droits des personnes âgées. Cela accorde des avantages comme des soins gratuits et la gratuité des frais de transport aux personnes de plus de 60 ans. A cet effet, deux grands hôpitaux seront mis en place bientôt. Ce qui rejoint déjà la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans.

Des lois portant création d’une fonction publique territoriale, et régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la fonction publique territoriale ont été adoptées. Selon le président du réseau des parlementaires pour la décentralisation et le développement local, c’est dans le souci de donner plus de moyens et de professionnalisme aux collectivités pour un meilleur rendement que ces lois ont été adoptées.


Dans le domaine de la justice, des lois ont aussi été adoptées. Il s’agit de celles portant création, organisation et fonctionnement des pôles judiciaires spécialisés dans la répression des infractions économiques et financières et de la criminalité organisée, ainsi que sur le terrorisme. Pour le rapporteur de la commission des Affaires générales institutionnelles et des droits humains (CAGIDH), Marc Zoungrana, ces mesures sont de nature à désengorger les palais de justice en donnant de la célérité dans le traitement de certains dossiers.


L’assemblée nationale en un an, ne s’est pas limitée aux votes des lois. Pour répondre aux préoccupations des populations, des commissions d’enquête sur le secteur minier et le foncier urbain ont été instituées. Rapporteur adjoint dans la commission d’enquête sur le foncier urbain, il a travaillé avec ses pairs pendant trois mois pour mener des investigations dans 14 villes dont Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou et Ouahigouya. Au cours de cette enquête, 500 personnes ont été auditionnées. Ce qui a permis de se rendre compte de graves malversations de la part de certains maires, sociétés immobilières et particuliers au moment des lotissements.

Le cas le plus patent est celui de la ville de Koudougou où aucun fichier sur les lotissements n’existe. Du coup, chacun construit sa maison sans pour autant détenir un titre foncier. Le député trouve ce cas malheureux et grave à la fois. Décision a donc été prise de ne plus procéder à des attributions systématiques en lotissant, mais en procédant à un tirage au sort pour avoir droit à un terrain et sous condition de s’acquitter des formalités y relatives

Pour ce qui est du contrôle de l’action du gouvernement, les parlementaires n’ont pas chômé du tout. En un an, 52 questions orales (avec ou sans débats) ont été adressées au gouvernement. Ceux qui ont le plus été invités devant la plénière sont, le ministre d’Etat, de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la Sécurité, Simon Compaoré (9 fois) et celui de l’Education nationale et de l’alphabétisation, Jean martin Coulibaly (5 fois). Le Premier ministre quant a lui a été interpellé (7 fois). Le grand nombre d’interpellations du gouvernement témoigne du regard que porte l’Assemblée nationale sur les actions que ce dernier pose.

La sécurité au cœur des échanges


Après avoir écouté attentivement le compte rendu du député Zoungrana, tous les intervenants ont apprécié cette démarche qui est une première. Leur souhait est qu’à la fin de son mandat, les uns et les autres soient unanimes sur le changement tant prôné. Les populations des sept communes ont manifesté leur joie de voir que ce n’est pas une rencontre politique, mais plutôt une rencontre pour unir et voir ce qu’il faut pour construire les communes de l’Oubritenga, la région du Plateau Central et le Burkina Faso tout entier.

Bien entendu, après avoir écouté les interventions du député Zoungrana, des inquiétudes ont été soulevées quant à la rupture des médicaments dans le cadre de la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans. Selon le député, 22 milliards ont été injectés dans cette gratuité des soins. Il assure que pour 2017, il y aura plus de fonds pour cela, donc moins de problèmes que pendant la première année de mise en œuvre.


Les questions sécuritaires (Koglwéogo, police de proximité) sont revenues dans les débats. Surtout la dernière en date qui fait cas des menaces sur des enseignants dans le Soum. A ce sujet, le député n’est pas passé par quatre chemins pour dire aux uns et aux autres que « les terroristes ne sont plus ceux qui ont la peau blanche, ce sont des Burkinabè aussi qui portent les mêmes noms de famille que vous et moi ». Il les a donc invités à plus de vigilance, à être attentifs et à signaler aux autorités tout cas suspect car cela y va du bien-être de tous.

« Les populations sont inquiètes et se demandent quelles sont les dispositions que l’Etat a prises pour sécuriser les populations du Sahel », lance-t-il. En ce qui concerne l’Assemblée nationale, des lois ont été votées dans ce sens. Il appartient donc à l’Etat de les mettre en œuvre. Pour ce qu’il sait, il y a des mesures déjà prises, mais il remontera néanmoins les inquiétudes à qui de droit. A cet effet, l’élu national lance un appel au gouvernement à beaucoup communiquer sur cette question pour mieux informer la population qui est inquiète.


Après cette tournée d’explications, le député Marc Zoungrana, membre du Comité inter parlementaire de l’UEMOA (programme eau, désertification, protection des berges, contrôles juxtaposés, pont bascule), en tire un bilan satisfaisant. « Il était de notre devoir d’aller rendre compte à la population de ce que nous avons fait courant l’année 2016 », confie-t-il. Pour lui, cette tournée a été une occasion d’écouter les populations ainsi que leurs interpellations par rapport à l’exécution du programme du président du Faso. Il reconnait que les attentes sont énormes en ce qui concerne le secteur de la santé, le secteur de l’assainissement et la sécurité.


« Nous allons remonter ces préoccupations au niveau du gouvernement pour qu’ils accélèrent l’exécution du programme afin de soulager les populations qui sont toujours dans l’attente », affirme-t-il. Le parlementaire a profité de l’occasion pour réaffirmer le fait que le programme présidentiel est pour tous les Burkinabè et non pour un parti politique. Par rapport à certaines questions, il a renvoyé les uns et les autres à se référer aux maires car il n’appartient pas à un député de gérer ces aspects. Le député a promis de faire remonter la multitude de recommandations qui ont été faites.

Toute chose qui n’est pas pour déplaire à la population. Elle qui n’en n’attend pas moins du député Marc Zoungrana, puisque dans les mois à venir, une telle tournée s’imposera.

Marcus Kouaman

Lefaso.net

Source: LeFaso.net