L’Organisation démocratique de la jeunesse du Burkina (ODJ) a présenté son rapport final sur les conditions de vie et aspirations des jeunes du Burkina Faso. Environ 3000 ménages de toutes les régions ont fait l’objet de cette enquête sur une période de 3 ans. Retour sur quelques aspects de l’étude.

Selon le rapport de l’Organisation démocratique de la jeunesse du Burkina (ODJ), les conditions de vie et les aspirations de la jeunesse burkinabè se sont progressivement dégradées depuis l’application des Programmes d’ajustement structurel (PAS). « En effet, les PAS sous diverses formes ont été créés et continuent de créer une évolution graduelle des opérateurs privés dans les secteurs socioéconomiques. De ce fait, ils ont rendu hyper sélective la réinsertion socioéconomique de la frange jeune », ajoute le rapport.

L’enquête a pris en compte plusieurs secteurs dont l’emploi et les conditions de travail, les besoins en alimentation et formation.

En ce qui concerne l’emploi et les conditions de travail, les analyses mettent en lumière que le taux de chômage (13,2%) en milieu urbain est quasiment le même qu’en milieu rural. Le chômage des jeunes touche plus les femmes (16%) que les hommes (12%). Quant au taux de précarité, les résultats de l’enquête montrent qu’il est plus élevé en milieu rural (91%) qu’en milieu urbain (76%). « Cette différence tient du fait qu’en milieu rural, la grande majorité des jeunes qui ont un emploi travaillent dans l’agriculture qui est une activité saisonnière. Ce taux est légèrement plus élevé chez les hommes (87%) que chez les femmes (80%) », précise le rapport.

La vulnérabilité dans l’emploi n’a pas été écartée par cette étude. Le taux d’emploi vulnérable mesure le nombre de personnes travaillant dans des conditions relativement précaires du fait de leur situation dans l’emploi. Les emplois vulnérables concernent le travail familial non rémunéré et le travail indépendant (employés travaillant pour leurs propres comptes). Près de 8 jeunes sur 10 (78%) qui travaillent sont dans des emplois vulnérables dont 89% sont issus de la campagne et 56% dans les villes, indique l’étude.

« Le Burkina Faso, bien qu’il soit un pays dont environ 80% de sa population vit des activités agricoles, connaît pourtant des problèmes récurrents d’insécurité alimentaire. Notre enquête a montré que plus d’un tiers des jeunes (37%) estiment que leurs besoins alimentaires ne sont pas couverts », peut-on lire dans le document de 58 pages. Des avis des jeunes interrogés, plusieurs raisons peuvent expliquer cette non couverture des besoins. En premier lieu, vient la pauvreté (39%), puis les mauvaises récoltes (18%) et enfin, les aléas climatiques (16%).

En matière de formation, plus d’un quart de jeunes enquêtés (27%) ont bénéficié d’une formation technique ou professionnelle. Ceux qui n’ont pas bénéficié d’une formation professionnelle souhaitent prioritairement être formés dans les domaines de l’agriculture, l’élevage, la mécanique et la couture. « L’offre de formation professionnelle dans ces domaines suscités reste pourtant faible à l’échelle nationale », souligne le rapport.

S’agissant de la mobilité des jeunes, l’étude montre que deux tiers des jeunes ruraux (68%) résident dans leur lieu de naissance. « En effet, il est très probable dans le contexte actuel qu’un jeune rural ne soit pas natif de la localité. Même s’il n’en est pas natif, il vient soit d’un autre milieu rural (18%) soit de la Côte d’Ivoire (6%) », renchérit l’enquête. De la même manière, 45% des jeunes urbains sont natifs de leur lieu de résidence. Pour ceux qui ne le sont pas, le rapport indique que 27% viennent du milieu rural (exode rural).

En ce qui concerne la migration étrangère, à en croire les statistiques, la grande majorité (70%) des enquêtés connaît au moins une personne ayant migré. Bien qu’ils soient aussi très nombreux à comprendre les migrants (81% pensent que les jeunes qui ont migré ont raison), les jeunes sont paradoxalement hésitants à tenter une aventure étrangère.

Il faut rappeler que lors de la présentation de ce rapport aux hommes de médias, les responsables de l’ODJ ont affirmé que « cette étude vise indubitablement à apporter un éclairage manifeste sur l’état des lieux des conditions de vie des jeunes afin de disposer d’un argumentaire solide pour conduire des actions d’interpellation des gouvernants, de revendications et d’entreprendre des actions appropriées en faveur de la jeunesse burkinabè ».

Une synthèse de Cryspin Masneang Laoundiki

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Source: LeFaso.net