Le capitaine Ibrahim Traoré réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué à redresser le pays ? Le conseil d’information et de suivi des actions du gouvernement (CISAG) espère que les nouvelles autorités tireront les leçons de l’échec du MPSR I car « huit mois après le renversement du régime MPP par les militaires, nous sommes à nouveau descendus au pied de la colline ». Les premiers responsables du mouvement étaient face à la presse, ce vendredi 2 décembre 2022 à Ouagadougou.

Les pratiques de copinage dans la gestion du bien public nous ont conduits hélas à faire le constat amer que nous avons encore du chemin à parcourir. La réinvention du Burkinabè nouveau, telle que nous l’appelons de tous nos vœux, est une entreprise certes difficile mais pas impossible », a déclaré Issiaka Ouédraogo à la lecture de la déclaration liminaire.

Pour lui et ses camarades, la situation sécuritaire ne s’est pas améliorée depuis la prise du pouvoir par le capitaine Ibrahim Traoré. « Des zones, qui jusqu’à présent n’avaient pas fait l’objet d’attaques, sont victimes d’attaques. Il n’y a pas d’amélioration sur le terrain. Nous nous basons sur les résultats du terrain pour nous prononcer. Le capitaine a donné six mois pour apporter une amélioration. C’est peut être tôt de faire un bilan mais le bilan que l’on peut faire est que nous sommes descendus au bas de la colline », pense le président du CISAG.

Lors d’uneaudience avec l’ambassadeur de France au Burkina le 29 novembre 2022, le Premier ministre burkinabè a demandé à la France, selon un compte-rendu de la Primature, d’apporter un appui aux Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) à travers une fourniture d’armes et de munitions et la prise en charge financière des combattants. Le CISAG dit n’avoir pas apprécié la tenue de cette audience. Pour le mouvement, Appolinaire Kyelem aurait dû tenir un langage de vérité au diplomate en demandant à la France de revoir sa copie en matière de lutte contre le terrorisme.

Issiaka Ouédraogo, président du CISAG

« Les Burkinabè doivent prendre en main leur destin et nous devons nous préparer à cela. Ce que nous dénonçons, c’est le refus de la France de nous appuyer de manière sincère dans cette lutte contre le terrorisme. Les occidentaux n’ont rien fait pour arrêter le terrorisme depuis la déstabilisation de la Libye. Il faut revoir les accords militaires, car il y a trop de non dits », pense Issiaka Ouédraogo.

Répondant à une question sur les velléités de déstabilisation de la transition, le président du CISAG a salué la volonté du président du Faso de privilégier le dialogue. Mais, s’interroge Issiaka Ouédraogo, “est-ce une décision de sage ou un choix qui s’impose au président ? S’il est vrai que des gens ont voulu faire un coup d’Etat, nous pensons qu’il faut les arrêter car ils veulent arrêter un processus auquel nous adhérons. C’est bien de privilégier le dialogue, mais nous ne sommes pas rassurés. Qu’on nous dise qui sont ces personnes qui ont voulu faire le coup d’Etat ?”, lance le président du CISAG.

Notons également que lors de cette conférence de presse, Issiaka Ouédraogo et ses camarades ne sont pas allés avec du dos de la cuillère pour exprimer leur mécontentement pour certaines déclarations du Premier ministre, Appolinaire Kyélem, qui relèvent, selon eux, de « l’amateurisme ». Ils en veulent notamment pour preuve, l’annonce d’une probable réduction du coût du carburant dès la nomination du chef du gouvernement.

« Tous ces tâtonnements n’ont sans doute pas été étrangers dans la faible mobilisation constatée au début du processus d’enrôlement des 50 000 VDP (…) Nous conseillons donc humblement au Premier ministre de se ressaisir. Car le Burkina Faso a besoin d’un rassembleur et non d’un polémiste, encore moins d’un diviseur. Certes, tout est urgent dans le pays, mais attention à ne surtout pas confondre vitesse et précipitation », conseille le CISAG.

Fredo Bassolé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net