Dans la nuit du mercredi 6 septembre 2023, la guérisseuse de Komsilga Amsétou Nikiéma écopait d’une peine de trois ans d’emprisonnement et la somme d’un million FCFA, le tout avec sursis. Une décision qui lui permettait de rejoindre son site sis à Rakissé pour poursuivre l’activité pour laquelle elle est réputée : soigner les malades. Une équipe de Lefaso.net s’est déportée sur les lieux ce lundi 11 septembre 2023 pour faire le constat, cinq jours après le verdict. Tous ceux à qui nous nous sommes adressés sont restés muets comme une alose. Personne, personne n’a voulu dire le moindre mot.

Dans une vidéo réalisée le vendredi 8 septembre, Amsétou Nikiéma, recouverte de la tête par un voile et une robe bleue bariolée de jaune, remerciait toutes les personnes qui avaient contribué à ce qu’elle puisse renouer le contact avec ses patients. Eux qui, durant notre passage sur le site le 2 août, n’avaient qu’une seule prière au bout des lèvres : que leur sauveur soit libre pour qu’ils puissent recouvrer la santé.

Sur les lieux ce lundi 11 septembre, le site était le même que celui que nous laissions derrière nous il y a un mois. Chacun vaquait à ses occupations et aucun signe ne montrait une quelconque singularité, annonçant que la maîtresse des lieux était de retour. A la réception, notre guide d’autrefois, Zakaria Nana.

Après s’être prêté aux salutations d’usage, ce dernier nous informe qu’Adja est bel et bien de retour, mais qu’elle était en déplacement. A la question de savoir avec qui pouvions nous nous entretenir pour accomplir notre tâche du jour, celui-ci nous redirigera vers la cour du géniteur de la concernée située côté est de l’entrée du site, tout en n’omettant pas de nous préciser ceci : « Avant vous, nous avons reçu des journalistes, mais nous n’avons pas voulu parler à chaud. Nous leur avons dit que nous les réunirons tous au même moment pour parler une bonne fois. On comprend que vous soyez à la recherche de l’information, mais pour l’instant on ne peut pas parler. »

Une fois dans la cour de son père, nous sommes accueillis par quatre femmes. A la question de savoir si on pouvait rencontrer le sieur Nikiéma, l’une d’elle nous répondra en ces termes. « Il n’est pas là. » Lorsque nous battions en retraite, un jeune homme s’est approché de nous pour savoir si on avait eu gain de cause. Nous lui répondrons par la négative tout en essayant de faire la conversation et nous enquérir des nouvelles du site. Mais sans détour, celui-ci nous répondra qu’il ne pouvait pas nous dire le moindre mot. « Avec la situation qui s’est passée là, moi-même j’ai peur » nous dira t-il avant d’enfourcher sa motocyclette pour poursuivre son chemin.

Après lui, plusieurs personnes furent accostées par notre equipe. Nous avons tenté vainement de leur tirer quelques vers du nez, mais partout où nous nous sommes rendus, le même refrain nous a été servi : « on ne peut pas parler. » De notre côté, la journée aura été courte. Arrivés sur les lieux autour de 11h15, c’est aux environs de de 12h30 que nous quitterons le site sans avoir eu une quelconque réaction, quant à l’état du site après le retour de la tant attendue, Adja Amsétou Nikiéma.

Erwan Compaoré

Lefaso.net

Source: LeFaso.net