La bêtise de septembre 2015 a laissé des traces qui collent à la peau des chefs militaires. Convoqués une première, puis une deuxième fois par le juge militaire, les hauts gradés des Forces de défense et de sécurité semblent faire un front commun de refus. Ils ne se présentent pas. Depuis, les supputations vont bon train. Elle a beau être muette, son silence est lourd et fait beaucoup de bruit. Quelle sera l’issue de cette situation délicate qui met mal à l’aise le juge militaire, le chef suprême des armées, la haute hiérarchie des Forces de défense et de sécurité ?

Convoqués par les juges militaires la semaine dernière, sans succès, les hauts gradés étaient une fois de plus attendus ce 27 avril 2016. Si pour la première fois, il nous est revenu que c’est le juge militaire lui-même qui avait annulé sa convocation, le fait qu’il ait reconduit sa demande laisse perplexe plus d’un. Pourquoi annuler pour relancer quelques jours après ?

En tout cas, comme s’ils s’étaient passés le mot, ni le Chef d’Etat-major général des armées, le Général Pingrenooma Zagré, ni le Chef d’Etat-major de la gendarmerie nationale, Tuandaba Coulibaly, encore moins le directeur général de la Police nationale, le commissaire Lazare Tarpaga et quelques autres officiers supérieurs, n’ont daigné se présenter au tribunal militaire.

Le coup d’Etat du 15 septembre 2015 n’a certainement pas fini de dévoiler ses secrets. Et ce ne sont pas seulement les célèbres détenus de la maison d’arrêt et de correction des armées qui peuvent renseigner le juge militaire. Ils se considèrent comme ‘’co-responsables ‘’. Accusée par certains pour sa relative passivité aux premières heures du putsch, les chefs militaires, à tort ou à raison, sont accusés d’avoir été de connivence avec le général félon et sa horde.

Sur cette base, on ne pourra pas leur en tenir rigueur, puisqu’ils ont eu le temps de se rattraper, même si ce sont les jeunes officiers, « les boys » de Kafando, qui leur ont montré la voie, les forçant pratiquement à la suivre.

Depuis sa cellule, Golf aurait-il fait de ‘’grandes révélations” qui accablent ses frères d’armes ? Veut-il les enfoncer, les entraîner avec lui dans sa chute, pour avoir refusé de le suivre dans sa tentative de putsch ? On se rappelle que dès les premières heures du coup de force, le Gal. Gilbert Diendéré avait affirmé avoir le soutien des chefs militaires ; ce que certains officiers avaient démenti. ‘’Il veut juste semer le doute dans les rangs et avoir du temps” s’était-on exclamé. Disait-il vrai ? Le refus des chefs militaires serait-il un geste de dépit, de colère face à ce qu’ils considèrent comme des accusations injustes ou un zèle débordant du juge d’instruction ?

En tout cas, comme le dirait un proverbe Gulmantché, tant que tu n’as pas l’occasion de parler, de t’expliquer, tu ne peux avoir raison. Pour mettre fin à la situation délétère sujette à toutes les supputations, la haute hiérarchie devrait prendre ses responsabilités. Golf lui-même, même si c’était tard pour l’absoudre, avait eu le courage de reconnaître sa campagne malheureuse et avait dit se mettre à la disposition de la justice. Ceux qu’on veut entendre ne doivent pas se dérober, si les procédures sont respectées.Ce serait un exemple donné à la troupe, comme quoi personne n’est au-dessus de la loi. Et s’ils n’ont rien à se reprocher, ils en sortiraient plus que grandis.

Ce jeu de cache-cache, ne rassure personne. « S’il y avait du rififi au sein de l’armée, je ne serai pas là sur votre plateau. Je serai entrain de résoudre d’abord ce problème”, avait dit le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré lors de l’émission « Dialogue citoyen » du 26 avril. C’est le souhait de tous les Burkinabè, qu’il n’y ait pas du rififi au sein de l’armée ! Mais en attendant, il faut en finir avec cette histoire de putsch qui se présente comme une équation à plusieurs inconnues et commence à gangrener l’atmosphère sociale nationale.

Le président du Faso, chef suprême des armées, va-t-il intervenir pour sonner le glas d’une situation malheureuse dont il a héritée ? C’est ce que l’on souhaite vivement !

Tiga Cheick Sawadogo (tigacheick@hotmail.fr)

Lefaso.net

Source: LeFaso.net