Interpellé par le député N’Goumion Bernard Somé, le ministre de la santé était devant l’Assemblée nationale le 27 mars 2017 pour faire le point sur la situation des maladies cardio-vasculaires au Burkina. Une situation alarmante selon le Pr Nicolas Médah qui met en garde contre certaines habitudes alimetaires comme la sédentarité, le porc au four et le « pouré » (abâts). Nous vous proposons l’intégralité de son intervention..

Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,

Honorables députés,

Mesdames et messieurs

Je voudrais au nom du département de la santé vous remercier de l’intérêt que vous accordez à la grande problématique de la montée en puissance des maladies cardio-vasculaires dans notre pays. Au travers d’un questionnement pertinent, l’Honorable Député passe en revue des aspects très importants, auxquels j’apporte les réponses suivantes :

1. De la situation des maladies cardiovasculaires dans le reste du pays ?

Les maladies cardiovasculaires représentent un fardeau de plus en plus lourd sur la santé mondiale et nationale, du fait, entre autres, des changements actuels en termes de mode de vie.

Aujourd’hui, on estime qu’un tiers des décès dans le monde est dû aux maladies qui affectent le cœur et les vaisseaux sanguins, surtout dans leurs complications d’hémiplégies (paralysies de l’hémicorps) et d’accident vasculo-cérébral (AVC).

Selon les résultats de l’enquête STEPs (enquête par lots de villages et de ménages) réalisée au Burkina en 2013, la prévalence globale de l’Hypertension artérielle (HTA) au sein de la population de 25 à 64 ans était de 17,6 % soit 865 638 personnes hypertendues. Cette prévalence augmente avec l’âge de façon globale dans les 2 sexes. Elle est de 24,8% en milieu urbain soit 304 941 cas et de 14,8% en milieu rural soit 545 942 cas.

Les régions les plus concernées sont la région du Centre avec 32,7% soit 264 277 personnes, suivie de la région des Hauts-Bassins avec 24,7% soit 141 175 personnes et la région de l’Est avec 20,8% soit 86 348 personnes.

Dans notre pays, la proportion des sujets de 40 à 64 ans ayant un risque de survenue d’un évènement cardiovasculaire fatal ou non dans les 10 prochaines années était de 7,8 % en 2013 soit 383 637 personnes.



2. Des éléments explicatifs de la récurrence ces dernières années des pathologies cardio-vasculaires, quand on sait qu’elles existaient à peine dans les décennies passées ?


L’évolution des modes de vie et la transition nutritionnelle favorisent l’exposition des populations aux facteurs de risque et l’éclosion de ces maladies cardiovasculaires.

Les facteurs tels que la mauvaise alimentation (certaines graisses alimentaires présentes dans les produits laitiers, la viande et les huiles hydrogénées et certaines margarines), le manque d’activité physique (la sédentarité), et surtout la consommation de tabac ont tendance à s’accumuler avec le temps et à augmenter le risque global de développer des maladies cardiovasculaires.

L’âge, le surpoids, l’obésité, le diabète, la consommation abusive d’alcool, la non consommation ou la faible consommation de fruits et légumes, une alimentation riche en sel et en graisses, sont les principaux facteurs de risque pour l’hypertension.



3. De ce que fait le ministère de la santé pour prévenir ces maladies ?


3.4.

Depuis 2013 le ministère de la santé a mis en place un programme national de lutte contre les maladies non transmissibles qui a élaboré un plan stratégique intégré de lutte contre les maladies non transmissibles dont l’HTA et les maladies cardio-vasculaires validé en 2016.

Actuellement à travers ce programme, le ministère de la santé met en œuvre des actions de promotion de modes de vie sains tels que la pratique d’activités physiques en collaboration avec le ministère en charge du sport, les conseils nutritionnels, la lutte contre le tabagisme et la consommation à doses nocives d’alcool, la lutte contre l’obésité et la sédentarité.

La surveillance de la tension artérielle fait partie des soins primaires de base dans toutes les formations sanitaires et des examens annuels de santé pourraient être proposés dans un programme national de dépistage des maladies cardio-vasculaires.

Il faut également noter l’amélioration des plateaux techniques de nos hôpitaux, la disponibilité des médicaments antihypertenseurs et cardio-vasculaires.

En perspective, il serait séant de trouver un financement pour la mise en œuvre du plan stratégique intégré de lutte contre les maladies non transmissibles. Honorables députés vous devriez veiller à ce qu’une ligne budgétaire de lutte contre les maladies non transmissibles soit inscrite dans le budget de l’Etat.

Le ministère coordonne et encadre également les actions des ONG et Associations sur la sensibilisation et le dépistage de l’HTA et des maladies cardio-vasculaires sur l’étendue du territoire.

De ce que fait le Ministère de la santé pour prendre en charge les pathologies cardiovasculaires et cela mérite d’être à nouveau souligné, c’est avant tout la prévention des facteurs de risque et la promotion de modes de vie sains qui constituent la solution.

En effet, l’adoption de modes de vie sains peut réduire une pression artérielle élevée de même que les mesures hygiéno-diététiques telles que la diminution de l’apport en sodium (sel), en alcool et en protéines animales, la perte de poids et la pratique régulière de l’activité physique. Une augmentation des apports potassiques, des fruits et légumes, contribue à un meilleur contrôle tensionnel et à l’amélioration du pronostic cardiovasculaire.

Par ailleurs, des graisses comme celles que l’on retrouve dans les huiles de soja et de tournesol, l’huile de poisson peuvent avoir un effet bénéfique dans la diminution du risque cardio-vasculaire. Un régime riche en fruits, légumes, en fibres, en céréales complètes et poissons, une consommation limitée d’alcool, de graisses et de viande peuvent contribuer à réduire le risque de développer certaines maladies cardiovasculaires.

Dans le PNDES il est inscrit la construction d’un Institut de Cardiologie pour offrir une prise en charge spécialisée aux complications des maladies cardio-vasculaires qui tuent les burkinabè ou occasionnent des évacuations sanitaires coûteuses.

Je voudrais à toutes fins utiles rappeler à l’attention de l’Auguste assemblée que le Ministère a fait en sorte que depuis l’année 2016 chaque CHR dispose de 2 Cardiologues ce qui permet d’améliorer sensiblement la qualité de la prise en charge des affections cardio-vasculaires.

Telle est Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, Honorables Députés, la substance de la réponse que j’apporte à la pertinente question de l’Honorable Député N’GOUMMION Bernard SOME.

Je vous remercie de votre aimable attention.

Le Ministre de la santé

Professeur Nicolas MEDA
Chevalier de l’ordre national

Source: LeFaso.net