Le Traité d’amitié et de coopération (TAC) Burkina-Côte d’Ivoire fait aussi la part belle aux domaines liés à l’enseignement et à la recherche. Au 5e TAC par exemple, en juillet 2016, sur les treize accords signés, cinq ont été dédiés à ce volet. A Yamoussoukro dans le cadre du 7e, du 23 au 27 juillet 2018, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Pr Alkassoum Maïga, a fait un point global des accords et engagements et présenté quelques défis de son département en cette veille de rentrée scolaire et académique.

Lefaso.net : Monsieur le ministre, même s’il n’y a pas eu de nouveaux accords à cette session du TAC, on sait que votre département est l’un des domaines dans lesquels s’incarne également au mieux le TAC entre les deux pays. Le point des accords et engagements antérieurs vous donne-t-il satisfaction ?

Pr Alkassoum Maïga (A.M.) : Je pense que c’est parce qu’il y a eu beaucoup d’avancées dans ce domaine-là qu’il n’y a pas eu la nécessité de faire encore un accord. L’année passée, le problème qui se posait était celui des diplômes ; les élèves burkinabè qui passaient le BEPC ou le Baccalauréat (Bac) en Côte d’Ivoire, entraient avec des provisoires (attestations, ndlr) et la délivrance des diplômes prenaient beaucoup de temps.

Alors, l’année passée, on avait donc pris un engagement de faire en sorte qu’il y ait beaucoup plus de diligence dans la délivrance des diplômes. Les experts ont fait le point et on s’est rendu compte qu’on était effectivement au-dessus de 92% de délivrance des diplômes ; ce qui a fait qu’on a tous noté, avec satisfaction, que les dispositions avaient été prises de part et d’autre, surtout par la partie ivoirienne, pour que les élèves burkinabè qui sont au niveau du Burkina, et qui ont fait leurs diplômes en Côte d’Ivoire, puissent les avoir dans les meilleurs délais.

Pour mieux améliorer le processus, il a été suggéré à la partie ivoirienne de voir si elle peut mettre en ligne, un dispositif de demande des diplômes ; ce qui va encore faciliter le processus.

Lefaso.net : D’autres horizons prospectés ?

A.M. : Par-delà cela, nous avons échangé par rapport à l’enseignement supérieur ; parce que nous avons de nombreux élèves burkinabè qui font le Bac ici et qui rentrent au Burkina. L’année passée, ils étaient plus de 3 000 et nous avons demandé à la partie ivoirienne de faire en sorte que ces élèves, qui souhaitent aller à l’Université en Côte d’Ivoire, puissent être acceptés dans les mêmes conditions que les élèves ivoiriens.

Là aussi, les échanges vont se poursuivre. Toujours, par rapport à l’enseignement supérieur (étant donné que nous avons ouvert les classes préparatoires aux grandes écoles), nous avons souhaité que les grandes écoles de la Côte d’Ivoire soient ouvertes à nos étudiants de classes préparatoires. Là également, la réflexion va se poursuivre.

Toujours dans ce domaine, on a aussi abordé la question des médecins qui veulent faire la spécialisation et comme il y a beaucoup d’offres en la matière au niveau de la Côte d’Ivoire, nous avons souhaité que la partie ivoirienne permette qu’on ait beaucoup plus de médecins burkinabè qui puissent s’inscrire ici pour leur spécialisation. Là également, nous allons échanger avec notre homologue de la Côte d’Ivoire pour voir comment on peut trouver des accords par rapport à ces différents points.

Lefaso.net : Parlant justement de formation dans les domaines spécifiques en Côte d’Ivoire et même dans le volet lié à la recherche scientifique, y-a-t-il objet à satisfaction ?

A.M. : Effectivement, ce sont tous ces points sur lesquels on doit continuer à avoir des échanges. Au niveau de la recherche, on a des chercheurs burkinabè, du CNRST (Centre national de la recherche scientifique et technologique), de l’INERA (Institut de l’environnement et de recherches agricoles), qui étaient venus en Côte d’Ivoire pour des échanges (parce que nous avons des échanges assez avancés par rapport à un certain nombre de volets de la recherche).

Donc, nous avons soumis des dossiers à l’UEMOA pour le financement, ça n’a pas encore été financé. Mais, la décision été prise de continuer les échanges et la prospection, pour qu’on puisse trouver des guichets pour le financement de ces activités de recherche.

Lefaso.net : A l’issue de cette session du TAC, et en lien avec votre département, quelles seront les priorités, surtout que la rentrée académique s’annonce à grands pas ?

A.M. : Les résultats du Bac cette année au Burkina Faso nous donnent déjà plus de 38 000 admis. L’année passée, on était à 28 000 admis. Ce qui fait 10 000 admis de plus, par rapport à l’année passée. Maintenant, ce qu’il y a, c’est que nous attendons également qu’il y ait une augmentation au niveau de la Côte d’Ivoire ; parce qu’on était à plus de 3 000. On s’attend donc, peut-être, à 4 000, voire 5 000.

Ça fait donc des défis énormes pour l’enseignement supérieur et c’est pourquoi avons-nous commencé à discuter avec la partie ivoirienne, pour voir si, justement, les Burkinabè peuvent s’inscrire dans les mêmes conditions que les étudiants ivoiriens. Cela va nous permettre de faire en sorte qu’un grand nombre (d’élèves ayant eu le Bac en Côte d’Ivoire, ndlr) puissent y rester et maintenant, on va voir comment on peut accompagner le processus.

Entretien réalisé par Oumar L. Ouédraogo

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Source: LeFaso.net