Au cours d’une conférence de presse qu’elle a animée ce lundi 29 avril 2019 à Ouagadougou sur la situation nationale, l’Alliance des formations et partis politiques de la majorité présidentielle (APMP) a aussi braqué les projecteurs sur la fronde sociale qui prévaut au Burkina.

« Il y a une caractéristique du mouvement syndical burkinabè ; c’est l’un des mouvements les plus teigneux, les plus durs, les plus difficiles. Moi, je ne dirai même pas de la sous-région, mais dans le monde entier. Citez-moi un régime qui n’a pas eu maille à partir avec le mouvement syndical qui, dans sa radicalité, est prêt à tout ; s’il n’obtient pas tout et tout de suite », a exprimé le coordinateur de l’APMP, Clément Sawadogo, réagissant à une des préoccupations des journalistes. Dans cette question, il s’agissait de savoir si le gouvernement ne manque pas parfois de tact ou ne fait pas dans le dilatoire ou l’arrogance dans les négociations avec ses partenaires sociaux.

« Ce régime-là (pouvoir de Roch Kaboré, ndlr) est celui qui a le plus négocié avec les syndicats… et qui leur a le plus fait de concessions », a-t-il observé, avant de déplorer le « jusqu’au-boutisme » des syndicats qui, de son avis, pose problème.

« Est-ce que cela ne suffisait pas pour qu’enfin maintenant, on se dise que vu tous les efforts faits, vu qu’on nous a appelés à une conférence (conférence sur la rémunération des agents publics, juin 2018)… rangeons-nous derrière cela pour pouvoir faire avancer notre pays. Mais non, chacun fait encore du dilatoire », titille le coordonnateur de l’APMP.

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Pour Clément Sawadogo, quand on veut donc parler de « dilatoire, il faut couper au moins la poire en deux » ; chacun faisant, selon lui, du dilatoire pour, soit ne pas aller à la conférence, soit rejeter ses conclusions. « Mais comment peut-on avancer avec ça ? », s’interroge Clément Sawadogo, par ailleurs deuxième vice-président du parti au pouvoir (MPP).

Clément Sawadogo (au micro) avec à sa droite, Anatole Bonkoungou (ODT), Issa Barry (NTD) et de l’autre côté, Toussaint Abel Coulibaly (UPR) et Jeanne Chantal Yaméogo (ADD)

« J’ai été ministre du Travail, mais je ne pense pas qu’on ait été arrogant un seul jour, vis-à-vis des syndicats. Si on avait vraiment voulu lever le ton et jouer à l’arrogance, on devait tous les jours sanctionner au moins un syndicaliste. C’était la pagaille ; puisqu’ils ne respectent même pas la loi ! (…). Faites un sondage et vous verrez qu’à 90%, l’opinion publique, les Burkinabè sont outragés par ce que les syndicats font. Personne ne comprend cela », se convainc Clément Sawadogo, pour qui, on ne peut continuer dans ce sens.

C’est au regard de cette atmosphère qu’il pense également que la loi régissant les grèves au Burkina doit être réélue (car dépassée). Pour lui, au-delà même des lois, il faut que chaque citoyen soit déterminé à faire avancer son pays et non rester claustré derrière ses propres intérêts égoïstes.

Clément Sawadogo est conforté dans ses propos par Toussaint Abel Coulibaly, président de l’UPR. « Si l’on juxtapose le caractère des Burkinabè que nous sommes, le caractère dominant est l’égoïsme et, dans une moindre mesure, l’hypocrisie. L’égoïsme engendre beaucoup d’autres défauts. Tant que je ne suis pas concerné, l’intérêt général tant qu’il ne prend pas en compte mon intérêt particulier, je ne marche pas », a, en substance, exprimé l’ancien ministre de l’Aménagement du territoire et de la décentralisation.

Pour Toussaint Abel Coulibaly, « quand cet égoïsme-là est porté par les politiques ou des leaders, ça envenime davantage la situation ». Il requiert donc à chacun de se poser la question de savoir s’il est, oui ou non, égoïste. Car, de son avis, tout ce qui se vit (dans la circulation ou ailleurs) a pour fil conducteur, l’égoïsme.

O.L.O

Lefaso.net

Source: LeFaso.net