Le groupe de la Banque mondiale, à travers la Société financière internationale, a réalisé une étude-diagnostic du secteur privé burkinabè. Les résultats de cette étude ont été mis en lumière le mardi 29 octobre 2019, devant les premières autorités des ministères de l’Economie, de l’Energie, du Développement de l’économie numérique, mais aussi des premiers responsables de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso.

Les investissements privés au Burkina Faso restent faibles malgré la croissance robuste et soutenue au cours des vingt dernières années. C’est la principale conclusion de ce diagnostic dont les résultats, consignés dans un rapport, ont fait l’objet d’un exposé, le mardi 29 octobre 2019 devant les ministres de l’Economie, Lassané Kaboré ; de l’Energie, Bachir Ouédraogo ; du Développement de l’économie numérique, Hadja Ouattara ; et des acteurs de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso. Selon le rapport, les structures de l’économie sont restées pratiquement inchangées : toujours une forte dominance de l’agriculture de subsistance.


Présenté par Volker Treichel, économiste régional de la Société financière internationale, le rapport a fait état de la pénurie des ressources publiques qui empêche le secteur privé de jouer son rôle dans le développement économique du pays et des mécanismes d’utilisation de ces ressources publiques pour canaliser les investissements privés.

Malgré la croissance économique robuste et soutenue au cours des vingt dernières années (environ 6% l’an) tirée par l’exportation du coton et de l’or, les investissements privés restent faibles au Burkina Faso et ne représentent que 13% du PIB, soit à peine 1,5 milliard de dollars par an. Le rapport tire la conclusion que la faiblesse des investissements privés semble provenir d’un manque de possibilités d’investissements, inhérent au sous-développement du secteur privé du Burkina Faso.


En parallèle, la population burkinabè augmente de près de 3% par an alors que le pays ne crée pas suffisamment d’emplois pour absorber sa population supplémentaire ; conséquence, une inactivité généralisée, qui concerne plus du tiers de la population en âge de travailler. Le rapport ajoute le constat amer que l’emploi au Burkina Faso ne permet pas de sortir de la pauvreté, car le secteur informel est prédominant et représente 85% des emplois non-agricoles.

Le pays est donc confronté à une série de défis exacerbés par une situation sécuritaire fortement dégradée et des risques climatiques et budgétaires accrus. Il faut alors un accroissement des investissements du secteur privé, selon le rapport, venant particulièrement d’autres sources de croissance que l’exploitation aurifère et cotonnière, pour soutenir la croissance.


En revanche, le rapport relève qu’en dépit de ces défis et des risques sécuritaires, l’économie burkinabè montre des signes de résilience et l’investissement persiste. En effet, la croissance reste positive, avec un taux de croissance annuel moyen du PIB réel qui devrait avoisiner 6 % à moyen terme. Le Burkina Faso dispose, en outre, de l’un des meilleurs cadres de gouvernance de l’Afrique. Plus précisément, des indicateurs internationaux convergents montrent que la corruption est beaucoup moins répandue au Burkina Faso que chez ses voisins côtiers.

Le pays dispose aussi de possibilités considérables pour diversifier ses chaînes de valeur agricoles au-delà du coton, grâce à des conditions naturelles favorables et des avantages comparatifs dans le domaine de certaines céréales, les fruits et noix, les oléagineux ainsi que l’élevage.


Il est alors établi, pour le ministre de l’Economie, Lassané Kaboré, qu’au-delà des difficultés, il y a beaucoup d’opportunités au Burkina Faso. Des secteurs ont été cités et peuvent permettre à l’économie de pouvoir être beaucoup plus résiliente et le gouvernement burkinabè s’y attèle. Plusieurs mesures ont été prises par le gouvernement, selon lui, dont la mise en place d’institutions pour booster le financement du secteur agricole, le financement des PME/PMI et des entreprises naissantes.

Du côté de l’énergie, le ministre Bachir Ouédraogo déclare que le gouvernement compte réduire le coût de l’énergie de moitié par le solaire, et augmenter son accessibilité grâce à la combinaison gaz-solaire (le LNG, ndlr). L’insuffisance énergétique a été évoquée par le rapport, comme étant l’un des facteurs limitant le développement du secteur privé.

Réagissant aux recommandations du rapport, le ministre de l’Economie annonce la mise en place d’un comité, avec le bureau de la Société financière internationale, pour permettre un meilleur suivi de ce qui a été proposé dans le document.

Madame Ronce-Amoni Ogunsulire, représentante régionale de la société financière internationale

En effet, le rapport rappelle que dans les cinq années à venir, il sera essentiel pour le Burkina Faso de s’attaquer en priorité à certain nombre de goulots d’étranglement s’il veut développer et mobiliser son secteur privé pour renforcer sa résilience économique, notamment dans l’agriculture où le pays dispose d’un avantage comparatif. Il recommande ensuite l’exploitation des secteurs catalyseurs tels que les TIC et les chaînes de valeur minière, pour stimuler l’agriculture et développer les infrastructures et enfin de saisir les opportunités régionales pour tirer profit de l’intégration économique.

Du côté des officiels, il y avait Ronke-Amoni Ogunsulire, représentante régionale de la Société financière internationale ; Cheick Kanté, représentant résident de la Banque mondiale ; Doudou Doumbia, vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie ; et le directeur général de la Maison de l’entreprise, Lancina Ki.

Etienne Lankoandé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net