Dans le cadre de ses actions dans la protection et les droits de l’enfant au Burkina Faso, l’ONG Educo (Fundacion y cooperacion) a réalisé, en 2018, une étude dans les zones péri-urbaines de Ouagadougou, afin de voir la perception des enfants, des familles et des acteurs sur les violences faites aux enfants. La validation et la diffusion de ce rapport ont eu lieu au cours d’un atelier tenu ce mercredi 30 octobre 2019 à Ouagadougou.

« 34,6% des enfants au Burkina Faso pensent qu’ils ne sont pas protégés contre les violences et 75% pensent que les filles subissent plus de violences que les garçons ». Ce sont quelques résultats du rapport réalisé sur les violences faites aux enfants, présenté par le point focal d’Educo, Moumouni Kéré. Un rapport qui a permis, dit-il, de démontrer que la violence est un phénomène global dans notre pays mais qui se manifeste de différentes façons : les violences physiques, morales, sexuelles ; les guerres, etc. Outre cet aspect, le rapport a montré que 76,8% des enfants reconnaissent que les causes de ces violences sont dues à la pauvreté des parents et 52% les attribuent au manque de maîtrise de soi, indique Moumouni Kéré.

Les acteurs du domaine de la protection de l’enfant réunis pour valider le rapport sur l’analyse situationnelle des droits de l’enfant des zones péri-urbaines de Ouagadougou

Pourtant, informe M. Kéré, le bienfait subjectif des enfants est intimement lié à leur niveau de perception des risques et à la sécurité dans leur environnement. « Et de façon générale, explique-t-il, les enfants ont le sentiment qu’une part de leur environnement n’est pas sure et ils désirent plutôt des espaces virtuels, les rues, les endroits comportant plus de risques que leurs cellules familiales. Et seuls 18 % des enfants pensent que les politiciens et les hommes qui les gouvernent les protègent contre les violences ». Ces résultats révèlent qu’il y a toujours beaucoup de défis à relever dans le cadre de la protection et des droits de l’enfant au Burkina, a déduit Moumouni Kéré.

Bénéwendé Ouédraogo, Coordonnateur de programme à EDUCO

Le coordonnateur de programmes d’Educo, Bénéwendé Ouédraogo, a rappelé que cette étude d’analyse situationnelle a été menée pour mieux voir la perception des enfants, des familles et des acteurs sur le degré, la nature, les causes et les conséquences en lien avec la violence faite aux enfants, afin de renforcer le système de protection en impliquant tous les acteurs clés du domaine.

Des efforts à consentir au niveau régional et international

Le rapport sur l’analyse situationnelle a reçu l’assentiment des autorités du domaine. Selon le directeur général de la famille et de l’enfant, Soumaila Sako, c’est un document qui va permettre d’identifier les problèmes en matière de protection des enfants des zones péri-urbaines, ce qui aidera à dresser leurs besoins. « Et en tant que ministère en charge de la question, nous ne pourrons qu’être content, parce que cela a permis de connaître l’opinion qu’ont les enfants par rapport à leur protection. Une chose qui nous interpelle tous et nous montre que des efforts doivent être encore faits avec un accent particulier dans les zones péri-urbaines », assure Soumaila Sako.

Soumaila Sako, DG de la famille et de l’enfant

Et de souligner que l’environnement juridique en matière de protection d’enfant est bien balisé au Burkina Faso car en matière d’appui, il y a beaucoup de choses qui sont déroulées en faveur des enfants. Cela est visible dans plusieurs domaines comme le taux de scolarisation qui est à plus de 95% et 50% au niveau post-primaire, a affirmé le directeur général de la famille et de l’enfant.

Il a précisé que les difficultés rencontrées dans la protection de l’enfant au Burkina Faso se trouvent au niveau de l’environnement régional et international où il y a encore beaucoup de défis à réaliser comme l’insécurité, la criminalité transfrontalière, les nombreuses guerres, etc. qui font que l’on pense que rien n’est fait, alors que beaucoup de choses sont faites.

Yvette Zongo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net