Alors que l’on observe le processus inverse avec ces nombreux jeunes qui cherchent le paradis en prenant la direction de l’Occident, lui, a embouché une autre trompette, en décidant de prendre le chemin de l’Afrique. Ainsi, après avoir tâté plusieurs pays de l’Afrique occidentale et orientale, il a décidé de s’installer « définitivement » avec sa famille au Burkina Faso. Lui, c’est l’Afro-américain et rappeur, Joseph Thomson, du nom d’artiste, “JT The Bigga Figga”. Au Burkina depuis environ trois mois maintenant, il a été rejoint par sa famille dans la nuit de samedi, 25 janvier 2020.

Tout commence en 2017, lorsqu’à la faveur d’un périple en Afrique, notamment en Afrique occidentale et orientale, Joseph Thomson, alias JT The Bigga Figga, arrive au Burkina, avec quatre autres de ses amis évoluant dans les domaines du sport, la culture, l’agro-alimentaire, etc. Au Burkina, il a des échanges avec des autorités, notamment le président du Faso. Fort de l’expérience, Joseph Thomson décide de revenir s’installer définitivement au Burkina.

« Lui-même, il vit ici depuis trois mois. Ce soir, c’est l’arrivée de sa famille ; sa femme et ses enfants », explique un membre du dispositif d’accueil, dans lequel on aperçoit la star du rap burkinabè, Smarty.

Expressions de joie et de fierté

C’est dans une belle ambiance qu’apparaissent au hall d’accueil, autour de 23 h15, Joseph Thomson et sa famille (son épouse et cinq enfants). L’expression de joie et de fierté retentit, les visages larges de sourire. « Welcome to Ouagadougou, Burkina Faso (en français : bienvenus à Ouagadougou, Burkina Faso) », lance-t-il.

« Je suis actuellement très content d’être là, ma famille et moi. Nous avons trouvé le paradis ici à Ouagadougou », a-t-il lâché dès sa sortie de la zone de contrôle, son benjamin entre les bras.

Acte anodin, cela aurait pu l’être, n’eût été également le climat d’insécurité qui rythme la vie au quotidien du Pays des hommes intègres. A telle enseigne que la représentation diplomatique des Etats-Unis au Burkina a rapatrié les enfants de son personnel « par mesure de prudence ».

Alors pourquoi le choix du Burkina ? « Nous avons choisi de nous installer au Burkina Faso, parce que nous avons trouvé sa population très accueillante et nous sommes venus dans le cadre du programme de la Fondation BO sur la diaspora qui vise l’intégration socio-profesionnelle des Afro-américains au Burkina Faso. (…). C’est vrai que les jeunes Africains cherchent à aller aux Etats-Unis, mais nous avons choisi de venir ici, parce que nous voulons expérimenter ce que sont l’amour, la fraternité.

J’ai pu voir des Africains, même dans la rue, vivre la fraternité, l’amour, la chaleur humaine. Aux Etats-Unis, c’est vrai qu’on a le luxe, les buildings et autres, mais on n’a pas cet amour-là dans la rue, quand nous marchons ; il y a la haine. Nous avons trouvé ici l’amour que nous souhaitons vivre, et ma famille et moi sommes très heureux d’être là au Burkina », magnifie JT The Bigga Figga. Et pour cette raison, même l’actualité liée à l’atmosphère sécuritaire ne peut, visiblement, constituer une limite. Mieux, il estime se sentir plus en sécurité « au Burkina ici » qu’aux Etats-Unis. « Ici, dans la rue, et même la nuit, tu te promènes à n’importe quelle heure et tu te sens en sécurité par rapport à là-bas », argue-t-il.


Pour son épouse, c’est un rêve d’enfance qui vient ainsi d’être réalisé. « Depuis petite, j’avais cette envie de venir en Afrique. Aujourd’hui, c’est un rêve devenu réalité avec la décision de mon mari de s’installer ici au Burkina », lâche-t-elle avec un sourire, aux côtés de son époux.


Une dizaine d’autres familles américaines frappent à la porte du Burkina

JT The Bigga Figga compte s’investir non seulement dans l’industrie culturelle, mais également les énergies solaires et bien d’autres secteurs vitaux du pays.

Tout cela est impulsé et facilité par la Fondation BO (Boukary Ouédraogo), qui s’est donné pour mission d’œuvrer au retour des Afro-américains en Afrique. La Fondation a, à cet effet, développé sept projets, parmi lesquels, le projet Diaspora.

« Malgré les difficultés…, il y a toujours des gens qui envient le pays. C’est un bel exemple pour notre jeunesse de savoir qu’on peut rester sur place ici et contribuer au développement de notre pays, à son propre épanouissement et à la réalisation de ses rêves », soutient Fatou Sawadogo, vice-présidente de la Fondation BO.

A l’en croire, une dizaine d’autres demandes/familles frappent à la porte du pays.


Quelques notes sur JT The Bigga Figga

Dans le domaine de la culture, JT The Bigga Figga est producteur d’artistes et de films et propriétaire d’une maison de disques basée à San Francisco, en Californie. Il est l’une des figures indépendantes les plus remarquables de la scène hip-hop de la baie. En 1991, il a fondé le label indépendant « Get Low Recordz », devenu l’une des plus performantes du domaine et est également propriétaire du label « Fillmoelanta ».

Parmi sa quarantaine d’œuvres, on retient l’album auto-libéré « Don’t Stop til We Major » en 1992 alors qu’il avait 18 ans (son entrée dans le rap). Puis, l’année suivante, son premier single, “Game Recognize Game” qui a rencontré un grand succès, conduisant même à une guerre d’enchères parmi les maisons de disques.

Le désormais ‘’Burkinabè” a également travaillé avec plusieurs autres stars américaines dont 50 Cent, Juvenile, Daz Dillinger, Kurupt, Rich Gang, G-Unit. En 2006 par exemple, il réalise avec Snoop Dogg, un documentaire intitulé Mandatory Business avant d’effectuer, 2015, une tournée mondiale.

Il compte mettre toutes ces expériences et riche répertoire au service des populations burkinabè, notamment la jeunesse.

OHL

Lefaso.net

Source: LeFaso.net