2,06 millions de personnes déplacées internes ont été enregistrées par le Secrétariat permanent du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (SP/CONASUR) au 31 mars 2023. Certains déplacés se sont retrouvés à Ouagadougou dans la capitale. C’est le cas de Aminata Tapsoba qui a fui son village natal, une localité de la région du Centre-nord pour se retrouver à Ouagadougou.

Foulard sur la tête, avec un haut fleuri et un pagne, une moitié de cola dans la bouche, Aminata Tapsoba, ramasse le sable dans le grand ravin du quartier non loti de Goundrin. La quinquagénaire est une personne victime du terrorisme. Mais elle refuse la mendicité et affronte « la vie ». Elle vit en location dans une cour avec sept autres femmes déplacées comme elle et environ 13 enfants. Elle a à sa charge cinq enfants.

« Cela fait 8 mois environ que je suis à Ouagadougou avec mes enfants. Lorsque nous sommes arrivés au début, nous étions obligés de mendier pour nous nourrir. Parce que nous avons fui notre village sans rien prendre. Quelques jours après, j’ai commencé à faire de petits boulots pour nourrir mes enfants. Aujourd’hui, je ramasse le sable avec ma dernière fille pour vendre. Je vends la charrette à 2 500 francs CFA. Je peux faire des jours sans rien vendre », a expliqué la mère de famille avec un air triste.

Elle a précisé que lorsque qu’elle vend le sable, elle court pour aller au marché pour acheter de la farine de maïs pour s’assurer que ses enfants et ceux des autres femmes aient à manger.

« La nourriture ne suffit pas. Chacun mange peu pour permettre à tout le monde de se mettre quelque chose sous la dent. Ce n’est pas du tout simple pour nous. Mais on est obligé de faire avec », a-t-elle ajouté. Madame Tapsoba garde espoir que sa situation s’améliore d’ici-là.

Aminata Tapsoba, une déplacée interne qui vend le sable

Selon ses explications, son mari serait resté dans leur localité pour lutter auprès des forces combattantes pour la libération du territoire national.

Son désir ardent actuellement c’est que sa fille puisse retourner à l’école. « Mon seul souhait actuellement c’est que ma dernière fille puisse retourner à l’école. Elle est intelligente. L’année dernière elle a eu le CEP et l’entrée en sixième. Malheureusement, à cause de la situation sécuritaire nous n’avons pas pu l’inscrire en sixième. Chaque jour, elle pleure. Elle me dit qu’elle veut reprendre ses études. Nous avons tout perdu. Je n’ai rien pour l’inscrire à l’école. C’est elle et moi qui ramassons le sable pour vendre. Avant hier, en descendant dans le trou pour ramasser le sable, un bout de bouteille a coupé son pied. Sinon elle serait avec moi ici ce matin. Je cherche quelqu’un qui peut m’aider à payer ses cours. », dit-elle avec les larmes aux yeux et une voix tremblante.

Avec la saison pluvieuse, son activité principale est la vente de sable. Parce qu’actuellement il y a du sable dans les bas-fonds et lorsqu’il pleut aux abords des voies, il est facile d’avoir le sable. Mais selon elle, elle pourrait changer d’activité après la saison pluvieuse.

Rama Diallo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net