Suite à la prise du pouvoir en 1983, Thomas Sankara a adopté une jeunesse jusqu’aux plus petits de 5 à 6 ans, un âge visiblement minimal indépassable, pour assimiler et comprendre certaines choses de l’ordre public révolutionnaire. Cette jeunesse était donc spécifique par le fait du destin hasardeux. Elle formait le Capital d’enfants de la Révolution. Ce statut, par le fait du hasard, est peut-être à considérer comme une responsabilité historique.
Ceux d’entre eux qui, comme de la terre perméable, se sont laissés pénétrer et imprégner par ce mouvement, par cette sève pour les restituer dans leur style citoyen, s’érigent en filles et fils adoptifs et Thomas Sankara, leur Père spirituel révolutionnaire. Aussi, peut-on affirmer en d’autres termes, que cette jeunesse constitua des graines que le Capitaine Thomas Sankara ensemença dans sa pépinière révolutionnaire en tant que visionnaire, pour lutter contre le dépérissement citoyen, idéologique et politique chez ses compatriotes et espérer plus tard la continuité de son idéal, à l’image de l’effet attendu du reboisement massif contre la déforestation et la désertification sous la Révolution.
Plus de trois décennies après, cette pépinière humaine a produit ses ressources, des arbustes puis des arbres, ou encore des adultes, qui sont censés donner du fruit, du bon fruit. Et l’arbre qui ne donne pas du bon fruit serait-il à couper et à « jeter dans la flamme ! » Cette parole n’est pas de moi ; elle est d’inspiration encore plus profonde…
Cette jeunesse consciente, arbres fruitiers s’est-elle un jour posé la question suivante : pourquoi a-t-on ordonné d’expertiser sur le corps du Président hors du pays, hors du continent ? Comment ce choix a-t-il été fait ?
Thomas Sankara ne pouvait prononcer aucun discours solennel, sans dénoncer et condamner avec fougue l’impérialisme, le néocolonialisme et les envoyer à la flamme tout en relevant leurs variantes subtiles et pernicieuses. Où sont-ils- passés ce discours, cette ferveur, cette flamme, et cette pensée panafricaniste anti-néo-impérialiste chez ses héritiers ? Où est-il passé ce Musée idéologique authentique chez ses héritiers ?
Il est clair, dans l’esprit de leader panafricaniste, il est aisé d’imaginer que Thomas Sankara aurait préféré un repos tranquille de son corps dans sa demeure tombale dans l’absence d’expertise à une expertise incertaine sur son corps précieux, de surcroît hors du Burkina Faso, hors du continent africain, hors de l’espace idéologique révolutionnaire, près de trois décennies après son assassinat ! C’est à la limite, dire qu’un long temps fou s’est écoulé tout en laissant loin derrière, une technologie scientifique au coma, aride et inerte en matière d’exploration génétique et technologique au pays. Même si le Burkina Faso accuse des lacunes et un retard technologique et scientifique insultants au 21ème siècle, une bonne fouille ne suffisait-elle pas à orienter vers des destinations, vraisemblablement plus avancés en techniques génétique pour ce qui concerne les pays sur le continent africain ? Ou encore, faut-il comprendre cette expertise y reste immature, défaillante, non fiable ?
Dans le dossier présent concernant l’expertise sur le corps de ce leader panafricaniste qui a toujours prôné le développement endogène à travers le concept de « consommons burkinabè », voire pan-africain, dans une situation où il n’était nullement question d’urgence de vie ou de mort, des choix pertinents demeuraient encore possibles sur la conduite de cette expertise.
Les choses étant déjà consommées cependant, on pourrait bien se poser la question de savoir, si des précautions prudentes ont été prises pour conserver l’essentiel ici au pays, avec la latitude de reprendre les choses éventuellement de façon endogène ou autonome, quel que soit le moment venu.
Ces propos relèveraient de l’impertinence si seulement, plusieurs mois après le début de l’expertise, les résultats étaient précis et concluants. Mais, il n’en est rien ! Plutôt que des résultats rassurants, voilà ce que les experts semblent nous servir, selon certains échos qui nous parviennent : l’état de dégradation des éléments génétiques présentant un intérêt, sont tel qu’il est difficile d’aboutir à certaines conclusions souhaitées.
Nous n’en disconvenons pas, mais tirant des enseignements de certaines expériences connues de beaucoup de nos concitoyens et citées comme expertises aussi, ces résultats ne peuvent que nous laisser perplexe. Ne dit-on pas que « chat échaudé a peur de l’eau froide » ?
En tant qu’historien, nous savons que les momies pharaoniques de l’Egypte antique, donc vieilles de plus de 3000 ans, arrivent à révéler bien souvent aujourd’hui, des résultats fort intéressants sous la manipulation experte d’égyptologues. Là encore, l’on nous rétorquera que les momies ont été conservées dans certaines conditions, à l’abri des intempéries…
Quoiqu’il en soit, le Capitaine Thomas Sankara demeure vivant via ses brillantes œuvres historiques et ses filles et fils spirituels idéologiques constants, fruits de sa pépinière humaine idéologique, chargés de perpétuer fidèlement son esprit, en qualité de Musées vivants régénérant.
Idrissa Diarra
Précurseur de l’Initiative pour l’érection du Site
de l’Assemblée nationale en Musée à ciel ouvert.
Politologue,
Secrétaire Exécutif du Mouvement de la Génération
Consciente du Faso (MGC/Faso)
Courriel : diarra.idrissa@rocketmail.com
Site Web : www.erigan-musee.com
04 août 2016.
Source: LeFaso.net
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