Ces derniers temps, les médecins sont confrontés à des types d’irritation des yeux qui sont rouges, larmoyants et parfois douloureux. Les yeux rouges cachés par les lunettes noires, mouchoirs à la main, nombreux sont les Ouagalais qui estiment être atteints de la conjonctivite endémique hémorragique tropicale appelée communément « Apollo », même si toute conjonctivite n’est pas forcement « Apollo ». Cette pathologie dont la contagion est très rapide suscite des inquiétudes. C’est pour en avoir le cœur net que nous avons rencontré le Professeur Nonfounikoun Méda, chef de service ophtalmologie au CHU Yalgado Ouédraogo.
Qu’est-ce que la conjonctivite hémorragique « Apollo » ?
La conjonctivite est une inflammation de la conjonctive, une membrane qui recouvre la partie antérieure de l’œil et la face profonde des paupières. Il y a plusieurs types de conjonctivites : la conjonctivite infectieuse liée à des germes tels que des bactéries, des virus et des parasites ; la conjonctivite allergique liée à une irritation de la conjonctive par une substance chimique et la conjonctivite hémorragique, plus connue sous le nom de « Apollo ».
La conjonctivite hémorragique est une variété de conjonctivite due à un virus particulier qu’on appelle entérovirus, un groupe de la même famille que celui qui est à l’origine de la poliomyélite. Ce virus a provoqué en 1969 une épidémie à Accra, au moment oùla mission Apollo 11 des américains atterrissait pour la première fois sur la lune. Le virus a fait pratiquement le tour du monde sauf en Australie et justement d’où est partie la fusée.
Les causes de la maladie
C’est une sorte d’irritation de causes diverses puisque la conjonctive qui a pratiquement la même origine que la peau, est exposée à l’air libre et s’irrite facilement. Parmi ces causes, il y a les causes traumatiques dues à la fumée, la poussière, un accident de la circulation .Les plus grandes causes sous nos cieux, sont infectieuses et dues aux bactéries, aux virus, aux parasites et aux champignons. La conjonctivite que nous remarquons actuellement en ville ces derniers temps,est similaire aux conjonctivites infectieuses. Leur mode évolutif fait plus évoquer, au cas de la conjonctivite virale car on observe l’absence de pue au niveau de l’œil. S’il s’agissait de bactéries, on allait observer beaucoup de pues dans les sécrétions. Actuellement, le potentiel de la maladie existe. Il y a eu de nombreux cas ces derniers temps.
Les symptômes de l’Apollo
Cette pathologie se caractérise par une rougeur brutale au niveau des yeux, une sensation de corps étranger (impression d’avoir des grains de sable dans les yeux), une trop sensibilité au soleil et à la lumière (photophobie) caractérisée par des larmoiements et dans les 24 heures qui suivent, la conjonctivite accélère et les yeux deviennent très rouges. Au cas où c’est l’Apollo, ces rougeurs sont de véritables flaques de sang car les vaisseaux éclatent par le fait que le virus Apollo a la particularité de faire éclater ceux-ci et ça fait très mal. La sécrétion dans cette conjonctivite est importante, abondante au point que les paupières sont souvent enflées, la sécrétion est séreuse mais pas purulente. Il y a parfois de fausses membranes qui recouvrent les yeux mais ce n’est pas du pue.
Mode de contagion
L’entérovirus a un potentiel épidémique très fort si bien qu’on peut contracter très facilement la maladie. Par exemple, quand nous sommes en contact avec un malade de l’Apollo et qu’on se frotte les yeux sans les désinfecter, on est exposé à contracter la maladie. C’est le même cas quand nous feuilletons un journal ou quand nous utilisons les mêmes objets que le malade.
Le traitement
Parfois le malade a très mal, mais la maladie évolue normalement sur une ou deux semaines et tout entre dans l’ordre sans traitement : la rougeur diminue, les démangeaisons et les larmoiements aussi. On peut utiliser le Dacryosérum pour nettoyer les yeux et aussi des calmants (anti-inflammatoire) si le malade se plaint de fortes douleurs. Jusqu’aujourd’hui, il n’y a pas de traitements curatifs pour l’Apollo, la maladie évolue naturellement et guérit. Certaines pratiques traditionnelles pour soigner la maladie (usage du citron dans les yeux, les urines, le lait maternel, l’alcool, les excréments de poulets etc.), peuvent conduire à des complications notamment à la perforation de la cornée.
Par ailleurs, une mauvaise hygiène, un état de santé précaire comme la malnutrition chez les enfants peuvent aussi favoriser une complication de la conjonctivite Apollo. En général, au bout de deux semaines, tout rentre dans l’ordre et sans séquelles. On ne peut pas agir sur le cycle évolutif de l’Apollo par contre, si une complication se présente, on peut soigner la complication.
La conduite à tenir
Il faut éviter d’être en contact avec une personne atteinte de l’Apollo car par mégarde, on peut se frotter les yeux sans se désinfecter les mains ; par conséquent, on contracte aussi la maladie. A titre d’exemple, en Europe, Apollo a certes un impact sur l’économie mais des mesures strictes sont prises pour empêcher la propagation de la maladie. Quand un agent contracte la maladie, tout le service est évacué pendant deux semaines et le service est désinfecté. Aussi, l’hygiène est très importante pour éviter d’être contaminé par Apollo. Quand on est dans un périmètre suspect, c’est-à-dire où le virus Apollo est passé, il faut toute suite se désinfecter les mains avant d’entreprendre tout contact avec les yeux.
Nicole Ouédraogo
Anaïs Moné (Stagiaire)
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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