Les formateurs aux métiers du Projet « Ecoles satellites et centres d’éducation de base non formelle » (ES/CEBNF) sont en colère. Ils en veulent au ministre de l’Education nationale et de l’alphabétisation à qui ils réclament le paiement des arriérés de salaire, d’indemnités et de droits. Et ils désirent par-dessus-tout être intégrés dans la fonction publique. Pour se faire entendre, ils ont prévu un sit-in les 6 et 7 avril 2017 à Ouagadougou. A 48 h de leur sortie, nous avons rencontré M. Inoussa Guibleweogo. Il est le secrétaire général de la section CEBNF – SNEA-B.
Lefaso.net : Vous avez prévu organiser un sit-in pour réclamer le paiement d’arriérés de salaire et de vos droits. De quoi s’agit-il ?
Le projet « Ecoles satellites et centres d’éducation de base non formelle » (ES/CEBNF) a été lancé en 1995 sous forme de projet d’alphabétisation dans les différentes langues locales. En 2005, le projet a décidé d’intégrer les métiers et de former les jeunes dans la menuiserie, la maçonnerie, la soudure, la coiffure, la plomberie, etc. Cette formation a débuté en 2005 et a pris fin le 31 décembre 2016.
En aout 2016, nous avons été convoqués par le projet pour retirer les certificats de travail mettant fin à nos contrats qui avaient été signés il y a dix ans. Après cela, ils nous ont fait appel en septembre 2016 pour signer un contrat de trois mois afin de boucler l’année civile de 2016.
Mais le contrat qui nous lie actuellement avec le ministère est un contrat verbal fait avec le ministre en janvier 2017. Celui-ci a décidé qu’on arrête le projet et qu’on regarde dans les textes pour voir dans quelles conditions intégrer les formateurs. C’est-à-dire qu’il voulait profiter des expériences de chaque technicien. C’est donc dans ce cadre que nous avons repris en janvier tout en maintenant le dialogue pour pouvoir aboutir à notre intégration.
Il faut dire que depuis la fin du projet, on n’a pas eu nos droits et indemnités de fin de projet. Il s’agit de la période allant de 2005 à 2016. En plus de cela, il y a un arrêté de 2010 qui changeait le projet d’une catégorie à une autre, c’est-à-dire de la catégorie A à la catégorie B. Il y a donc eu un changement de salaire, mais ce n’est qu’en 2012 qu’on a eu à nous mettre sur cette grille salariale. Il y a donc 19 mois de réajustement salarial et jusqu’aujourd’hui, on réclame cela sans suite.
Lefaso.net : Que dit aujourd’hui le ministre de l’Education nationale et de l’alphabétisation ?
Le coordonnateur du projet et le SNEA-B (syndicat national des enseignants africains du Burkina) sont nos porte-paroles. Ils ont rencontré le ministre qui leur a dit qu’il allait tout faire pour payer les salaires et les droits. Selon le ministre, nous travaillons comme des vacataires depuis janvier 2017.
Lefaso.net : Combien de formateurs sont dans cette situation et à combien s’élèvent les droits par personne ?
Nous sommes plus de deux cents personnes. Pour les droits, chacun devrait avoir entre 800 000 à un million de francs CFA. On en a parlé avec le syndicat qui disait avoir pris tout en compte pour en discuter avec le ministre. Malheureusement, comme ça ne marche plus entre eux, nous voulons rentrer dans la danse. Il faut donc que nous allions à la recherche des droits exacts pour ne pas avoir dans les jours à venir des difficultés à ce niveau. Il y a trois mois qu’on travaille sans salaire et on n’a pas nos reliquats depuis 2010. Si on n’a pas nos salaires, qu’on nous donne au moins nos indemnités de fin du projet et nos droits.
Lefaso.net : Aviez-vous entrepris des démarches sous le régime Compaoré ?
Sous le régime de Blaise Compaoré, nous avons entrepris des démarches pour l’intégration des formateurs dans la fonction publique puisque nous sommes des agents contractuels d’un projet alors que les centres sont des structures de l’Etat. On nous disait que c’étaient des emplois qui n’existaient pas et qu’il fallait les créer : la fonction publique n’a jamais enregistré des formateurs au métier. Il n’y a juste que les enseignants, les professeurs et autres qui sont connus. En plus donc des droits et des salaires, nous demandons l’octroi de nos plans de carrière et l’intégration des formateurs dans la fonction publique.
Lefaso.net : Avez-vous obtenu l’autorisation pour organiser le sit-in jeudi et vendredi ?
Nous avons déjà déposé auprès du ministre notre plateforme et nous attendons le mercredi (l’entretien a eu lieu lundi 03 avril 2017) pour aller prendre l’autorisation du sit-in au niveau de la mairie. Tous les formateurs dans les provinces seront à Ouagadougou pour que le sit-in puisse se tenir le jeudi et le vendredi.
Lefaso.net : Que prévoyez-vous si rien n’est fait à l’issue du sit-in ?
Si à l’issue de ce sit-in, nous n’avons pas de réponse concrète, nous allons revenir avec une autre manière de lutte. C’est inadmissible que des gens travaillent trois mois sans salaire alors qu’ils forment les enfants de ce pays.
Entretien téléphonique réalisé par
Herman Frédéric Bassolé et Yvette Zongo (Stagiaire)
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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