La cérémonie commémorative de l’an III de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, a été présidée par le Président du Faso Roch Kaboré au Panthéon des martyrs de Ouaga 2000, ce mardi 31 octobre 2017. Une troisième commémoration sans une justice réclamée par les victimes et parents des martyrs.

Déjà trois ans que le peuple burkinabè s’est insurgé contre la modification de l’article 37 de la Constitution. Une insurrection qui a occasionné une trentaine de morts et des centaines de blessés. Ce mardi 31 octobre 2017, la nation toute entière avec à sa tête, le Président du Faso, Roch Kaboré, marque une halte pour se remémorer au panthéon des martyrs à Ouaga 2000, par un dépôt de gerbe de fleurs. Par cet acte la nation rend hommage aux filles et fils, victimes, martyrs et héros nationaux qui se sont battus à mains nues pour sauver la patrie.

Rendre justice


Le retentissement de la sirène à 10h 00, la minute de silence, suivie du dépôt de gerbe au pied du Panthéon des martyrs, ont été les temps forts de cette sobre cérémonie. Contrairement aux années antérieures, pas de discours d’hommage dans lequel est cité le nom des martyrs suivi de « mort pour la patrie ». Pour le ministre en charge de l’Administration territoriale, Siméon Sawadogo, plusieurs autres activités qui ne sont pas toutes des initiatives du gouvernement viennent se greffer à la commémoration du troisième anniversaire de l’insurrection (réflexions). Depuis le 26 octobre 2017 cela a débuté avec des prières dans les mosquées, temples et églises pour la paix, la démocratie et la justice au pays des Hommes intègres.

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Franck Sia, président de l’association des bléssés de l’insurrection populaire

Une justice que Franck Sia, président de l’association des blessés de l’insurrection populaire et ses camarades attendent de pied ferme. Pour lui, le plus important n’est pas l’aide que le gouvernement tente d’apporter. « Notre première préoccupation, notre priorité, c’est la justice. Tout ce scénario visant à se souvenir de nos martyrs c’est bien. Le meilleur souvenir qu’on peut donner à nos martyrs c’est de leur rendre justice », a-t-il indiqué. Il ne comprend pas du tout pourquoi le procès traine. Surtout qu’il y a eu des balles tirées. Ces balles ont été récupérées et remises à qui de droit. Et tout le monde sait quelle unité utilise ces balles dans l’armée. A son avis, il faut aller à l’essentiel au lieu de se cacher derrière des lois et mettre hors des tribunaux les « politiciens déguisés en juge » qui ordonnent des libérations provisoires qu’il taxe de libérations « arrangées ».

Plus de soin depuis janvier 2017


Touché par une balle à la tête le 30 octobre 2014, Abdoul Wahab Sanou, ne sait plus à quel saint se vouer. Etudiant en deuxième année de Géographie à l’université Ouaga1 Pr Joseph Ki-Zerbo au moment des faits, il a subi une intervention pour avoir la vie sauve, mais a été obligé d’interrompre ses études à cause des séquelles. « Il ont opéré ma tête, mais je présente jusqu’à présent des séquelles d’aphasie (trouble de langage qui affecte la communication de la personne) et des crises épileptiques. Vu ces problèmes, j’ai suspendu mes études et jusqu’à présent l’Etat ne fait rien, si ce n’est la décoration et les 300 000 FCFA que l’Action sociale nous avait donnés », a-t-il confié.

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4 Les traces de la balle sur la tête de Abdoul Wahab Sanou

Depuis 2014 il recevait les soins gratuitement au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouedraogo. Mais depuis janvier 2017, il lui a été signifié de se prendre en charge maintenant. Sans emploi à cause de son handicap, c’est à lui et à ses parents de se débrouiller pour payer les produits qu’il doit prendre chaque soir avant de dormir.

Marcus Kouaman

Lefaso.net

Source: LeFaso.net