La communauté Efesia a organisé, ce samedi 28 juillet 2018 à Ouagadougou, la 2e édition de sa rencontre dénommée « Ensemble avec Marie ». Cette rencontre qui s’inscrit dans le cadre de la promotion du dialogue interreligieux a été placée sous le thème « Ensemble avec Marie, musulmans et chrétiens pour le dialogue : concept, enjeux et actualité ». A l’occasion, deux conférenciers (imam Alidou Ilboudo du Centre d’études, de recherches et de formation islamique, CERFI ; et le père Joseph Clochard, curé de la paroisse Saint-Jean 23 de Ouagadougou) ont été invités à la table pour décortiquer ledit thème.

Face aux participants issus des communautés musulmane et chrétienne, le père Joseph Clochard, curé de la paroisse Saint Jean XXIII, a d’abord montré qu’il est important de dialoguer entre nous, tout simplement, parce que Dieu l’a voulu ainsi. « Ce qu’il nous demande, c’est de construire un monde de paix et de justice, un monde où nous sommes les enfants d’un même Dieu. Et si nous sommes les enfants du même père, nous sommes aussi des frères », a-t-il expliqué. C’est donc pour cela que nos religions nous enseignent à vivre ensemble dans la paix afin de construire ce monde, a-t-il laissé entendre. Et à titre d’exemple, il cite Amadou Hampâté Bah, à travers ces termes : « Nous sommes dans le même bateau ou nous coulons ensemble ou nous nous nous sauvons ensemble ».

L’Imam Alidou Ilboudo du CERFI (Conférencier)

Quant à l’imam Alidou Ilboudo, du CERFI, il a souligné que « le dialogue, est un espace au cours duquel nous partageons une vision et que nous réaffirmons notre communauté de vie et de destin ». Pour dire que notre foi en Dieu ne nous empêche pas d’aller vers l’autre. Au contraire, enseigne-t-il, nous sommes tous créés par Dieu, le tout-puissant, qui est omniscient et qui, s’il le voulait, pouvait nous créer égaux mais a choisi de nous créer différents pour que ces différences soient des richesses. C’est donc en sachant, de façon intelligente, mettre en commun ces différences que nous pouvons avancer ensemble, croit-il.

Le Père Joseph Clochard, curé de la paroisse Saint Jean XXIII (Conférencier)

Pour le curé de la paroisse Saint-Jean 23, l’enjeu majeur du dialogue interreligieux de nos jours, c’est celui de la paix. Et pour avoir cette paix tant rêvée, à l’en croire, il faut d’abord et avant tout construire un monde de paix. Et pour étayer ses propos, il a pris le cas du Nord du Burkina Faso afin de montrer que si l’on veut avoir la paix dans cette zone et dans toutes les zones, il est important de commencer à construire la paix autour de nous, dans nos quartiers, dans nos familles, etc. Car, selon lui, il faut le dire, le problème du dialogue interreligieux, ce n’est pas un choc de civilisations mais un choc des ignorances. « Les gens du côté musulman comme du côté chrétien, nous nous ignorons les uns les autres. Nous pouvons vivre les uns à côté des autres sans nous connaitre », a-t-il regretté.

C’est d’ailleurs pour cela qu’il est important de se rencontrer pour comprendre l’autre et l’accepter dans sa différence sans vouloir l’assimiler à soi, a-t-il déclaré. Pour l’autre conférencier, au-delà de la question de la prévention qui doit être prise en compte, il faut également que les leaders, au plus haut sommet, se prononcent sur la question en se basant sur des textes afin de clarifier les populations et leur permettent d’aller au dialogue.

Parlant de l’impact d’une telle rencontre, le père curé a estimé qu’elle est vue comme une semence semée dans le sol en attendant qu’elle grandisse et puisse porter des fruits. Tout en expliquant que c’est donc dans l’espérance et dans la foi que la rencontre portera ses fruits. Et pour conclure, il indique que « le dialogue commence par chacun de nous, notre façon de vivre avec les autres, le dialogue, ce n’est pas des grandes conférences, c’est de nous donner en esprit pour vivre entre nous, accepter l’autre tel qui l’est sans le juger ».

Yvette Zongo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net