Dans cette lettre ouverte adressée au ministre en charge des Infrastructures, des femmes de Pissy-Sondogo appellent le ministre à se pencher sur l’état des abords de la rue de Boassa, avant que le pire ne se produise.

Monsieur le Ministre, avant tout propos, nous tenons à saluer les actions menées par votre ministère dans le processus de désenclavement des différents quartiers de la ville de Ouagadougou. C’est avec bonheur que nous avons constaté le progrès effectué dans ce sens. Soyez-en remercié.

On dit que la route du développement passe par le développement de la route. Cela est une pure réalité et ce constat, nous, habitantes aux abords de la rue dénommée « rue de Boassa », l’avons fait. Bitumée en 2008, la rue de Boassa, en plus de redynamiser le trafic, contribue à booster le commerce, réduisant ainsi le taux de chômage pour le grand bonheur de tous.


Monsieur le ministre, si cette rue joue un rôle important pour ses riverains, elle est aussi source de problèmes pour certains, notamment pour ceux qui sont entre Pissy et Sondogo. La rue de Boassa traverse une zone marécageuse sur environ une distance de 800m.

Les ingénieurs responsables de l’exécution des travaux de bitumage ont donc élevé cette portion de la rue (environ 1,45m de hauteur). Il se trouve à présent que ladite portion est plus élevée que les habitations. En rappel, l’attribution des parcelles dans la zone de Pissy-Sondogo a été faite dans le courant de l’année 2005 donc, bien avant les travaux de bitumage de la rue.

Un autre fait est que les ouvrages de franchissement prévus pour l’évacuation des eaux de pluie sont en nombre insuffisant (deux dalots unicellulaires). La rue de Boassa devient alors à ce niveau un semblant de digue, empêchant ainsi l’écoulement rapide des eaux. C’est au point où le niveau d’eau peut s’élever jusqu’à déborder la rue !


Cet état de fait n’est pas sans conséquences : les habitations sont inondées à chaque saison de pluies, des pertes matérielles sont observées à chaque inondation, les murs se fragilisent et s’écroulent de plus en plus. Les infrastructures sanitaires ne sont pas en reste.

Les latrines se rengorgent d’eau et ne sont plus fonctionnelles sur toute la période de l’hivernage. La défécation à l’air libre suit logiquement son cours. Vous conviendrez avec nous que cette situation ne contribue ni à la promotion de l’hygiène et de l’assainissement, ni à la préservation de la dignité de l’Homme.

Monsieur le ministre, 2008-2018, cela fait 10 ans que nous, habitantes de Pissy-Sondogo, faisons face aux inondations sans recevoir aucune forme de secours de la part des autorités compétentes. Nous estimons qu’il est temps pour vous de nous soulager de ce calvaire.


Monsieur le ministre, Il ne s’agit pas là d’organiser une opération de déguerpissement (ce qui est coûteux et qui entrainera à coup sûr le bouleversement de nos vies) mais d’augmenter les cellules des dalots présents afin d’optimiser l’évacuation des eaux de pluie. Nous sommes des femmes, des mères inquiètes pour la sécurité de nos enfants. N’attendez pas que le pire se produise, n’attendez pas qu’il y ait des pertes en vies humaines avant de voler à notre secours.

Dans l’attente d’une suite favorable, recevez, Monsieur le Ministre, l’expression de notre profonde gratitude. Dieu vous bénisse.



Ouagadougou, le 30 juillet 2018

Pour un groupe de femmes de Pissy-Sondogo

Wendenda C.B. COMPAORE

Porte-parole

Source: LeFaso.net