Instaurée dès l’époque coloniale, la cantine scolaire au Burkina Faso poursuit son chemin avec ses hauts et ses bas. Conçue pour être fonctionnelle dès la rentrée scolaire, cette cantine arrive généralement courant deuxième ou troisième trimestre de l’année scolaire. Face à un tel retard, devenu une habitude, les conséquences ne sont pas du reste. En marge d’une enquête sur les conditions d’accès à l’école de certains élèves, Sibiri Ouédraogo, directeur de l’école primaire publique Kossodo A de Ouagadougou, a partagé son avis sur le retard de ces cantines.
Le retard de la cantine scolaire, c’est devenu maintenant une habitude, a déclaré Sibiri Ouédraogo, directeur de l’école primaire publique Kossodo A de Ouagadougou.
A qui la faute ? En réponse à cette question, le directeur interpelle les premières autorités en ces termes : « Gouverner, c’est anticiper, c’est prévoir. Il y a des statistiques qui permettent de connaître l’évolution démographique de la ville de Ouagadougou. Si malgré tout cela, jusqu’en fin février il n’y a pas à manger, il y a une rupture de confiance qui s’installe entre les différents acteurs de la chaîne éducative. L’enfant ne crois plus à ce que son maître lui dit, le parent n’a plus confiance parce que c’est nous qui sommes sur le terrain. ».
Une anecdote. L’année passée, je causais avec un parent d’élève, et il m’a dit : « Directeur, on croyait que c’était vous qui bloquiez cela dans votre magasin et vous ne voulez pas préparer pour nous enfants ». Ils ne savent pas qu’on n’a pas eu la dotation. « Et je ne peux pas passer de cour en cour pour expliquer aux gens que c’est l’Etat qui n’a pas envoyé », se justifie-t-il.
- Le directeur de Kossodo A, Sibiri Ouédraogo, »ce canal était par le passé, un cours d’eau où on faisait du sacrifice »
L’impact sur les études…
Visiblement, il y a de quoi à se plaindre. En effet, ce retard de la cantine a un impact négatif sur les études, nous confie le directeur. « L’enfant qui n’a pas à manger, vous ne savez pas quel peut être son comportement à partir de 15h dans les classes. C’est la souffrance ! Il y a des enfants qui rentrent à 15h qui sont incapables de faire un rendement scolaire.
Sur le plan sanitaire, il peut avoir un impact négatif parce que ces enfants sont obligés, pour ceux qui ont encore les moyens, d’acheter des nourritures vendus au bord de la route avec tout le risque cela peut causer.
Moralement aussi, Idrissa Sibiri Ouédraogo, fait noter un impact négatif. Car selon lui, un enfant qui a faim est capable de voler. « Il est capable d’agresser son voisin pour lui soutirer son petit pain ». Il y a trop de risques au tour de l’absence de la cantine dans les écoles.
Au cours des échanges, le directeur de l’école primaire publique Kossodo A, a soulevé le cas de la « cantine endogène », pratiquée le plus souvent dans les milieux ruraux. Il a indiqué que dans les grands centres, « la cantine endogène devient un problème. Les parents seront prêts à remettre de l’argent que d’envoyer des vivres. Pourtant, on sait que l’argent est le nerf de la guerre ».
Pour le cas de l’école primaire publique de Kossodo, la cantine scolaire de l’année 2018-2019 a été réceptionnée le mardi 5 mars dernier. Une situation qui prouve une fois de plus que le retard de ces vivres est une réalité.
Ce mardi 12 mars 2019, le ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales (MENAPLN) organise la « Journée africaine de l’alimentation scolaire », à Nabitenga dans le Ganzourgou. En plus de rappeler l’importance de l’alimentation scolaire, cette journée doit également permettre au MENAPLN d’interroger le processus approvisionnement des cantines scolaires.
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Cryspin Masneang Laoundiki
LeFaso.net
Source: LeFaso.net
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