Acteurs majeurs lors des scrutins électoraux, les journalistes sont souvent sollicités sur le terrain de l’information. Autant ils sont courtisés et adulés par les hommes politiques, autant la population attend d’eux le professionnalisme et l’intégrité.

Ils parcourent des contrées aux côtés des candidats lors des campagnes électorales, mais aussi, sont témoins des compilations des résultats de vote jusqu’à leurs proclamations. Entre espoirs et craintes, ils délient les langues dans le micro trottoir de Lefaso.net à l’approche des élections de 2020.

Romain Beyon Nébié, journaliste, président de l’IJIP : J’invite les gens à tenir compte du contexte dans lequel les élections de 2020 se tiennent. Le Burkina Faso est frappé par les terroristes, il y a la crise sanitaire due au Covid-19, si bien que la période électorale est une période très sensible. Et, nous en tant que journalistes, nous devons avoir ça en conscience, parce que notre responsabilité sociale est engagée. Il faut faire en sorte que toutes les informations qui seront reçues, nous prenions le soin de les vérifier. La course au scoop fait que les journalistes ne prennent plus le soin de vérifier les informations, et on devient comme des citoyens qui sont sur les réseaux sociaux. Quand un journaliste publie, et après vérifie, et se rend compte que ce n’est pas vrai, même s’il supprime l’article, cela joue sur sa crédibilité.

Béyon Romain Nébié

Mes espoirs, ce sont les journalistes burkinabè. Ils sont professionnels et reconnus dans la sous-région. Je sais qu’ils vont continuer à faire prévaloir ce professionnalisme cette année afin que les élections se tiennent dans l’apaisement et la transparence.

J’attire l’attention des patrons de presse, surtout par rapport aux conditions dans lesquelles les journalistes vont travailler. On veut que les journalistes soient indépendants. Mais moi, j’ai toujours dit que l’indépendance du journaliste va de pair avec les conditions. C’est-à-dire les conditions financières : un journaliste indépendant, dans un média indépendant, mais qui travaille dans des conditions misérables n’est pas véritablement indépendant.

Donc, c’est faire en sorte que, surtout on sait que, ce n’est pas facile, avec les contraintes budgétaires qui peuvent s’imposer. Mais, il faut faire en sorte que les journalistes qui seront déployés sur le terrain pour la couverture de la campagne soient dans un minimum de conditions pour faire correctement leur travail.

Narcisse Laabli

Narcisse Laabli, Radio Tin-tua, Fada N’Gourma, région de l’Est : Actuellement, nos craintes c’est l’absence de sécurité. Dans la commune de Fada et plusieurs communes de la région de l’Est, nous avons beaucoup d’inquiétudes.

Mais pour les élections, nous allons tenter de faire la couverture. Cependant, nous attendons des autorités la mise en place des dispositifs sécuritaires pour que les gens puissent voter ; je parle de la sécurité. À l’endroit des patrons de presse, il faut la disponibilité des moyens afin que les journalistes puissent couvrir les élections.

Simon Houéssou , Radio WatFm (Ouagadougou)

Simon Houéssou, Radio Wat Fm (Ouagadougou) : Nous disons déjà merci pour ce qui se prépare au niveau de la CENI. Le Burkina Faso, contrairement à d’autres pays de la sous-région, n’a pas connu de crise électorale jusqu’à présent. Pour cette fois-ci, nous espérons que chaque Burkinabè du haut de sa position puisse contribuer au civisme, à la quiétude et contribuer à la paix.

Ma crainte c’est qu’au soir des élections, les candidats n’acceptent pas les résultats sortis des urnes. Je souhaite que les patrons de presse laissent les journalistes faire leur travail correctement. Ceci, en laissant les journalistes faire librement leur travail sans imposition aucune.

Arouna Diao

Arouna Diao, Radio Horizon Fm de Tenkodogo, (région du Centre-Est) : J’ai espoir que les élections vont se passer dans une atmosphère apaisée. Je n’ai pas de crainte ; que chacun soit calme, il faut se comprendre et savoir gérer les angoisses ; que les journalistes traitent les infos comme le disent les textes, et sur le terrain il faut faire appel à l’expérience.

Idriss Bayili

Idriss Bayili, Radio Horizon Fm (Ouagadougou) : Je souhaite que les élections se passent de façon apaisée. Je fais appel aux leaders politiques qui ont de l’expérience, qui se connaissent et qui feront du fairplay. Je crains des débordements aux dernières minutes ; je crains que les perdants veuillent semer les troubles. Je demande au patron de presse d’être sérieux et professionnels, qu’ils donnent des moyens aux journalistes, afin qu’ils fassent leur travail.

Stephan Sanou

Stephan Sanou, Savanes Médias : J’ai espoir que les acteurs impliqués dans ces élections feront excellemment leur travail, du début à la fin du processus électoral, dans le patriotisme et la sagesse. Tous les Burkinabè sont animés d’esprits de paix et de l’intérêt de la nation.

Mes craintes font référence à l’insécurité. Je me demande à quelle sauce nous serons mangés ? Sommes-nous à l’abri des attaques ? Cela m’inquiète.

En tant que journalistes, nous sommes amenés à suivre les candidats. Il faut que les patrons de presse y réfléchissent, il faut qu’ils mettent les journalistes dans les conditions financières et techniques.

Dr Jean-Claude Méda, journaliste et enseignant : J’ai espoir que ces élections soient apaisées. J’ai espoir que les autorités vont prendre les moyens pour sécuriser ces élections.

Propos recueillis par Edouard Samboé, Lefaso.net

Source: LeFaso.net