Pour donner un coup d’accélérateur à la lutte contre la guerre sans merci imposée au Burkina Faso par les groupes armés extrémistes, les autorités burkinabè ont lancé récemment un appel à l’unité nationale et à la mobilisation populaire pour appuyer l’action militaire en cours depuis le déclenchement de la crise. Faisant suite à cet appel, la Coalition Jam pour la paix et la cohésion sociale (CJPCS) a initié une rencontre ce dimanche 19 décembre 2021 à Ouagadougou, entre ses cadres et des personnes-ressources en vue d’apporter sa pierre dans la lutte contre l’extrémisme violent.
C’est dans cette dynamique que la Coalition Jam a entrepris de remobiliser ses membres pour mener des actions d’envergure sur le terrain, à travers la présente rencontre placée sous le thème : « Pour la consolidation de l’État, la prévention de la radicalisation et la victoire sur l’extrémisme violent, comment capitaliser sur les mobilisations populaires historiques des Burkinabè de la période coloniale à nos jours ? ».
« Notre association a jugé opportun de convoquer cette rencontre afin de recueillir le maximum d’idées et de fédérer les énergies pour une plus grande couverture et une efficacité prometteuses de résultats probants sur le terrain », a notifié Rugga Beleko Barry, président de la coalition CJPCS.
- Quelques participants à la rencontre de la Coalition Jam pour la paix et la cohésion sociale (CJPCS)
Des idées, il en ressortira plus d’une dans l’allocution du leader de la Coalition Jam. Il s’agit notamment du dialogue et de la sensibilisation contre la stigmatisation, de la contribution à l’assèchement des circuits d’approvisionnement et de recrutement de combattants ou de collaborateurs par les groupes extrémistes.
« Nous pouvons diffuser courageusement un contre-discours terroriste et contrer la radicalisation religieuse, en prônant la tolérance religieuse et l’amour du prochain », a signifié Rugga Beleko Barry.
- Rugga Beleko Barry, président de la coalition CJPCS.
Les autorités religieuses et coutumières présentes ont en effet formulé des bénédictions pour la réussite de cette rencontre qui a été ponctuée d’une communication sur l’appel à la mobilisation ainsi que d’ateliers sur les défis sécuritaires et les solutions attendues.
Subdivisés en plusieurs groupes, les participants, venus des quatre coins du Burkina, ont échangé sans langue de bois autour de la question sécuritaire pour un meilleur vivre ensemble entre les filles et les fils du pays.
Au cours de ces ateliers, l’un des participants a témoigné ceci : « Deux conseillers d’une commune ont fui leur localité estimant que l’insécurité s’est aggravée dans leur zone pour avoir vu des personnes se faire abattre. Pour comprendre ce qui se passait, nous avons envoyé une délégation chez le gouverneur de la région concernée qui, au départ, ne voulait pas nous recevoir. Après lui avoir exposé les faits, il nous a répondu que ce que nous avancions était faux et n’existait pas », a-t-il déploré.
L’homme propose de ce fait qu’il faudrait toucher urgemment les plus hautes autorités burkinabè pour donner un message aux gouverneurs. « Certes, parmi les Burkinabè, il y a des terroristes qu’il faut combattre. Mais combattre ne veut pas dire attraper des individus et les fusiller, on peut les emprisonner et les juger ».
Puis de conclure par cette recommandation : « Que l’autorité centrale puisse envoyer des messages forts dans le sens d’apaiser les gens, car si le remède devient pire que la maladie cela devient très compliqué ».
Un autre participant recommande de se méfier de l’apparence qui est parfois trompeuse. « J’ai vécu le cas et j’en parle avec expérience. Par exemple, nous qui sommes là en tant que société civile, vous pouvez tous avoir confiance en moi, mais en réalité ce que je fais, vous ne le savez pas. Cela, c’est de l’apparence. Nous avons vécu plusieurs cas de ce genre et lorsqu’on vous fournit les preuves, vous tombez à la renverse », a-t-il affirmé.
La pauvreté et le chômage structurel à l’origine de la radicalisation des jeunes
Après être brièvement revenu dans sa communication sur l’historique du Burkina Faso, à travers les grandes luttes qui été à l’origine de sa reconstitution en 1947 et de l’acquisition de son indépendance le 5 août 1960, Issaka Sourwema, Dawelg Naaba Boalga, ambassadeur de la paix du REFFOP-BF a relevé quelques facteurs incitatifs de la radicalisation et de l’extrémisme violent dans le pays.
- Un des groupes de discussions des ateliers sur la situation sécuritaire au Burkina Faso
Ces facteurs sur le plan politique sont, selon lui, dus à la mauvaise gouvernance, l’absence ou distance entre l’administration et les administrés, la persistance de l’impunité, de la corruption et de l’incivisme, les litiges de succession au niveau des pouvoirs traditionnels, l’implication des acteurs politiques dans le règlement des litiges de succession, la criminalité foncière dont se rendent coupables certains élus locaux.
Au niveau économique, il ressortira qu’un large consensus révèle que la radicalisation des jeunes provient du fait de la pauvreté et du chômage structurel. « Le manque d’emploi et l’absence de perspectives mettent particulièrement les jeunes dans une situation de vulnérabilité face à des alternatives plus attractives offertes par les groupes extrémistes. C’est le cas particulièrement des jeunes talibés qui, dans un sentiment d’abandon, peuvent insidieusement ou par attraction, basculer dans un processus de radicalisation », a souligné Issaka Sourwema.
Ce cadre d’échanges a permis notamment de faire l’état des lieux de la situation sécuritaire dans les différentes régions du pays, de donner une compréhension plus claire des attentes liées aux appels lancés, d’identifier les actions urgentes à mener dans les différentes régions et les pistes de mobilisation des populations.
Au terme de ladite rencontre, les résultats attendus sont, entre autres, l’adhésion des leaders d’opinion et des populations aux appels lancés par les autorités nationales, le renforcement de la cohésion nationale et la mobilisation populaire dans la lutte contre la violence extrémiste et le terrorisme.
A cela s’ajoute l’émergence d’initiatives populaires pour la lutte contre le terrorisme et le renforcement de la confiance entre les populations et leurs gouvernants.
« Il n’est plus besoin aujourd’hui de pleurnicher sur ce qui nous arrive encore moins de tergiverser sur qui doit faire quoi ou qui n’a pas fait quoi. Il est plutôt urgent d’agir dans la complémentarité pour permettre à notre Nation de retrouver sa quiétude d’antan où les différentes communautés qui la composent vivaient dans une parfaite symbiose », a indiqué Rugga Beleko Barry
Hamed NANEMA
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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