Gendarme à la retraite (lieutenant-colonel), Grégoire Kambou a fait sa déposition ce mardi 4 janvier 2022 devant le tribunal militaire, par la lecture par le greffe, de son procès-verbal de comparution devant le juge d’instruction.

Le témoin était de la division informations des Armées, dont il était l’adjoint (il avait pour chef Gilbert Diendéré), à l’époque des faits. Il fut aussi chef du cabinet civil de Thomas Sankara.

Grégoire Kambou explique que c’est de son bureau sis à quelques encablures Est du conseil de l’Entente, qu’il entendra les tirs en cet après-midi de jeudi. Il décide de se diriger vers les lieux, mais croise Tibo Ouédraogo, un de ses promotionnaires, qui le dissuade d’y aller, et sans autre détail.

Il se retourne à son poste, attendant des instructions, qui ne viendront jamais. C’est de cette position également qu’il apprendra plus tard la mort du président Thomas Sankara. Dans sa déposition, le gendarme à la retraite est revenu sur le pourrissement de la situation, marqué par la floraison des tracts. Il confirme qu’une réunion était prévue ce jour (15 octobre 87) à 20h pour essayer de régler donc cette question de crise. Il apprend également qu’en prélude à ladite rencontre, son chef Gilbert Diendéré lui a dit de s’apprêter, que la question des tracts allait certainement venir (étant de la division informations). M. Kambou dit avoir indiqué à M. Diendéré que même si l’on faisait sortir tous les militaires dans la rue, ils ne pouvaient pas éviter les tracts.

Selon le témoin, tous connaissaient certes l’atmosphère de crise qui régnait, mais personne ne s’attendait à un tel dénouement. On ne peut pas dire que le 15 octobre à été un acte spontané, c’était préparé, pense-t-il.

Partant de la personnalité de Hyacinthe Kafando à l’époque, le témoin n’exclut pas qu’il soit capable d’une telle initiative, même s’il se convainc aussi qu’il a pu bénéficier ne serait-ce que d’assurances.

Ousmane Guiré, militaire à la retraite, était de la sécurité du commandant Jean-Baptiste Lingani. C’est pendant qu’ils étaient au domicile de ce dernier, en train de s’apprêter pour le sport, qu’ils ont entendu les tirs. Quelques temps après, leur chef Lingani informe de ce que le président Sankara est touché et est décédé. « Nous étions tous découragés. Le commandant était très ferme, il ne disait rien », confie Ousmane Guiré. Du domicile de commandant Lingani, ils se rendent au conseil de l’Entente où le chef passera la nuit à son pied-à-terre et d’où ils sont relevés par une autre équipe le lendemain.

Adama Ouédraogo, cultivateur, et Adama Zongo, militaire à la retraite et chef coutumier de Bassinko ont également vu leur procès-verbal lu. Chacun est revenu sur ce qu’il sait de cette date fatidique.

O.L.

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Source: LeFaso.net