Mai 2005 – mai 2025, cela fait 20 ans que l’ancien président de la République de Haute-Volta (actuel Burkina Faso), Aboubacar Sangoulé Lamizana, est décédé. 20 ans après, ses proches gardent toujours de lui des souvenirs d’un homme humble, simple et intègre. Le mercredi 7 mai 2025, sa « fille » Mariam Lamizana, ancienne ministre de l’action sociale, a salué la mémoire d’un « homme d’Etat engagé pour la cause de son peuple ». C’était lors d’une conférence de presse organisée par le comité d’organisation du 20e anniversaire du décès du général Sangoulé Lamizana.

Le 20ᵉ anniversaire du décès de feu Aboubacar Sangoulé Lamizana, ancien chef d’État, est commémoré à Bobo-Dioulasso à travers une série d’activités organisées à cet effet. Parmi ces activités, il y a eu l’organisation d’une conférence de presse le mercredi 7 mai dernier au sein du lycée privé Aboubacar Sangoulé Lamizana, sis au secteur 16 de Bobo-Dioulasso. L’initiative de cette commémoration vient d’ailleurs de l’association des parents d’élèves dudit lycée. À en croire le président du comité d’organisation, cette commémoration est partie d’un constat.

Celui du fait que les élèves issus du lycée Aboubacar Sangoulé Lamizana ne savent rien de la personne dont leur lycée porte le nom. D’où l’importance de cette commémoration, afin de célébrer cette figure emblématique de l’histoire politique, économique et culturelle du Burkina. Le comité d’organisation estime que parler du président Lamizana aux jeunes est un devoir de valorisation de notre histoire. Né en 1916, Aboubacar Sangoulé Lamizana a été un militaire et homme d’État voltaïque, président de la République de Haute-Volta de 1966 à 1980.

Homme aux multiples valeurs

Pour sa belle-fille Mariam Lamizana, devenue sa fille dans la mémoire collective, Sangoulé Lamizana était un homme aux multiples valeurs. « Je retiens de lui des valeurs d’humilité, de simplicité et d’intégrité », a-t-elle laissé entendre. Si beaucoup pensaient que Mariam Lamizana était la fille biologique de feu Sangoulé Lamizana, elle ne manque pas de lever le voile sur cette pensée imaginaire, en voulant répondre à une question des journalistes sur « les souvenirs qu’elle garde de son père ».

« Moi, je ne suis pas sa fille biologique, je suis sa belle-fille. Mais la proximité et l’amour et le feeling qu’on avait, les gens ne pouvaient pas le savoir. Lui-même le disait : tu n’es plus ma belle-fille, mais tu es ma fille, et donc c’est resté dans l’imaginaire national que je suis sa fille. C’est avec beaucoup de bonheur et de fierté que je porte le nom de sa fille. Sinon, je suis née Traoré. J’ai tellement été intégrée chez les Lamizana qu’on me confond avec sa fille », a-t-elle révélé.

La mémoire de feu général Aboubacar Sangoulé Lamizana saluée par les conférenciers dont Mariam Lamizana

« Comme héritage, il y a beaucoup de choses que j’oublie au plan familial, en tant qu’être qui a vécu dans la société, en tant qu’homme d’État. Je retiens de lui cette valeur d’humilité. La première fois que je l’ai vu, il était déjà au pouvoir. La simplicité avec laquelle il vivait ; il a même refusé de rejoindre la maison officielle que Maurice Yaméogo occupait. Il est resté au camp, dans sa maison de chef d’état-major. On ne pouvait pas s’imaginer que c’était la maison d’un chef de l’État. La première fois que son fils m’a amenée chez eux, je suis allée trouver qu’ils étaient en train de piler le maïs dans un mortier pendant qu’il y avait des machines pour ça », a-t-elle expliqué.

Selon elle, à travers cette manière de vivre, le général Sangoulé Lamizana n’a pas voulu donner à ses enfants « cette illusion de vivre dans le luxe, dans l’abondance même si on ne manquait de rien », a-t-elle dit. Avant de souligner l’intégrité de ce grand homme. « C’est quelqu’un qui m’a beaucoup soutenue lorsque j’étais étudiante. Il m’a supportée financièrement alors que j’avais une bourse de l’Union européenne. Il m’a dit, Mamou, c’est mon devoir en tant que ton papa de t’aider. Et à l’époque, il enlevait ça sur son salaire de chef d’État pour m’envoyer », se souvient Mariam Lamizana.

Pour elle, le président Lamizana avait un sens élevé de la nation. « Il a été président pendant 14 ans. Il a pensé à la nation, au pays, il n’a pas pensé seulement à la région du Sourou, à tel point que les gens l’insultaient. Les Samo disaient qu’il a été président pendant 14 ans et qu’il n’y a pas eu un bon bus, ni une bonne route pour aller dans le Sourou. Cela veut dire que sa priorité n’était pas sa région d’origine, sa priorité c’était son pays. C’est ce que je retiens de lui comme héritage et je pense que ces valeurs sont portées par notre chef de l’État actuel », a-t-elle souligné.

Avant d’ajouter : « J’étais la belle-fille du président, mais je ne pouvais même pas donner un centime à quelqu’un. On a vécu dans cette humilité ». Mariam Lamizana a invité les Burkinabè à travailler à préserver toujours ces valeurs qu’incarnait le président Lamizana pour un Burkina de paix, un Burkina développé, où il fait bon vivre.

Romuald Dofini

Lefaso.net

Source: LeFaso.net