C’est dans le cadre majestueux du palais royal du Moogho Naaba que s’est tenue la 2ᵉ édition de la Journée des coutumes et traditions. Placée sous le thème évocateur « L’éducation dans le Moogho, un terreau fertile de promotion du patriotisme, du civisme, des valeurs coutumières et traditionnelles », cette journée a rassemblé, le jeudi 15 mai 2025, autorités traditionnelles, coutumières, représentants de l’État et un public venu communier autour de la sagesse ancestrale du peuple moaga.
Après le rituel immuable des salutations à Sa Majesté le Moogho Naaba, symbole vivant de l’unité, de la continuité et de la paix au sein du royaume, la parole a été portée par le Ouidi Naaba, fidèle porte-voix du souverain. Dans un message de bienveillance, le Ouidi Naaba a rapporté les propos de Sa Majesté, rappelant l’importance vitale de l’éducation enracinée dans les valeurs traditionnelles pour bâtir un Burkina Faso solidaire et apaisé.
« Sa Majesté m’a dit de souhaiter la bienvenue à tous ceux qui ont effectué le déplacement. Elle a souhaité que chacun d’entre nous puisse connaître sa culture et la pratiquer. Elle recommande que nous donnions une bonne éducation à nos enfants, car c’est par elle que nous pourrons distinguer le bien du mal, avoir du respect pour les autres et vivre ensemble de façon harmonieuse », a expliqué le Ouidi Naaba.

La jeunesse invitée à écouter les aînés et les parents
Dans ce message humaniste, le Moogho Naaba met en lumière cette vérité selon laquelle l’éducation n’est pas l’apanage des écoles modernes. Mais qu’elle puise aussi sa richesse dans les traditions orales, les proverbes, les rites d’initiation et le savoir-être transmis de génération en génération.
L’accent a également été mis sur l’écoute des anciens, le respect de la parole donnée et l’importance des liens intergénérationnels. Sa Majesté a tenu à exhorter la jeunesse à prêter une oreille attentive aux conseils des aînés, des parents et des enseignants, dépositaires de la sagesse collective. Car dans le Moogho, l’éducation est un acte communautaire où chaque adulte est un guide, un repère.

En cette journée symbolique, le patriotisme et le civisme ont été invoqués non pas comme des mots d’ordre abstraits, mais comme des fruits naturels d’une éducation bien enracinée dans les valeurs du terroir. L’appel du Moogho Naaba s’est voulu une invitation à l’unité, à l’action collective pour le bien commun. « Sa Majesté souhaite que tout ce que nous allons faire soit pour l’intérêt général du Burkina Faso », a souligné le Ouidi Naaba, dans une formule qui résonne comme un engagement sacré.
Par ailleurs, le Moogho Naaba a élevé ses prières pour la nation, dont les maîtres mots sont paix, sécurité et prospérité agricole. Car, dans une société largement rurale comme celle du Burkina Faso, l’abondance des pluies est intimement liée à l’harmonie sociale.

Dans un geste de reconnaissance, des attestations d’honneur ont été remises à certaines hautes personnalités pour leur engagement en faveur de la paix et du développement du pays. Le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, et le président de l’Assemblée législative de transition, Ousmane Bougouma, représentés, ont été salués pour les efforts qu’ils déploient en faveur de la consolidation de l’État et de la résilience du peuple burkinabè.
« Nous avons eu le privilège d’être désigné par le chef de l’État, le capitaine Ibrahim Traoré, et le Premier ministre, pour venir honorer Sa Majesté le Moogho Naaba et tous les chefs qui l’accompagnent, ainsi que toute la population présente pour la célébration de la Journée des coutumes et traditions. Nous souhaitons une bonne fête aux coutumiers et traditionalistes », a ainsi introduit le ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants, le général de brigade Célestin Simporé, lors de son mot de remerciements.

Pour le général Simporé, celui qui ne sait pas d’où il vient ne saura jamais où il va. Il relève de ce fait que les gens ne devraient pas oublier qu’avant l’arrivée des religions révélées, tout le monde faisait partie du milieu traditionnel. « Nous devons nous efforcer de connaître nos origines ; savoir d’où nous venons, d’où nous descendons. Ce qui va nous permettre de savoir où est-ce qu’on peut aller et jusqu’où nous pouvons aller », a-t-il interpellé.
Le ministre de la Défense revient sur les orientations données précédemment par Sa Majesté, notamment sur l’éducation de la jeune génération. « Quelqu’un l’a dit, les enfants, c’est l’avenir. L’enfant est le père de l’homme. Si nous assurons une bonne éducation de nos enfants, nous assurons un avenir radieux. Même quand nous ne serons plus de ce monde, nos âmes seront au moins heureuses et rassurées de savoir que les graines que nous avons semées ont poussé et que les arbres donnent de bons fruits », a-t-il insisté.

La Journée des coutumes et traditions, au-delà de son caractère cérémoniel, s’est affirmée comme un espace de réflexion sur les fondements moraux de la société. En ravivant la mémoire des peuples, elle rappelle que la modernité peut s’appuyer sur les socles solides du passé, et que les défis contemporains – l’insécurité, la perte des repères, la fracture sociale – peuvent trouver leurs réponses dans la sagesse ancestrale.
Ainsi, le Moogho offre un modèle d’éducation holistique, conjuguant transmission de savoir, enracinement culturel et ouverture au monde. Et cette 2ᵉ édition, en jetant la lumière sur ce patrimoine vivant, a porté haut les couleurs d’un Burkina Faso fier de son histoire et résolument tourné vers l’avenir.
Hamed Nanéma
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
Commentaires récents