Une étude internationale menée par Climate Central révèle qu’il y a eu un risque accru de naissances prématurées durant les cinq dernières années (2020-2024) dû à la chaleur extrême enregistrée. Le rapport de synthèse de cette étude a été rendu public le 14 mai 2025 dernier.

En effet, Climate central a analysé les températures quotidiennes des cinq dernières années (2020 à 2024) dans 247 pays, territoires et dépendances, et 940 grandes villes. Ce, afin de savoir combien de jours de forte chaleur ont pu mettre en danger la santé des femmes enceintes. Les résultats sont sans appel. Il ressort que l’influence du changement climatique sur l’augmentation de la fréquence des épisodes de chaleur extrême engendre un risque accru de naissance prématurée parmi les femmes enceintes.

Climate Central a ainsi calculé le nombre de jours sur la période 1991-2020 où les températures étaient supérieures à 95 % des températures observées à un endroit donné. Un seuil que la recherche¹ désigne comme pouvant entraîner un risque accru de naissance prématurée, estimant qu’en comparant les jours réellement observés chaque année à ceux qui auraient eu lieu dans un monde sans changement climatique d’origine humaine.

Chaque pays étudié a connu une augmentation du nombre de jours d’extrême chaleur, à risque pour la grossesse, en raison du changement climatique. C’est-à-dire que les 247 pays analysés ont connu, en moyenne, au moins cinq jours supplémentaires par an d’extrême chaleur, à risque pour la grossesse. Des jours où les températures maximales étaient plus chaudes que 95 % des températures locales entre 1991 et 2020 – au cours des cinq dernières années (2020-2024) en raison du changement climatique.

Dans près d’un tiers des pays (78 sur 247) et 18 % des métropoles étudiées (169 sur 950), le changement climatique a ajouté en moyenne au moins 30 jours supplémentaires d’extrême chaleur, à risque pour la grossesse, chaque année. Et, dans la majorité des pays, le changement climatique a plus que doublé le nombre de jours d’extrême chaleur, à risque pour la grossesse.

En somme, le changement climatique a doublé le nombre moyen annuel de jours d’extrême chaleur à risque pour la grossesse dans près de 90 % des pays (221 sur 247) et environ 60 % des villes (575 sur 940) répartis sur six continents.

Pour certains pays et certaines villes, la totalité ou presque des jours d’extrême chaleur à risque pour la grossesse enregistrés entre 2020 et 2024 sont attribuables au changement climatique.

En d’autres termes, dans un monde sans changement climatique, ces pays n’auraient pas connu ces augmentations de température. Les régions ayant connu le plus de jours d’extrême chaleur à risque pour la grossesse dus au changement climatique sont aussi parmi celles qui rencontrent le plus d’obstacles à un accès adéquat aux soins de santé maternelle – notamment dans les Caraïbes.

Au cours des cinq dernières années, les pays ayant enregistré le plus grand nombre de jours d’extrême chaleur à risque pour la grossesse dus au changement climatique se situent principalement dans les Caraïbes, en Amérique centrale, en Amérique du Sud, dans les îles du Pacifique, en Asie du Sud-Est et en Afrique subsaharienne.

De nombreux pays les plus touchés sont de petits États insulaires et des pays en développement, dont les habitants sont parmi les plus vulnérables aux conséquences du changement climatique, bien qu’ils y contribuent le moins en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Ces pays comptent également une grande part de population sans accès à des systèmes de refroidissement efficaces, qui, s’ils étaient disponibles, pourraient atténuer les effets sanitaires des fortes chaleurs. Les populations vivant dans ces régions font plus souvent face à des obstacles d’accès aux soins de santé et à des taux plus élevés de mortalité maternelle que les pays développés.

Quinze pays presque tous situés dans les Caraïbes ont connu en moyenne au moins 60 jours supplémentaires d’extrême chaleur à risque pour la grossesse chaque année en raison du changement climatique. Cela représente au moins un cinquième de la durée d’une grossesse moyenne (280 jours).

Dix villes ont enregistré au moins 70 jours supplémentaires d’extrême chaleur à risque pour la grossesse chaque année, la majorité d’entre elles se trouvant dans les Caraïbes. Bien que ce rapport mette en lumière les journées où les températures ont dépassé les 95 °F au cours des cinq dernières années, les recherches montrent qu’il n’existe pas de seuil unique à partir duquel le risque d’accouchement prématuré augmente. Ce risque varie selon des facteurs socioéconomiques comme la richesse du pays, l’accès aux soins de santé ou encore les inégalités raciales.

Si cette analyse se concentre sur la fréquence des températures liées à un risque accru de naissances prématurées, d’autres complications de grossesse ou conséquences négatives à la naissance ont également été associées à ces niveaux de chaleur. L’exposition à des températures extrêmes est fortement corrélée au faible poids de naissance, un facteur qui peut avoir de lourdes conséquences pour la santé immédiate et future du nourrisson.

Voir le rapport

Synthèse de Yvette Zongo

Source: LeFaso.net