La première édition du Forum sur le secteur privé s’est ouverte avec pour thème principal : « Construire des voies durables et inclusives pour le développement ». Organisé les 27 et 28 mai 2025 à Ouagadougou, cet événement d’envergure nationale a été patronné par le Premier ministre, représenté par le ministre de l’économie et des finances, Dr Aboubakar Nacanabo. La cérémonie d’ouverture a connu la participation de la directrice de division de la Banque mondiale, pour le Burkina Faso, le Tchad, le Mali et le Niger, Clara Ana De Sousa, et du président de la Confédération générale des entreprises du Faso (COGEF), Idrissa Nassa.

À l’initiative du groupe de la Banque mondiale, ce forum se veut un espace de réflexion stratégique et d’échanges francs entre les acteurs du secteur privé, les autorités publiques, les partenaires techniques et financiers, ainsi que les organisations humanitaires. L’objectif ici, est de co-construire des solutions concrètes pour une croissance inclusive, résiliente et durable au Burkina Faso.

La première personne à intervenir au cours de la série d’allocutions qui a marqué cet instant, est la directrice de division de la Banque mondiale, pour le Burkina Faso, le Tchad, le Mali et le Niger, Clara Ana De Sousa. Elle voit à travers cet évènement, un engagement collectif en faveur d’un développement durable et inclusif du pays des Hommes intègres.

« Notre mission est d’accompagner le Burkina Faso dans la réalisation de ses priorités de développement en mettant l’accent sur l’inclusion, l’équité et la durabilité », Clara Ana De Sousa, directrice de division de la Banque mondiale pour le Burkina Faso

Le progrès des nations repose sur un secteur privé fort

« Ce pays, par la richesse de son capital humain et culturel, ainsi que par la résilience remarquable de sa population, incarne une volonté exemplaire de surmonter les défis, et de tracer avec détermination un schéma vers un avenir meilleur. Permettez-moi de réaffirmer au nom du groupe de la Banque mondiale, la fierté qui est la nôtre, d’être un partenaire engagé et de longue date dans cet élan collectif », a-t-elle déclaré.

L’engagement de la Banque mondiale, poursuit-elle, se traduit par le soutien d’initiatives à fort impact sur la vie des populations. Clara Ana De Sousa précise que ces soutiens s’opèrent en synergie avec le secteur privé, notamment à travers l’intervention de la Société financière internationale (SFI), une institution du groupe de la Banque mondiale dédiée au développement du secteur privé. Au sein de ce groupe, « nous sommes persuadés que le progrès des nations repose sur un secteur privé fort et engagé, capable de collaborer étroitement avec les acteurs du développement, en particulier le gouvernement », a-t-elle affirmé.

« Je félicite l’ensemble des acteurs du monde économique pour les progrès significatifs et les encourage à intensifier leurs efforts en faveur d’une synergie d’actions pour un Burkina Faso prospère », Idrissa Nassa, président de la COGEF

Une progression du taux de croissance projetée à 5,80%

Le président de la Confédération générale des entreprises du Faso (COGEF), Idrissa Nassa, a lui, souligné que le soutien de la Banque mondiale au profit du secteur privé, constitue une source de motivation qui renforce leur profond sentiment de responsabilité et d’engagement en faveur du développement de la nation. « Dans un monde complexe marqué par des défis multiples, le secteur privé s’affirme comme un levier stratégique de croissance, de résilience et de transformation. Il ne s’agit plus simplement d’entreprendre, mais de contribuer activement à bâtir des économies fortes, plus stables, plus prospères et plus inclusives », a-t-il indiqué.

Selon Idrissa Nassa, le secteur privé au Burkina Faso représente plus de 90 % du tissu économique avec des milliers de très petites entreprises, ainsi que des petites et moyennes entreprises. Elles sont, mentionne-t-il, créatrices d’emplois pour les jeunes qui constituent une source d’innovations, de création de valeurs et de recettes fiscales pour l’État. « Le secteur privé est également un acteur engagé dans tous les compartiments socioéconomiques du pays, à travers des contributions diverses et variées. L’ensemble des entrepreneurs burkinabè fait preuve de résilience et d’ingéniosité pour assurer la production, la transformation et l’approvisionnement régulier de notre pays en produits et services essentiels », a-t-il ajouté.

Le président de la COGEF a porté à la connaissance de l’assistance, que les initiatives hardies du secteur privé, en appui aux politiques gouvernementales vertueuses, ont permis au Burkina Faso de réaliser un taux de croissance observé de 5 % en 2024 et une progression projetée à 5,80 % en 2025.

« Ce cadre d’échanges nous permettra de développer ensemble des solutions véritablement intégrées couvrant les secteurs public et privé au service de la création d’emplois », Olivier Buyoya, directeur régional de SFI pour l’Afrique de l’Ouest

Unir les forces pour transformer l’adversité en promesse

« Là où les chemins semblent incertains, il faut des bâtisseurs d’espérance. Là où la terre est éprouvée, il faut des semeurs de courage ; nous enseigne un proverbe africain », a ainsi introduit son discours d’ouverture, le ministre de l’économie, Dr Aboubakar Nacanabo. Pour lui, ces paroles trouvent un écho particulier dans le contexte actuel du Burkina Faso, marqué par de nombreuses incertitudes. À ses yeux, chaque avancée dans cette conjoncture difficile relève d’un véritable acte de foi où chaque initiative porte en elle un souffle d’espérance.

Face aux épreuves et aux défis qui jalonnent le chemin du pays, il appelle à construire avec conviction, à semer avec détermination, et surtout, à unir les forces pour transformer l’adversité en promesse. C’est animé par cette foi inébranlable dans la capacité du peuple burkinabè à rester debout, et avec la ferme conviction que l’avenir du pays se décide ici et maintenant, qu’il a pris la parole à la première édition du Forum tripartite entre le gouvernement, le groupe de la Banque mondiale et le secteur privé du Burkina Faso.

« Je puis vous assurer de la ferme volonté du gouvernement à tirer les leçons de nos échanges et à traduire en actions concrètes les recommandations issues de vos travaux », Aboubakar Nacanabo, ministre de l’économie et des finances

Selon lui, cette rencontre dépasse le simple cadre d’un événement institutionnel. Elle incarne une ambition partagée. Celle de refonder l’économie nationale, en s’appuyant sur la synergie entre la volonté politique, l’audace entrepreneuriale et l’appui stratégique des partenaires techniques et financiers.

Poursuivant son intervention, le ministre a mis en lumière la dynamique actuelle engagée par le Burkina Faso sous l’impulsion du président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré. Il a souligné que le pays avance avec détermination sur la voie d’une transformation structurelle de son économie. Cette transformation repose, précise-t-il, sur une vision souveraine, inclusive et durable du développement.

Au cœur de cette ambition nationale, Dr Nacanabo relève que le secteur privé occupe une place centrale. Le ministre a insisté sur le fait qu’il n’est plus considéré comme un simple acteur économique, mais plutôt comme un véritable partenaire stratégique. À ses yeux, le secteur privé constitue un moteur essentiel de croissance, de résilience et d’innovation, dont l’épanouissement est indispensable à l’essor du pays de feu Thomas Sankara.

Des participants à la première édition du Forum sur le secteur privé initié au Burkina Faso par le groupe de la Banque mondiale

Les réformes en faveur du secteur privé

Conscient de ce rôle capital, le gouvernement, malgré les turbulences actuelles que traverse la nation, a pris des mesures fortes et continues pour favoriser un environnement favorable à l’investissement. L’objectif est de stimuler l’initiative privée et d’améliorer de manière significative le climat des affaires.

Dans ce cadre, le ministre a énuméré plusieurs réformes entreprises par l’exécutif. Parmi celles-ci figurent notamment la libéralisation progressive du secteur de l’énergie, la simplification des procédures fiscales, la promotion du contenu local, une lutte renforcée contre la fraude, ainsi que la numérisation du processus de délivrance des titres fonciers. Toutes ces actions s’inscrivent dans une logique de modernisation et d’efficacité accrue au service du développement national.

Faisait partie du présidium, la ministre déléguée chargée du budget du Burkina Faso, Fatoumata Bako/Traoré.

Les panels au programme

Au programme du présent forum, plusieurs panels abordent des thématiques clés pour le développement économique du pays. Parmi elles, on note l’accès au financement des PME ; la co-construction d’opportunités d’emploi durables pour les femmes et les personnes déplacées internes, par le secteur privé en partenariat avec le gouvernement, le groupe de la Banque mondiale et les organisations humanitaires. À cela viennent s’ajouter l’investissement dans l’énergie, le foncier et les télécommunications, trois secteurs jugés stratégiques pour la transformation structurelle de l’économie ; l’industrialisation du secteur de la santé pour assurer la souveraineté sanitaire du pays ; l’écosystème agricole, un levier majeur pour l’autosuffisance alimentaire et la création d’emplois en zone rurale ; l’autonomisation économique des femmes.

Ce sont aujourd’hui, 29 projets qui sont mis en œuvre au Burkina Faso sur le financement de la Banque mondiale, selon Clara De Sousa. « Ces projets couvrent quatorze secteurs pour un engagement d’environ 4 milliards de dollars, soit plus de 2 300 milliards de francs CFA », a-t-elle confié.

Cette première édition du forum marque une volonté claire du Burkina Faso de repositionner le secteur privé comme un partenaire incontournable du développement. Les réflexions issues des deux jours d’échanges devraient déboucher sur des recommandations fortes et un plan d’actions pour structurer durablement l’écosystème entrepreneurial burkinabè.

Hamed Nanéma

Crédit photos : Bonaventure Paré

Lefaso.net

Source: LeFaso.net