À l’occasion de la sixième édition du « Djibon international », un rituel traditionnel organisé pour honorer la mémoire des ancêtres, des voix se sont élevées pour appeler les Burkinabè à renouer avec leurs racines culturelles. C’était également une occasion pour les traditionalistes de prier pour la paix, la stabilité et la prospérité au Burkina Faso. La cérémonie de libation a eu lieu ce dimanche 1er juin 2025 sur les berges du marigot Kua, à Bobo-Dioulasso.

La tradition a été une fois de plus respectée cette année par les Kamites à Bobo-Dioulasso. En effet, chaque premier dimanche du mois de juin, à la même heure, se tient le Djibon sur toute l’étendue du territoire national et à l’international. Cette prière annuelle des Kamites a permis de demander aux ancêtres « de protéger la nation, de protéger ses concitoyens et de donner une bonne pluviométrie au Burkina Faso ». Tels sont les vœux présentés aux ancêtres en cette matinée. Cette cérémonie de prières est portée par l’association Bêma-sooré.

Des traditionalistes prient pour la prospérité du Burkina

Plusieurs dizaines de personnes sont venues assister à cette manifestation spirituelle et symbolique. Pour les organisateurs, ce rituel vise à rétablir un lien fort entre les vivants et les ancêtres, dans l’espoir de restaurer la paix et la cohésion sociale. D’où le thème : « Le retour aux sources, facteur de cohésion sociale ».

Dans un contexte marqué par l’insécurité au Burkina Faso, les traditionnalistes estiment que le retour aux pratiques ancestrales pourrait contribuer à apaiser les tensions et à renforcer les valeurs de solidarité. Ils exhortent ainsi la population à ne pas négliger les enseignements des anciens et à intégrer davantage les coutumes dans les efforts de reconstruction nationale. Le président de l’association Bêma-sooré, Sié Kambiré, a affirmé que ce rituel visait également à honorer la mémoire des ancêtres. Pour ce faire, ils ont offert aux ancêtres de l’eau, du dolo et sacrifié des animaux.

Le président de l’association Bêma-sooré, Sié Kambiré, affirme que ce rituel vise à honorer la mémoire des ancêtres

« Nous avons placé cette journée sous le thème : le retour aux sources, facteur de cohésion sociale, une manière d’appeler les Burkinabè à un retour à nos sources, à nos ancêtres, pour apprendre nos valeurs, pour apprendre à réfléchir par nous-mêmes, pour apprendre à nous adresser à Dieu selon les normes de nos ancêtres », a-t-il indiqué.

Avant de poursuivre : « Nos sacrifices ont porté principalement sur trois aspects. Nous avons d’abord adressé un message de gratitude, de reconnaissance à nos ancêtres pour leur dire que nous sommes satisfaits de ce qu’ils ont fait pour nous. Ensuite, nous avons souhaité une paix et une santé de fer pour le pays et pour tous ses fils de l’intérieur et de l’extérieur, et enfin nous avons demandé l’abondance matérielle et spirituelle pour tout le monde. » Il n’a pas manqué de rappeler le caractère international de cette célébration. « Tel que ça se passe ici, ce rituel se passe également au Mali et un peu partout dans les quatre coins du monde », a-t-il souligné.

Des adeptes de la religion traditionnelle présents à la cérémonie de libation

Cette cérémonie a été également une occasion pour des particuliers de faire des sollicitations diverses soutenues par de bonnes intentions. Pour les « anciens » présents à cette cérémonie, « cette initiative fait la fierté de la jeunesse qui a pris conscience ». Ils espèrent ainsi qu’avec ces jeunes, les pratiques ancestrales reprendront dans la société burkinabè.

Le parrain de cette édition est Ouarablé Marc Sanon, un des « anciens ». Il dit être venu « soutenir les jeunes pour cette célébration et leur dire surtout que, là où les anciens ont échoué, les jeunes sont en train de vraiment faire du succès (…). Le retour à nos sources, c’est vivre notre vraie identité. C’est refuser d’être des chauves-souris. Ce matin, nous avons prié nos ancêtres pour qu’ils donnent la force à nos autorités pour gouverner le Burkina », a laissé entendre Ouarablé Marc Sanon.

Le doyen Ouarablé Marc Sanon fonde espoir qu’avec ces jeunes, les pratiques ancestrales reprendront dans la société burkinabè

Présente à Sya, Shenuti Kaba de l’Afocentricity internationale, division Côte d’Ivoire, est allée commémorer cette journée avec ses frères Kamites sur les berges du marigot Kua. Pour elle, cette journée est très symbolique pour la famille kamite. « Elle nous donne l’occasion de saluer la mémoire des ancêtres, de les vivifier et de leur présenter nos doléances, mais aussi de leur exprimer notre gratitude. Les ancêtres sont toujours avec nous. Lorsque nous leur demandons quelque chose, il faut revenir exprimer notre gratitude », a-t-elle expliqué.

Pour Shenuti Kaba de l’Afocentricity internationale, division Côte d’Ivoire, cette journée est très symbolique pour la famille kamite.

Par ailleurs, elle a exprimé sa joie et sa satisfaction d’avoir pu commémorer cette journée avec ses frères du Burkina Faso, car elle estime que tous les Africains sont des frères. Elle dit avoir prié aussi pour la paix au Burkina Faso.

Romuald Dofini

Lefaso.net

Source: LeFaso.net