À Koin, village situé à 7km de Toma, la capitale provinciale du Nayala, une association dénommée Guiankoli-Siitoakonnè (Vivre ensemble dans le pardon) initie bénévolement des journées de salubrité dans les lieux publics. Dans leur fief de Koin tout comme à Toma, ils nettoient gratuitement les endroits très fréquentés malgré le manque de matériels. Reportage sur ces VDP de l’assainissement !

Au premier chant de cop ce vendredi 19 avril 2025 à Koin, la soixantaine de membres de l’association était déjà au Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) du village. Les mains presque nues, sans matériel de travail, ces femmes et hommes, comme à leur habitude, débarrassent le centre de santé de ses ordures. Dans un nuage de poussière et de fumée occasionné par les quelques rares balais et les ordures brulées, ces travailleurs bénévoles, sans masques de protection, donnent un visage nouveau au centre de santé. Tout se passe sous les yeux émerveillés des patients et des agents de santé.

Ils ne sont pas à leur première action au CSPS de Koin, confie le président de l’association, Diélawaléa Simplice Ki. Depuis la création de cette association en décembre 2023, indique-t-il, des écoles à Koin, du primaire au secondaire, ont tous bénéficié gratuitement du service de nettoyage de cette association. « Une fois encore ce matin, nous sommes venus dans notre CSPS pour nettoyer et assainir l’environnement pour les malades et les travailleurs », a laissé entendre le président de l’association.

Le président de l’association Guiankoli-Siitoakonnè, Diélawaléa Simplice Ki salue l’engagement volontaire de sa troupe

La soixantaine révolue, Mariam Toé, a rejoint l’équipe depuis le début par conviction. « Quand le président m’a approchée, il m’a clairement dit que c’était un travail gratuit, qu’il n’y aurait pas de salaire. Je n’ai pas hésité à accepter de rejoindre le groupe parce que c’est aussi notre contribution au développement de notre village en particulier et de notre pays en général », a-t-elle affirmé. Le coup de râteau de ce matin, dit-elle, est déjà une satisfaction dans la mesure où l’objectif est de prévenir les maladies liées au manque d’hygiène.

En plus des malades, cet acte est bien apprécié par les travailleurs du centre de santé. Antoine Koalaga, chef de poste du CSPS, apprécie l’initiative à « sa juste valeur ». Cette initiative, témoigne-t-il, n’est pas la première du genre. Presque chaque mois, confie-t-il, ils viennent ici pour rendre les lieux propres. « C’est une initiative à saluer parce que c’est rare de voir cet exemple dans un village », a-t-il lancé.

Pour Mariam Toé, ce travail est un sacrifice qui va au-delà de toute considération

Une initiative née de la volonté des populations

Selon le président de l’association, cette initiative est née de la volonté de quelques habitants du village de rendre plus propres les endroits publics. En plus des sites administratifs, confie-t-il, l’association se mobilise pour balayer les habitations qui reçoivent des évènements heureux ou malheureux. « S’il y a des funérailles, par exemple, nous nous mobilisons pour balayer dans les familles qui accueillent l’évènement. Nous le faisons régulièrement », a-t-il laissé entendre.

En quête de récépissé et de matériel de travail

En manque de matériel, l’association lance un cri de cœur aux personnes de bonne volonté. Des balais, des pelles, des raclettes, des râteaux, des brouettes, des gants sont, entre autres, les doléances exprimées par les membres de l’association. Il y a la volonté et l’engagement, mais ce sont les moyens qui manquent, souffle Diélawaléa Simplice Ki. « Nous avons besoin du matériel de travail pour nous permettre d’être plus opérationnels dans nos activités », lance le président de l’association.

L’association exprime aussi un besoin de tenues de travail

En plus de Koin et de Toma, l’association entend élargir ses activités à d’autres localités du pays. Mais pour y arriver, explique le président, ils ont besoin d’un récépissé pour officialiser leur existence. Des démarches ont été enclenchées, mais elles sont restées sans suite, déplore le président. « Je voudrais profiter de votre micro pour lancer un appel aussi à ceux qui peuvent nous aider à avoir un récépissé, de le faire », confie-t-il.

Au-delà de leur village, les services publics à Toma et les endroits à forte mobilisation bénéficient régulièrement de leurs services. Le haut-commissariat, la préfecture, la mairie, l’hôpital, les lycées et collèges d’enseignement général, le marché ; ce sont entre autres les lieux à Toma qui reçoivent régulièrement un coup de balai de la part de l’association.

D’ailleurs, ce 18 avril, le rendez-vous de notre rencontre avait été décalé au lendemain, 19, à cause de l’invitation du haut-commissariat à l’occasion de la visite de la secrétaire régionale de la Boucle du Mouhoun. C’était dans le cadre du lancement de la 3e édition du mois du patrimoine burkinabè que l’association est allée rendre propres les lieux.

Antoine Koalaga, le chef de poste du CSPS, a félicité les membres de l’association pour leur régularité

Ainsi, à l’image des Volontaires de la défense pour la patrie (VDP) engagés aux côtés des Forces de sécurité (FDS) pour la reconquête du territoire, ils sont eux aussi des VDP pour l’assainissement, en décidant de garantir un environnement propre au sein des lieux publics.

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Serge Ika Ki

Lefaso.net

Source: LeFaso.net