La semence occupe une place de choix dans la production agricole, car elle impacte la quantité et la qualité des rendements. Les producteurs semenciers à partir de la semence de base produite par la recherche mettent à la disposition des producteurs des semences certifiées. Ils sont toutefois confrontés à de nombreux défis, qui impactent la bonne marche de leur activité. À la faveur d’une formation à laquelle ils prenaient part, nous leur avons tendu notre micro pour en savoir davantage.

Issaka Sango, président régional des producteurs semenciers de la région du Centre-est

« Les principaux défis que nous rencontrons, c’est premièrement la qualité de la semence de base et la disponibilité. Bien souvent, nous avons besoin de variétés, des spéculations mais on n’arrive pas à en trouver pour produire. Nous nous rendons au niveau de l’INERA et des fois on n’en trouve pas. Vous savez que pour produire la semence certifiée, il faut se déclarer. Et quand on se déclare et qu’on part au niveau de l’INERA et qu’on n’en trouve pas, c’est vraiment un défi pour nous. Le contexte sécuritaire influence également la production, parce que vous trouverez que dans les vraies zones de production, la situation sécuritaire a contraint les gens à se regrouper dans les villes et ils ne peuvent plus bien produire. Cela impacte beaucoup l’activité de la production de semence. Notre cri de cœur est que le pays puisse retrouver la stabilité et la paix pour pouvoir produire nos semences en quantité suffisante. Et que la semence de base soit disponible à tout moment ».

Mahamadou Taryan, producteur semencier à Bagré depuis 23 ans

« Les années antérieures, nous avions des difficultés à écouler nos semences parce que les producteurs ne les achetaient pas beaucoup. Mais depuis l’année dernière, avec les initiatives du gouvernement, ce problème est en phase d’être résolu. Aussi, nous faisons face bien souvent à l’indisponibilité de la semence de base à partir de laquelle nous produisons les semences certifiées. Même si nous apprécions les semences déjà disponibles sur le marché, nous souhaitons avoir des semences plus performantes avec des rendements plus importants. Notre souhait est que nos capacités soient renforcées pour une meilleure production et qu’une attention particulière soit accordée à la disponibilité des semences de base et au circuit d’écoulement des semences certifiées ».

Daba Dabougdi, producteur semencier de la région de l’Est (Fada N’Gourma)

« En matière de production, nous rencontrons beaucoup de difficultés mais nous essayons de nous en sortir. Il y a en premier lieu la pluviométrie. Par exemple l’année passée, nous avons eu beaucoup de poches de sécheresse, surtout pendant les semis. Moi particulièrement, j’ai semé trois fois l’année passée. J’ai semé à deux reprises et ça n’a pas poussé. Je pense que c’est particulièrement en fin juin qu’on a eu vraiment une bonne pluie et ça a commencé à pousser. Il y a également la situation sécuritaire qui fait que les gens ne produisent plus dans certaines zones comme la Kompienga, la Tapoa, la Gnagna et les producteurs ont dû se déplacer. Pourtant ce sont des zones dans lesquelles on produisait beaucoup. Actuellement c’est à Fada uniquement que nous produisons et là aussi on ne peut pas aller à plus de 5-6 km. L’accès au marché constitue également pour nous un défi, mais à ce niveau, l’union des producteurs semenciers fait déjà beaucoup pour nous. Nous souhaitons vraiment que la paix revienne pour que nous puissions mener sereinement nos activités ».

Denise Sawadogo/Sebego, producteur semencier de Niébé du Boulkiemdé (Pèla)

« En tant que femme productrice, nous avons des difficultés d’accès à la terre. Souvent, tu as ton argent en main et tu cherches une terre à payer mais tu ne gagnes même pas. Ce qui fait que nous sommes obligées de louer les terres pour cultiver et même dans ça il n’y a pas de garantie. Résultat, nous changeons fréquemment de lieux pour produire. Autre difficulté, il y a le fait que la terre n’est plus riche. Il faut donc beaucoup la travailler et investir sur elle pour pouvoir améliorer. Il y a aussi la saison des pluies qui ne va pas souvent jusqu’au bout ou encore les poches de sécheresse. Mais nous nous réjouissons car nos semences sont beaucoup appréciées et ne suffisent même pas souvent. Avec la saison pluvieuse qui s’arrête souvent en cours de route, si nous pouvions avoir des semences avec des cycles courts, cela allait beaucoup aider également ».

Propos recueillis par Armelle Ouédraogo

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Source: LeFaso.net