Peut-on encore envisager l’avenir du monde avec insouciance ? Nos enfants et nos petits-enfants vivront-ils dans un monde en paix ? La prière universelle pour la paix faite dans les églises et par toute les religions n’a jamais eu une actualité aussi brûlante. Il est vrai que pour nous autres Sahéliens, nous avons perdu ce trésor précieux, ce fabuleux don de Dieu qu’est la paix, depuis plus d’une décennie, mais ce n’est pas pour autant que nous nous réjouissons de voir de plus en plus des zones du monde nous rejoindre, ou renouer avec la guerre. Ainsi la guerre fait rage au Soudan, en République démocratique du Congo, en Somalie, en Éthiopie, dans la bande de Gaza… Un cessez le feu a été imposé par les États unis à Israël et à l’Iran au bout de douze jours de bombardements des deux côtés, avec le pacificateur qui a lancé aussi des bombes contre les sites nucléaires iraniens.
Selon certains stratèges, qui veut la paix prépare la guerre. Selon les derniers chiffres du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), le monde se réarme outrageusement. Quels sont les pays qui courent en tête pour les dépenses militaires ? À voir ces folles sommes investies dans la production et l’achat des armes, est ce que les États n’organisent pas les conditions d’une nouvelle guerre mondiale plus destructrice ?
Selon les chiffres collectés par l’Institut Sipri, les marchands d’armes se sont frottés les mains en 2024. L’année a été meilleure à 2023 avec une hausse de « 9,4 % en termes réels » selon le rapport publié à Stockholm en fin avril 2025. voir www.Sipri.org
Le monde a dépensé pour les armes 2 718 milliards de dollars en 2024. La hausse des dépenses militaires mondiales est due principalement à des bonds du côté du Moyen Orient et de l’Europe. En Europe, la Russie et l’Ukraine sont en guerre, donc les dépenses militaires ont augmenté de 17%, mais la guerre inquiète aussi les voisins qui ne se sentent pas en sécurité, donc pensent à se réarmer. Idem pour le Moyen Orient où Israël est permanemment en guerre contre l’un ou l’autre de ses voisins ou sur plusieurs fronts comme actuellement avec la bande de Gaza, le Liban, la Syrie et les Houthis au Yémen. Les dépenses militaires israéliennes se sont accrues de 65% par rapport à 2023. Le Liban a aussi augmenté ses dépenses de 58% en 2024.
L’augmentation générale des dépenses militaires est la plus forte depuis 1991. Avec la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide, le monde avait commencé à rêver d’un monde en paix mais aujourd’hui tout cela est fini, la brutalité et la loi du plus fort sont les règles en cours dans les relations internationales et l’Organisation des nations unis est considérée comme un vestige inutile de la fin de la seconde guerre mondiale.
Le mantra du tout militaire
Personne ne veut construire la paix. Chaque Etat veut se battre pour prendre à l’autre ce qu’il désire ou se défendre contre lui par tous les moyens nécessaires. La Russie aurait augmenté son budget de 38% par rapport à 2023 soit 7,1% de son PIB alors que l’Ukraine aurait accru son budget pour essayer d’atteindre 43% des dépenses militaires russes mais ce qui fait 34% de son PIB. Selon certaines sources, toutes les recettes fiscales vont à la guerre en Ukraine. Ce qui dit tout de cette guerre de David contre Goliath.
Cette comparaison n’est nullement prophétique sur son issue. En 2024, au hit-parade des dépenses militaires, il y a naturellement les États-Unis qui viennent en tête et devancent de très loin ses poursuivants immédiats que sont la Chine, la Russie. L’Allemagne fait une percée remarquable cette année avec une augmentation de 28% de ses dépenses militaires, suivie de l’Inde. À eux cinq, ils ont mobilisé 60 % des dépenses mondiales soit 1 635 milliards de dollars.
Cette augmentation des dépenses militaires en 2024 est générale avec plus d’une centaine de pays dont les budgets sont à la hausse. La priorité est à la sécurité par rapport aux autres besoins des populations. Ce mantra du tout militaire n’est pas seulement valable dans les pays en crise. Sur les injonctions de Donald Trump au dernier sommet de l’OTAN, tous les pays européens ont augmenté leurs dépenses militaires pour atteindre 2% de leur PIB et la cible est d’atteindre les 5% du PIB pour contenter le président américain pour qu’il ne les abandonne pas.
La course aux armements fait craindre le pire. C’est bien la première fois que les hommes (les responsables politiques et militaires américains) n’ont pas craint de s’attaquer à des sites nucléaires tout simplement parce qu’ils avaient des armes non encore utilisées en situation réelle de guerre comme le GBU-57 et les avions furtifs B2. Avec les jeux vidéo, beaucoup de commentateurs voient la guerre technologique comme une prouesse, et oublient les pertes en vies humaines.
Sana Guy
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
Commentaires récents