« Prise en charge du pied bot varus équin congénital idiopathique de l’enfant à l’hôpital Schiphra de Ouagadougou : expérience de l’ONG Hope Walks à propos de 304 cas ». C’est sur ce thème qu’Issaka Sankara a mené son étude. Il a soutenu sa thèse ce jeudi 10 juillet 2025, à l’unité de formation de recherche en sciences de la santé, au sein de l’université Joseph Ki-Zerbo. Elle a été présidée par le Pr Isso Ouédraogo (président du jury), avec le Dr Toussaint Tapsoba comme membre. Après avoir mené une défense audacieuse et remarquable sur sa thèse, il a été élevé au rang de docteur en médecine avec la mention « très honorable ».

Menée sous la direction du Pr Emile Bandré, chirurgien-pédiatre au Centre universitaire Sanou Sourou de Bobo-Dioulasso, enseignant à l’Unité de formation et de recherche en sciences de la santé à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, et du Dr Faïçal Oubda, manager de l’ONG et co-directeur de la thèse, Issaka Sankara a, à travers son étude, décrypté la prise en charge du pied bot varus équin congénital idiopathique de l’enfant et démontré que cette malformation dont souffrent certains enfants dès leur naissance est une maladie « stigmatisante ».

C’est une étude qui a eu pour objectif général d’évaluer l’expérience de l’ONG Hope Walks dans la prise en charge du pied bot à l’hôpital Schiphra de Ouagadougou.

Dr Issaka Sankara parle des objectifs, limites et résultats de son travail et préconise des solutions

Grâce à son travail, les aspects épidémiologiques, cliniques et psychosociaux par la méthode de Ponseti, ainsi que les vécus psychologiques des mères et des enfants atteints du pied bot ont été mis en exergue.

Sur les 304 cas sur lesquels portait l’étude, on enregistre 48 enfants guéris. Les recherches du Dr Sankara ont démontré une prédominance masculine et une fréquence élevée des formes bilatérales, mais aussi une souffrance des mères liée à la culpabilité due à cette malformation.

Par ailleurs, l’étude menée par le nouveau docteur a présenté des limites, dont la non-inclusion des mères, qui sont les premières à retenir les faits marquants.

Photo d’un enfant atteint du pied bot avant et après soins

À en croire l’impétrant, aucune cause de cette maladie n’est encore connue, d’où son terme « idiopathique ». Par conséquent, il va de soi que c’est aussi une maladie qui peut être héréditaire.

« À l’étape actuelle, on ne peut pas indexer une cause mais on continue de chercher. À travers l’histoire, les antécédents familiaux, on voit que plus un parent a le pied bot, plus il a la chance d’avoir un enfant qui a le pied bot. C’était le cas pendant notre stage à l’hôpital Schiphra, où nous avons eu le cas d’un père avec des pieds bots, qui a donné naissance à trois enfants avec cette malformation », a-t-il illustré.

Outre cela, Issaka Sankara a indiqué que même dans ce contexte limité, des résultats indéniables pourraient s’observer. Il préconise alors des soins bien structurés, un soutien ferme aux mamans dans cette situation mais aussi la formation des équipes.

« Les défis sont multiples et nos résultats mettent en lumière la nécessité d’une prise en charge multidisciplinaire : médicale, sociale et psychologique. Nous préconisons qu’on ajoute systématiquement la prise en charge psychologique des mères à la prise en charge des malformations », a-t-il suggéré.

Selon le professeur Émile Bandré, chirurgien pédiatre au Centre hospitalier universitaire Sanou Sourou de Bobo-Dioulasso, enseignant à l’Unité de formation et de recherche en sciences de la santé à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou et directeur de thèse du Dr Sankara, l’impétrant a une personnalité louable. Il est animé par un désir d’apprendre et de partager son savoir-faire.

En plus de cela, la motivation dont il a fait preuve les a conduits à lui confier ce sujet et à être son directeur de thèse.

Pr Emile Bandré, chirurgien-pédiatre au Centre universitaire Sanou Sourou de Bobo-Dioulasso, enseignant à l’Unité de formation et de recherche en sciences de la santé à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, directeur de thèse

« J’ai trouvé que c’était un étudiant qui était studieux, qui avait envie d’apprendre et qui est passionné par ce qu’il fait. C’est vraiment quelque chose qui m’a frappé. Le travail s’est très bien déroulé malgré le fait que je sois très mobile à cause de mes activités cliniques à Bobo-Dioulasso. Mais malgré cela, il s’est armé de courage et à chaque fois que je venais à Ouagadougou, il était toujours disponible, donc tout s’est très bien passé », a-t-il laissé entendre.

Au Burkina Faso, l’ONG Hope Walks agit en faveur des enfants atteints du pied bot depuis maintenant huit ans. Selon le Dr Faïçal Oubda, manager de l’ONG et co-directeur de la thèse, l’organisation a détecté et traité gracieusement près de 1 650 cas à ce jour.

« Depuis la première année jusqu’à maintenant, c’est autour de 300 à 400 enfants qui sont sortis hors de la file active de suivi et qui ont été déclarés guéris du pied bot. Donc nous avons autour de 1 200 enfants qui sont toujours dans la file de suivi. Il faut vraiment insister sur un suivi de qualité pour que les enfants puissent être définitivement débarrassés du pied bot et être guéris à l’âge de 5 ans », a-t-il laissé entendre.

Présent dans sept centres, Hope Walks compte élargir son champ d’action aux 17 régions du pays, afin de permettre à chaque enfant malade de bénéficier des soins. Dr Oubda n’a pas manqué de souligner que les soins sont entièrement gratuits.

Dr Faïçal Oubda, manager de l’ONG et co-directeur de la thèse

Pour sa part, Dr Jacob Sawadogo, directeur général de l’hôpital Schiphra, tout en félicitant le nouveau docteur pour le travail remarquable, indique qu’il a choisi un thème original et a fait des efforts pour obtenir des résultats de qualité dans des conditions difficiles. « Nous félicitons le Dr Sankara Issaka pour ce travail suffisamment singulier et qui mérite d’être apprécié à sa juste valeur. Il s’est intéressé à un thème qui n’est pas habituel et a accepté de travailler dans des conditions difficiles pour produire un travail d’excellente qualité. Le pied bot mérite notre attention au vu des résultats produits par la technique thérapeutique utilisée. Nous souhaitons bonne suite au Dr Sankara, en espérant qu’il devienne un jour un grand spécialiste du pied bot », s’est-il exprimé.

Issaka Sankara a été élevé au grade de docteur en médecine avec la mention « très honorable ».

Du reste, sa thèse sur le pied bot a renforcé son intérêt pour la pédiatrie, pour la rééducation fonctionnelle et pour la santé publique. À cet effet, il envisage à court terme de renforcer ses compétences dans la prise en charge des pathologies infantiles et à long terme de contribuer aux programmes nationaux de lutte contre les handicaps évitables, mais aussi de participer à la formation des jeunes professionnels de santé.

Muriel Dominique Ouédraogo/Anita Mireille Zongo (stagiaires)

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Source: LeFaso.net