L’Institut national des sciences des sociétés (INESS) organise les 10 et 11 juillet 2025 à Ouagadougou un colloque international sur le thème : « Langues, langages numériques, intelligence artificielle et éducation en Afrique ». La cérémonie d’ouverture a eu lieu dans la matinée de ce jeudi 10 juillet 2025 au sein de l’INSS, en présence des premiers responsables de l’institut et des représentants des ministres en charge de la recherche scientifique et de l’innovation, de la promotion des langues nationales et de la transition digitale.
L’objectif de cette rencontre internationale de réflexion et de partage est de permettre aux chercheurs et universitaires de proposer des réflexions pouvant aboutir à une exploitation intelligente et efficiente de l’intelligence artificielle (IA) en faveur de l’éducation en Afrique.
Pour ce faire, plusieurs dizaines de chercheurs, enseignants-chercheurs, doctorants et autres professionnels du Burkina Faso, du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Togo, de l’Algérie, du Gabon, de Madagascar, du Congo prennent part à ce colloque international qui permettra d’analyser donc les implications des langues, des langages numériques et de l’intelligence artificielle pour l’éducation inclusive de qualité en Afrique. Au total, 67 communications seront animées au cours de ces deux jours de réflexion.
Pour le Pr Jean Célestin Ki, conseiller technique, représentant le ministre de l’enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, ce colloque international se tient à point nommé avec des problématiques abordées qui sont d’actualité.
« Ce thème vient à point nommé. Comme vous le savez, le Burkina Faso s’engage avec détermination dans une refondation de ses fondements sociaux, culturels et politiques dans un contexte de résilience face aux défis sécuritaires, économiques et éducatifs. Le présent colloque s’inscrit dans cette dynamique nationale de reconstruction. Une reconstruction qui part de notre identité propre, de nos langues nationales, de notre capital humain et de l’appropriation des technologies numériques et de l’intelligence artificielle. Le thème de ce colloque met en lumière des axes stratégiques majeurs pour l’avenir du Burkina Faso et de l’Afrique entière. Nos langues, loin d’être de simples outils de communication, constituent de puissants leviers d’émancipation, d’innovation, de développement et de lutte », a-t-il avancé.

Le conseiller technique du ministre en charge de l’innovation a également indiqué qu’il est impératif que la science en Afrique s’exprime dans les langues africaines, qu’elle s’alimente des réalités sociales et culturelles africaines, tout en s’ouvrant aux outils technologiques contemporains comme l’intelligence artificielle. « L’intelligence artificielle peut être une science pour l’Afrique, à condition que nous ne soyons pas de simples consommateurs de technologies mais des concepteurs, des adaptateurs et des critiques constructifs », a-t-il précisé.
De son côté, Dr Aoua Carole Bambara, directrice de l’INSS et présidente du comité d’organisation, a laissé entendre que ce colloque s’inscrit dans un contexte africain en pleines mutations, marqué par des transformations profondes au plan politique, scientifique, culturel et technologique. L’objet de ce colloque, selon elle, c’est la valorisation des langues africaines dans les systèmes éducatifs et ensuite l’intégration raisonnée des technologies numériques, en particulier de l’intelligence artificielle, dans les processus d’enseignement et d’apprentissage. À l’entendre, ce colloque entend favoriser une réflexion critique et constructive afin de proposer des modèles éducatifs africains, des modèles renouvelés, ancrés dans nos langues, ouverts aux innovations technologiques et porteurs d’une éthique partagée du savoir et de l’apprentissage.

« La tenue de ce colloque entre dans le cadre de nos activités régaliennes. Nous avons une lettre de mission de notre ministère de tutelle et, le 17 juin dernier, a été mise en place la commission nationale des langues nationales qui travaille beaucoup sur la valorisation des langues nationales et sur l’éducation. Donc, l’organisation de ce colloque entre dans ce cadre. C’est également un acte patriotique en matière de recherche pas seulement pour le Burkina Faso mais aussi pour l’Afrique entière, parce que nous avons une vision assez commune qui est d’être assez producteurs de nos savoirs, de porter même la vision du continent, la vision des peuples. Parler de la vision des peuples, c’est parler de nos langues nationales et parler aussi du numérique qui a pris tout le terrain. C’est devenu transversal, même nos paysans utilisent le téléphone. Ce sont des canaux d’éducation qui ne sont pas forcément des contenus convenables pour l’éducation des enfants. C’est donc un cadre de réflexion scientifique et de partage avec les techniciens du numérique, de l’éducation, pour qu’ensemble, nous puissions générer de bonnes pratiques pour faire des recommandations à nos gouvernants afin de valoriser véritablement nos langues nationales, nos cultures, nos savoirs et aussi les résultats de recherche », a-t-elle expliqué.
La conférence inaugurale de ce colloque a été animée par le Dr Mamadou Lamine Sanogo sur le thème : « Forger l’avenir de l’éducation en Afrique à l’ère du numérique : langages numériques, IA et éducation en Afrique ».
Mamadou ZONGO
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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