Dado Jean-Noël Koussé a soutenu sa thèse de doctorat en sciences d’application pharmaceutique, ce jeudi 24 juillet 2025, à l’université Joseph Ki-Zerbo, sur le thème : « Exploration des effets sanitaires liés à l’exposition des producteurs de coton aux pesticides dans la région Centre-ouest, Burkina Faso ». Malgré l’inaccessibilité de certaines zones d’étude, le doctorant a pu réaliser ses travaux sous la direction du Dr Sylvain Ilboudo. Au terme des échanges qui ont duré plus de 4 heures de temps, le jury a élevé l’impétrant au grade de docteur, avec la mention très honorable.

Pour la réalisation de cette thèse, M. Koussé a mené son enquête auprès de 626 producteurs issus de 20 villages des provinces de la Sissili et du Ziro. « Nous avons évalué les effets des pesticides sur la fonction respiratoire, sur les biomarqueurs et également sur les facteurs génétiques, surtout l’ADN. Nous avons remarqué qu’il y a des signes de toxicité, que ce soit sur la fonction respiratoire, mais aussi sur l’utilisation des pesticides chimiques et même sur les utilisateurs biologiques », a-t-il trouvé comme résultats issus de sa thèse d’environ 300 pages.

« C’est précisément 394 producteurs de lopins conventionnels et 232 producteurs biologiques que nous avons enquêtés », Dado Jean-Noël Koussé

De ces recommandations, l’impétrant souhaite que soit renforcé le système de règlementation car, dit-il : « Beaucoup de pesticides ne sont pas homologués. Il y a des pesticides qui sont déjà interdits d’usage, mais qui sont toujours utilisés dans ces localités. En renforçant le système de règlementation des pesticides qui circulent au Burkina Faso, et en exigeant l’agrément des pesticides qui circulent avant d’autoriser l’utilisation. Cela permettra de réduire de façon significative les effets toxiques dus à l’utilisation des pesticides ». Il recommande par ailleurs que soit accentuée la sensibilisation sur les effets sanitaires potentiellement liés à l’exposition professionnelle des agriculteurs aux pesticides, afin de préserver la santé des agriculteurs et des populations.

De la gauche vers la droite, on a : Pr Jacques Simporé, Pr Pierre Guissou, le doctorant et Dr Sylvain Ilboudo

Rappelons que le jury de cette thèse avait comme président Pr Pierre Innocent Guissou (Burkina Faso). Il était assisté des Pr Jacques Simporé du Burkina Faso, Mamadou Fall du Sénégal et Laurence Huc de la France. Le directeur de thèse de l’étudiant était Dr Sylvain Ilboudo, toxicologue à l’IIRSS/CNRST. Tous dans l’ensemble ont apprécié la qualité du travail. « Les pesticides peuvent entraîner la mort. L’intérêt de cette étude est de connaître ces éléments qui peuvent être dangereux pour la santé des producteurs. Cela permettra de rechercher des solutions de prévention, chose faite par le candidat, pour que les producteurs ne tombent pas dans les maladies liées à l’utilisation de ces pesticides », a indiqué Pr Guissou, quant à la pertinence du sujet pour le pays.

Le président du jury, Pr Guissou, félicitant l’impétrant après la délibération

Selon Dr Sylvain Ilboudo, les relations de travail avec le désormais Dr Koussé n’ont pas été empreintes de difficultés. « C’est un homme studieux et à l’écoute de ce qu’on lui dit. Il est disposé à apprendre et à aller au-delà de ce qu’on lui demande de faire », s’est-il exprimé. Le Pr Jacques Simporé, lui, a, à la suite de ses pairs, salué l’engagement de l’impétrant qui, outre la recherche qui est un travail de longue haleine, s’est penché sur des réponses fiables, concrètes concernant l’aspect génétique. Doctorat en poche, Dr Koussé ambitionne d’enseigner ou de mettre ses compétences au profit de qui les voudrait, pour l’avancée de la science et pour le développement de son pays, le Burkina Faso.

Les jurés, l’impétrant et sa famille, ensemble sur la photo de famille

Erwan Compaoré

Lefaso.net

Source: LeFaso.net