Burkina : Le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix sur les traces de ses financements dans le Grand-Ouest

Sur le terrain, les échanges avec les populations et les visites des infrastructures ont permis de mesurer les avancées concrètes rendues possibles grâce à l’appui des gouvernorats, des Directions régionales de l’économie, des finances et de la planification (DREP) pour le compte du gouvernement et les Agences des Nations Unies et ONG avec l’appui technique et financier du Fonds pour la consolidation de la paix (PBF). En effet, le Burkina Faso, confronté à une crise sécuritaire depuis 2015, a mis en place le Programme d’urgence pour le Sahel (PUS). Ce programme vise à améliorer la sécurité, renforcer la résilience des communautés et promouvoir le développement durable dans les zones affectées par l’instabilité et les crises.

Les projets financés par le Fonds pour la consolidation de la paix viennent en appui au PUS-BF et font partie intégrante de la réponse du gouvernement pour adresser les causes profondes de la fragilité du pays dans le domaine de la consolidation de la paix. Ces ressources ont contribué à mettre en œuvre un certain nombre de projets qui ont renforcé la résilience communautaire dans plusieurs régions du pays, dont Tannounyan (ex-Cascades) et Guiriko (ex-Hauts-Bassins).

Cette mission conjointe s’est traduite par la visite de réalisations concrètes sur le terrain, comme en témoignent l’étape du village de Kossara, des communes de Niangoloko, Niankorodougou, Sindou et Bobo-Dioulasso.

Des réalisations concrètes au service des populations

Cette visite terrain a permis à la délégation de constater l’impact réel des projets financés et de s’assurer qu’ils répondent aux besoins des populations bénéficiaires et s’alignent parfaitement aux priorités nationales. Première escale de la mission, le village de Kossara. Sur place, la délégation a visité un forage récemment réalisé au profit de la communauté. Ce forage constitue un soulagement pour la population, notamment les femmes qui auparavant parcouraient de longues distances pour s’approvisionner en eau potable. Aujourd’hui, cette infrastructure facilite non seulement les tâches domestiques mais contribue également au développement d’activités agricoles et génératrices de revenus. Pour les femmes de Kossara, c’est une opportunité de renforcer leur autonomie économique et d’améliorer les conditions de vie de leurs familles.

L’un des points marquants de cette tournée reste l’appropriation des projets par les populations bénéficiaires elles-mêmes. À Kossara, par exemple, un comité de gestion communautaire, majoritairement composé de femmes et de jeunes, supervise l’entretien quotidien du forage. Mieux, à Kossara 20 ménages ont effectué un raccordement individuel à la suite de la construction du forage, ce qui permet de désengorger le seul site du forage et de réduire par la même occasion les conflits antérieurs d’exploitation des sources d’approvisionnement en eau. Finalement, en plus de servir de l’eau potable aux populations, le forage devient un facteur de cohésion sociale et de réduction de conflit lié à la gestion des ressources naturelles. À Niangoloko, la délégation s’est intéressée à deux sites emblématiques soutenu par le HCR sur financement du PBF. D’abord, le site maraîcher, piloté par un groupement de femmes, promeut les pratiques agricoles durables et la valorisation des cultures locales. Cette initiative participe à la sécurité alimentaire et à l’autonomisation économique des ménages en droite ligne de la priorité nationale en matière de souveraineté alimentaire.

Ensuite, le champ école agro-pastoral offre aux bénéficiaires la possibilité d’expérimenter des techniques agroécologiques innovantes, combinant agriculture et élevage. Ce modèle pédagogique contribue à renforcer les capacités locales et à promouvoir une agriculture résiliente face aux défis climatiques. Au-delà des infrastructures, des mécanismes locaux de prévention des conflits ont été mis en place à travers les Observatoires villageois de prévention et de gestion de conflits (OVIPREGEC), qui favorisent la cohésion sociale et la résolution pacifique des différends, notamment fonciers ou entre agriculteurs et éleveurs.

Dans la région des Cascades, la délégation a été accueillie par les autorités, qui ont salué l’engagement des partenaires techniques et financiers aux côtés des communautés. Ces derniers ont réaffirmé leur soutien et leur engagement à veiller à la bonne exécution des projets dans la localité. Cette tournée témoigne de l’importance des partenariats stratégiques du gouvernement pour impulser un développement inclusif et durable, tout en mettant l’accent sur l’autonomisation des femmes et la résilience des communautés rurales. « J’ai été marqué par l’engagement fort des gouverneurs et des présidents de délégations spéciales, qui connaissent en détail chaque projet. Leur implication garantit l’appropriation nationale avec l’opportunité d’une bonne intégration des actions au niveau régional et national et leur durabilité », a souligné Dr Constant N’Da, coordonnateur du PBF.

Depuis 2024, le Système des Nations-Unies au Burkina Faso renforce avec le gouvernement son cadre d’intervention vers trois grands programme transformateurs « flagships » notamment la stabilisation, le nexus humanitaire-paix-développement et la sécurité alimentaire. Dans cette perspectives, les projets actuels et futurs du portefeuille PBF au Burkina Faso resteront également alignés sur ces priorités stratégiques nationales. Au terme de cette tournée, la délégation repart satisfaite : sur le terrain, des femmes leaders, des jeunes motivés et des autorités impliquées travaillent main dans la main pour bâtir les fondations d’une paix et d’un développement durable dans les Cascades.

Cap mis sur la région du Guiriko (ex-Hauts-Bassins)

Après cette étape dans les Cascades, la délégation a mis le cap sur la région des Hauts-Bassins. À Bobo-Dioulasso, elle a pris part à une session de formation, destinée aux leaders communautaires, centrée sur des thématiques majeures telles que les droits politiques des femmes, la paix, la sécurité ainsi que la consolidation de la cohésion sociale.

A la suite de cette activité, la délégation a tenu une rencontre d’échanges avec les partenaires de mise en œuvre et les bénéficiaires du projet « Femmes, Paix et Sécurité ». Ce programme inscrit dans un agenda international, vise à intégrer une perspective de genre dans la prévention des conflits, la consolidation de la paix et la sécurité. Des structures comme OCADES, MWANGAZA ACTION et WANEP ont pris part aux discussions. Ensemble, elles ont dressé le bilan des acquis, identifié les défis persistants et formulé des recommandations pour un impact durable au profit des communautés.

Par ailleurs, la délégation a pu visiter à Bobo-Dioulasso le magasin de stockage des motos acquises dans le cadre du projet au profit des acteurs de la région des Cascades. Au nombre de 24, ces motos seront convoyées dans les Cascades dans les jours à venir, où le gouverneur sera chargé de la remise officielle.

La tournée s’est achevée par une visite de courtoisie au gouverneur de la région des Hauts-Bassins. L’autorité régionale a salué la démarche des partenaires et réaffirmé l’engagement des autorités locales à accompagner toutes les initiatives allant dans le sens du développement durable et de la paix. Le gouverneur de la région des Hauts-Bassins, Mariama Konaté/Gnanou, a exprimé son soutien aux projets en cours, soulignant l’importance de leur bon déroulement pour le développement local. Elle a souligné la nécessité pour les partenaires techniques et financiers d’examiner les interventions dans le domaine de renforcer la cohabitation entre agriculteurs et éleveurs, ces acteurs majeurs de l’économie de la région.

À travers cette tournée, les partenaires au développement ont réaffirmé leur engagement aux côtés du Burkina Faso, en soutien à ses efforts à renforcer la résilience des populations, à promouvoir la paix et à favoriser une participation accrue des femmes à la vie politique et communautaire.

Globalement, pour les membres de la mission, de cette tournée, il se dégage des dynamiques importants notamment, le leadership féminin et l’appropriation par les communautés elles-mêmes de la gestion des infrastructures sociales et économiques au service de la consolidation de la paix (forage, imprimerie). La délégation a noté également la nécessité de renforcer la communication autour des réalisations concrètes des projet et leurs impacts réels sur la vie des populations.

Romuald Dofini

Lefaso.net