Ce lundi 28 juillet 2025 se tient à Ouagadougou un atelier de lancement de concertations avec le patronat burkinabè sur la REDD+ et le marché carbone. Cette rencontre, en plus de constituer une opportunité d’amélioration continue de l’image des entreprises, ouvre des perspectives nouvelles aux patrons, mais aussi leur permettra de s’approprier le processus REDD+, tout en explorant les opportunités d’affaires qu’offre au Burkina Faso le marché carbone.

« Au Burkina Faso, le secteur agro-sylvo-pastoral emploie 85,2% de la population rurale, et occupe une place prépondérante dans le développement socio-économique. Cependant, les ressources naturelles dont dépendent les populations rurales subissent une dégradation continue sous l’effet anthropique, exacerbée par les effets néfastes des changements climatiques », a d’entrée de jeu rappelé Ousmane Bawar, directeur de cabinet du ministère en charge de l’environnement, représentant le ministre Roger Baro.

Selon ces dires, les superficies forestières se font de plus en plus rares. Une situation imputable à l’occupation des terres. L’analyse faite à ce propos révèle qu’entre 2000 et 2022, l’on a enregistré une perte moyenne annuelle de près de 110 997 ha de superficies forestières. « Cette perte a entraîné une baisse de 25,30% des superficies forestières par rapport à la superficie initiale en 2000, affectant ainsi les moyens d’existence des populations, surtout en milieu rural », a-t-il déploré à travers son allocution.

« Nous avons la responsabilité et l’opportunité de faire du marché carbone un levier de compétitivité, d’inclusion sociale et de résilience climatique », Ousmane Bawar

Par ailleurs, poursuit-il : « La planète Terre se réchauffe suite à l’accumulation dans l’atmosphère des gaz à effet de serre, dont près de 22% sont attribués aux émissions provenant de l’agriculture, de la foresterie et des autres utilisations des terres, selon le rapport de synthèse du sixième cycle d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié en 2023 ».

Face à ce tableau noir, l’État s’est donné pour objectif d’inverser la donne, et de réduire de manière drastique cette forte émission de gaz à effet de serre, conformément à l’objectif stratégique 4.5 intitulé : « Inverser la tendance de la dégradation de l’environnement et des ressources naturelles pour favoriser la résilience climatique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre ». L’heure patriotique pour reverdir le Faso, une initiative lancée par le président du Faso, a par exemple enregistré, sur une prévision de 5 millions, 5 713 542 plants mis en terre.

Une vue des acteurs présents à cette rencontre

Par ailleurs, avec le processus REDD+, qui est une initiative de la Convention-cadre des nations unies sur les changements climatiques, et qui vise à récompenser les pays qui s’engagent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre dues à la déforestation et à la dégradation des forêts, l’État a franchi des étapes importantes dans la lutte contre la déforestation et la promotion de la gestion durable des ressources forestières.

« Le mécanisme REDD+ permet en effet de générer des crédits carbones issus d’actions de conservation, de reforestation et de gestion communautaire des terres. Ces crédits ont une valeur sur les marchés internationaux, mais leur crédibilité repose sur la transparence, la rigueur et la participation inclusive des parties prenantes, notamment du secteur privé », a indiqué M. Bawar.

Ainsi, cette rencontre qui se tient en le 26 juillet 2025 permettra aux patrons de comprendre les avantages dont ils pourraient bénéficier en investissant dans le carbone. Et pour Adama Ouédraogo, secrétaire chargé de l’environnement et de l’énergie verte au sein du Bureau national du patronat, cette concertation multisectorielle et multi acteurs est plus qu’un simple rendez-vous d’information.

« Je réaffirme notre volonté de contribuer activement à la mise en œuvre du processus REDD+ et de la finance carbone », Adama Ouédraogo

« Elle nous permettra de nous approprier le processus REDD+ et d’explorer les opportunités d’affaires qu’offre à notre pays le marché carbone… Elle jettera les bases d’un pacte d’engagement entre les opérateurs économiques et les institutions publiques pour un Burkina Faso résilient, inclusif et durable… Elle permettra à chacun de se positionner dans un segment en fonction de ses intérêts, de ses capacités et de son secteur d’activité », a-t-il confié.

Échanger avec le secteur privé relève donc, d’après les dires de Mamadou Batiéné, secrétaire permanent de la REDD+, d’une nécessité. En clair, ce cadre sera l’occasion d’ancrer l’engagement des acteurs économiques dans les politiques climatiques nationales ; d’identifier des partenaires prêts à soutenir les projets REDD+ ; de renforcer la mise en œuvre de la contribution de ces acteurs au niveau national.

Et pour un homme d’affaires qui nourrit l’ambition d’investir dans le carbone, la première chose à faire est d’entrer en contact avec le ministère en charge de l’environnement. « Nous avons de l’expertise. On l’accompagnera à développer des projets carbones, selon les différentes méthodologies offertes, on valorisera ces efforts de réduction d’émission de gaz à effet de serre sur le marché carbone, et on mobilisera des financements qui serviront au développement du pays », a décrit M. Batiéné.

« Le patronat peut saisir cette opportunité pour bénéficier des ressources financières », Mamadou Batiéné

Erwan Compaoré

Lefaso.net

Source: LeFaso.net