L’activiste burkinabè Alain Christophe Traoré dit Alino Faso, en détention depuis six mois à Abidjan, est décédé par « suicide » le jeudi 24 juillet 2025, selon un communiqué du procureur de la République ivoirienne rendu public le 27 juillet 2025. Après cette annonce, le 28 juillet 2025, le gouvernement burkinabè, à travers un communiqué lu par son porte-parole Pingdwendé Gilbert Ouédraogo, a rejeté la thèse du suicide avancée par les autorités judiciaires ivoiriennes et parle de déni de justice dans le dossier, d’un crime assimilable à un assassinat crapuleux.

À l’issue du conseil des ministres tenu ce mercredi 30 juillet 2025, le gouvernement ivoirien a réagi au communiqué du gouvernement burkinabè, qui exigeait notamment plus de transparence dans le dossier et le rapatriement du corps.

Dans ses réponses aux questions des journalistes, le porte-parole du gouvernement ivoirien, Amadou Coulibaly a tout d’abord rappelé que Alino Faso n’est pas la première personne à avoir séjourné à l’école de Gendarmerie où il est mort. Pour lui, pour diverses raisons, certaines personnes sont amenées dans ce lieu de détention afin d’assurer leur sécurité.

« Dans le cadre des procédures, nous pouvons grâce à des décisions du procureur, maintenir certaines personnes pendant toute la période de la procédure. Donc, l’instruction était en cours, Alino Faso était en détention à l’école de gendarmerie », a-t-il précisé.

En ce qui concerne les exigences de transparence du gouvernement burkinabè, les autorités ivoiriennes disent faire confiance en leurs institutions et s’en tenir donc au communiqué du Procureur de la République.

« Nous nous en tenons au communiqué du procureur de la République. Ce communiqué du procureur est assez clair. Nous sommes un pays sérieux, le procureur reste quand même une personne assermentée et son communiqué est très clair sur les circonstances. Nous ne voyons pas pourquoi demander plus de transparence que cela. Ce serait remettre en doute notre institution, remettre en cause la transparence de nos institutions. Je le dis et je le répète, le chef de l’État (ivoirien) a réussi à mettre en place toutes les institutions de notre pays. Il a assuré à la justice son indépendance en refusant désormais d’assurer la présidence du Conseil supérieur de la magistrature qui est assurée par un magistrat. Tout cela pour garantir l’indépendance de la justice. Nous avons une justice qui est indépendante. Après, nous avons des relations diplomatiques, très certainement le ministère des affaires étrangères va saisir les autorités diplomatiques du Burkina Faso pour la suite de cette affaire mais pour l’heure, nous nous en tenons au communiqué du procureur de la République qui a été suffisamment clair sur le décès de Monsieur Traoré », a déclaré Amadou Coulibaly.

Tout en regrettant le décès d’Alino Faso, le gouvernement ivoirien assure que tout a été fait dans les normes.

Sur la question de savoir si cette affaire va davantage dégrader les relations diplomatiques entre les deux pays, le porte-parole du gouvernement ivoirien se veut un peu plus clair : « Aggravation des relations ? je ne sais pas si ça peut être pire qu’actuellement ».

Dans son communiqué, le gouvernement burkinabè a rejeté la thèse du suicide et parle plutôt « d’assistanat crapuleux « . Et pour les autorités ivoiriennes, le Burkina Faso n’est pas à sa première accusation contre elles. Le porte-parole du gouvernement ivoirien a également appelé à ne pas exploiter ce décès à des fins politiques.

« Nous ne sommes pas à la première accusation du Burkina Faso. Jusqu’à présent, nous attendons encore les preuves des tentatives de déstabilisation qui ont été annoncées par les autorites de ce pays ami et frère. Je ne voudrais pas engager de polémique, le procureur a fait un communiqué. Il n’aurait pas évoqué l’élément de suicide, s’il n’avait pas suffisamment d’éléments pour le dire. Je ne voudrais pas faire plus de commentaire sur ce décès malheureux. Mais il est seulement regrettable qu’on veuille exploiter à des fins politiques, le décès d’un être humain. C’est un homme qui est mort, c’est une famille qui est impactée. Il est mort malheureusement dans des conditions que nous connaissons. Il s’est donné la mort et cela rajoute à la tristesse de cet évènement. C’est malsain de vouloir l’exploiter à d’autres fins », a insisté Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement ivoirien.

Mamadou ZONGO

Lefaso.net

Source : Compte rendu du conseil des ministres du gouvernement ivoirien (Page Facebook de la Présidence de la République ivoirienne)

Source: LeFaso.net