Après la nouvelle du décès d’Alain Traoré dit Alino Faso, un communiqué des autorités burkinabè, lu par le ministre en charge de la communication, Gilbert Ouédraogo, réclamait le corps du défunt, ceci pour lui offrir des obsèques à la hauteur de son engagement pour le Burkina. C’était le 28 juillet 2025. Ce mercredi 30 juillet, c’était au tour de la Coordination nationale des associations de veille citoyenne (CNAVC) de porter le même message à l’ambassade de la Côte d’Ivoire au Burkina, à travers une marche pacifique. Les manifestants ont, par la même occasion, réclamé justice pour l’homme, connu pour avoir posé plusieurs actes de générosité dans son pays, le Burkina Faso.
Pour réclamer justice pour Alino Faso, ils sont des milliers à avoir exprimé leurs soutiens sur les réseaux sociaux. Et dans la matinée de ce mercredi 30 juillet 2025, c’est une marée humaine qu’a mobilisée la Coordination nationale des associations de veille citoyenne (CNAV), pour une marche sur l’ambassade de Côte d’Ivoire au Burkina Faso. Le rassemblement s’est fait tôt le matin, devant le mémorial Thomas Sankara. Et avant le début de la manifestation aux environs de 9h, quelques consignes ont été données. Les pancartes de manifestation qui n’ont rien à voir avec l’ordre du jour restent sur place. Seules les images à l’effigie d’Alino Faso suivront la marche.

Après les consignes, c’est en ordre de bataille, quadrillés de part et d’autre par des hommes chargés de la sécurité, à coup de slogans du genre : « Alino, justice », que les manifestants ont avancé vers l’ambassade de Côte d’Ivoire, sise derrière le ministère des Affaires étrangères du Burkina. Au tournant devant mener à la porte d’entrée se tenaient des membres de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) qui avaient, sur toute l’allée de chaque côté, déjà barricadé les routes. C’est là que sortiront les membres de l’ambassade pour entendre le cri de cœur des manifestants.
« Il y a de cela trois jours, nous apprenions, à travers les réseaux sociaux, une information bouleversante : l’assassinat brutal de notre frère, camarade de lutte et digne fils du Faso, Alain Christophe Traoré, connu sous le nom d’Alino Faso, alors détenu en Côte d’Ivoire », a débuté Ghislain Dabiré, membre de la CNAVC, avant de poursuivre : « Dans un premier temps, cette nouvelle, choquante et douloureuse, nous est parvenue de manière informelle. Mais très rapidement, les autorités burkinabè, à travers un communiqué officiel, ont confirmé l’information, ajoutant au choc une profonde indignation. »
Dans sa déclaration, la CNAVC regrette qu’aucun procès n’ait eu lieu à l’endroit d’Alino Faso, ce, malgré la patience des Burkinabè qui croyaient en un dénouement empreint de transparence. « Hélas, les autorités ivoiriennes en ont décidé autrement.
Alino Faso a été maltraité, torturé, puis exécuté froidement, sans qu’aucune preuve crédible n’ait jamais été portée à la connaissance de l’opinion publique. Un acte grave, une atteinte flagrante aux droits humains, mais surtout, un mépris total des relations fraternelles et diplomatiques entre nos deux pays », a déploré le porte-parole de la CNAVC.
Dans un contexte de crises multiples que traverse le pays, la CNAVC regrette que les soutiens du Burkina soient éliminés. « Aussi meurtris que sont les cœurs en de pareilles situations, le peuple burkinabè traverse en ce moment même des situations de vives désolations. Ce ne sont plus seulement des traîtres à la nation burkinabè qui trouvent refuge en terre ivoirienne, mais voilà maintenant que ceux qui défendent les causes justes, ceux qui soutiennent la révolution du peuple burkinabè, sont purement et simplement éliminés sur votre sol », déplore-t-elle.
Face à tout ce qui précède, bien des interrogations : « Est-ce cela, la nouvelle Côte d’Ivoire que le régime d’Abidjan veut incarner ? Une terre d’impunité, de terreur politique et de persécution ? » « Il n’y a pas si longtemps, les autorités burkinabè ont libéré des soldats ivoiriens qui avaient traversé notre territoire étant même armés sans un quelconque acte de barbarie. Le Mali, dans le même esprit de solidarité sous-régionale, a libéré 49 soldats ivoiriens qui foulaient l’aéroport international de Bamako à l’insu même des autorités maliennes pour des missions jusqu’à aujourd’hui inconnues. En retour, que reçoit-on ? Des assassinats politiques et des provocations diplomatiques », se désole la CNAVC.
La situation, selon la CNAVC, est intolérable. Et en exprimant son indignation, cette dernière ne mâche pas ses mots. « Elles (parlant des autorités ivoiriennes) ont non seulement failli à leur devoir de justice, mais elles ont aussi trahi les principes de fraternité et de solidarité africaines. » Ses exigences : « Que la lumière soit faite, immédiatement, sur les circonstances de l’assassinat de notre camarade Alain Christophe Traoré ; que le corps de notre camarade soit restitué sans délai aux autorités burkinabè et à sa famille, dans la dignité ; que les organisations de défense des droits humains, nationales, régionales et internationales, cessent leur silence complice et agissent avec équité, sans deux poids deux mesures ».

Erwan Compaoré
Anita Zongo et Murielle Dominique (stagiaires)
Crédit photo : Bonaventure Paré
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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