Que peut une image ? Que vaut une image ? 100 000 mots, une reconnaissance ? Ce que l’image de la bande de Gaza détruite n’a pas pu faire, ce que les images de milliers de Gazaouis morts n’ont pas pu arracher, l’image de l’innocence affamée et malnutrie est en passe de l’obtenir. Le pouvoir génocidaire de Netannyahou n’avait pas prévu cela. La famine organisée pour chasser les populations de Gaza est en train de devenir une arme contre ceux qui l’utilisent. Depuis l’annonce par la France de sa volonté de reconnaître l’État de Palestine à la 80ᵉ Assemblée générale des Nations unies en septembre 2025, les étoiles semblent s’aligner enfin pour la solution à deux États. En effet, depuis que Paris a décidé de ne plus fermer les yeux sur le génocide en cours, même s’il est pour une autre appellation, beaucoup de pays ont décidé que trop c’est trop, le gouvernement israélien et ses extrémistes allaient trop loin.
Vider Gaza de sa population par les armes et la faim, annexer la Cisjordanie et bien d’autres encore, puisque pour eux Israël devrait aller du fleuve Jourdain à la mer Méditerranée. Parmi les derniers États à se rappeler du droit international qui doit être la ligne de conduite de tout État, il y a le Royaume-Uni, qui a posé des conditions qui, si elles ne sont pas résolues, reconnaîtront l’indépendance de la Palestine, puis le Canada est entré dans la danse, et le Portugal aussi. Et l’Allemagne se tâterait. Si les choses vont à ce train en septembre à l’Assemblée générale des Nations unies, il y aura une ovation debout pour la Palestine et Israël et les États-Unis quitteront probablement la salle. Puisque les pays suivants vont le faire : Andorre, Australie, Canada, Finlande, Luxembourg, Malte, Nouvelle-Zélande, Portugal et Saint-Marin.
Avec ces annonces, nous serons à 160 pays sur 193 membres de l’ONU qui reconnaîtront la Palestine en septembre 2025, soit près de 83% des membres. Malgré ce fort pourcentage de pays favorables, la Palestine est seulement un État observateur à l’ONU depuis 2012, État partie au Statut de Rome de la Cour pénale internationale en 2015. Les États-Unis se sont opposés en avril 2024 à l’adhésion pleine et entière de la Palestine par un véto au Conseil de sécurité. Le président Trump, qui veut faire de Gaza une riviera, n’est pas pour l’indépendance de la Palestine et il menace le Canada parce qu’il y est favorable.
L’indépendance de la Palestine fait ses premiers pas en Afrique
L’État de Palestine a été porté au monde sur le sol africain en Algérie. Souvenez-vous, bonnes gens, c’est le 15 novembre 1988 à Alger que le Conseil national palestinien a déclaré unilatéralement l’indépendance de la Palestine par la voix du président de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) Yasser Arafat. On ne le dit pas assez, en Israël, tout le monde ne partage pas la politique qui a cours et le pays avait signé les accords d’Oslo en 1993, au terme desquels l’Organisation de libération de la Palestine avait reconnu l’État d’Israël pour la coexistence des deux États.
L’Algérie, pays hôte de la proclamation de l’indépendance, a été la première à reconnaître le nouvel État, mais dans les jours qui suivent, ils sont 75 à reconnaître l’indépendance de la Palestine, signe des temps et de l’époque différente que nous vivons aujourd’hui. Ces États témoignaient de leur attachement au droit international, en l’occurrence celui du droit à l’autodétermination du peuple palestinien, qui comprend celui de disposer d’une terre et de prendre lui-même les décisions qui le concernent. Les pays africains et ceux de l’Europe de l’Est ont été parmi les premiers pays qui ont reconnu la Palestine.
Ouagadougou, si je ne m’abuse, possède toujours une rue de la Palestine. Par contre le Fedayin qui trônait au rond-point devant l’école de la police, qui faisait partie des plus beaux monuments de la présidence de Thomas Sankara, a été enlevé.
L’humanité meurt en Palestine par l’action du régime israélien
Notre humanité est devenue incertaine, douteuse. Un Martien qui arriverait sur notre planète et nous regarderait vivre serait surpris par nos manières, notre indifférence à la souffrance du prochain, d’autres peuples, races et ethnies. Il se demanderait pourquoi nous aimons tant les guerres et comment l’autodestruction semble être une seconde nature pour nous. Comment apprécierait-il le génocide du peuple palestinien dans la bande de Gaza depuis plus de deux ans sans que les nations les plus fortes détentrices du droit de véto à l’ONU ne fassent rien pour y mettre un terme ?
Sans que les riches monarchies pétrolières et gazières du Moyen-Orient ne fassent rien pour mettre fin à la misère de ce peuple ? Il y a plus de deux mille ans, on s’interrogeait sur la connaissance du prochain. La question qui est mon prochain est toujours actuelle, et les bons Samaritains se font rares. Partout dans le monde il y a des gens révoltés, horrifiés par ce qui se passe à Gaza et dans toute la Palestine, mais pourquoi les choses ne changent pas ?
Israël a réussi à faire accepter par les élites en Europe et aux États-Unis son fameux droit à se défendre qui l’exonère de tout respect du droit international. On ne l’attaque pas, il se défend. Il agresse, il se défend. Aussi il peut faire des guerres préventives en Iran parce que ce dernier veut se doter de l’arme nucléaire, faire un génocide à Gaza parce qu’il veut en prendre possession après avoir tué depuis le 7 octobre 2023, 60 034 personnes et blessé 145 870 autres. Signalons que le Hamas avait fait ce jour une attaque terroriste qui a fait plus de mille morts et pris des otages.
Si la reconnaissance de l’État palestinien avance, la dénonciation des violations du droit international par Israël comme le génocide n’a pas la même popularité. C’est l’Afrique du Sud qui a pris seule la responsabilité de traîner Israël devant la Cour internationale de justice pour génocide dans la bande de Gaza en décembre 2023. Depuis des mandats d’arrêt ont été émis par le procureur de la Cour contre le Premier ministre israélien et son ministre de la Défense, pour crimes contre l’humanité.
Réunis les 15 et 16 juillet 2025 en Colombie à Bogota, co-organisé par la Colombie et l’Afrique du Sud en tant que coprésidents du groupe de La Haye, 20 pays se mobilisent pour contrer un « climat d’impunité » favorisé par Israël et ses alliés. La situation à Gaza est catastrophique : soit vous mourrez par les balles, soit par la faim.
Et la population est chassée pour être confinée dans 12% de la petite enclave. Le génocide est dénoncé par deux ONG israéliennes : B’Tselem et Physicians for Human Rights Israel (PHRI, Médecins pour les droits humains). Yuli Novak, directrice de B’Tselem dit : « En tant que personnes israéliennes et palestiniennes qui vivent ici et sont témoins de la réalité chaque jour, nous avons le devoir de dire la vérité avec clarté : Israël commet un génocide contre les Palestiniens. »
Sana Guy
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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