« Identification de biomarqueurs génétiques de l’hôte humain contribuant à l’apparition précoce du carcinome hépatocellulaire au Burkina Faso ». C’est le thème décortiqué par Véronique Sidnooma Zongo pour l’obtention du grade de Docteur de l’université Joseph Ki-Zerbo option : Biochimie-Microbiologie, spécialité : biochimie-biologie moléculaire et de génétique appliquée. L’étudiante de l’École doctorale sciences et technologies de l’université Joseph Ki-Zerbo a soutenu sa thèse de doctorat le mercredi 30 juillet 2025.
L’impétrante a expliqué les raisons pour lesquelles elle s’est intéressée à cette thématique. Elle a souligné que l’infection par le virus de l’hépatite B est prévalante en Afrique et plus particulièrement au Burkina Faso. La transmission est pour la plupart du temps verticale (de la mère à l’enfant). Ce qui signifie que la plupart des individus infectés l’ont été dès leurs naissances. Cette infection favorise le développement du cancer du foie chez certains d’entre eux.
Malheureusement, la majorité des patients qui développent ce cancer arrivent à l’hôpital lorsqu’ils sont en phase terminale. Une fois que le diagnostic est établi, la prise en charge devient alors difficile. Dans la plupart des cas, les patients décèdent précocement. C’est fort de ce constat que la doctorante a voulu, à travers ses recherches contribuer à inverser la tendance en proposant des solutions de santé en faveur des populations.
« On a d’abord commencé par comprendre ce qui fait que certains individus développent le cancer du foie suite à cette infection à travers deux études préliminaires. Il y a des individus qui ne développent pas ce cancer malgré l’infection. Certains éliminent naturellement le virus.
Notre première activité a consisté à comprendre cela et à trouver les facteurs qui y sont associés afin que les individus qui auraient les facteurs de prédisposition à faire les maladies graves puissent être suivis de près.
La deuxième activité a consisté à comprendre comment l’hépatite B contribue à la survenue du cancer du foie. Nous avons pu identifier des mutations génétiques qui sont associées à cela.

La troisième activité a consisté à explorer et identifier par analyse protéomique la présence de molécules dans le sang qui permettent de détecter le cancer à un stade précoce avant que les individus ne soient en phase terminale. Un panel de 08 huit protéines a été identifié et sont en cours de validation.
Nous avons recruté trois populations pour les trois activités. Pour la première, nous avons recruté 144 individus. Pour la seconde, nous avons recruté 97 individus et 100 individus pour la troisième », a détaillé Véronique Zongo.
La désormais Docteur a pour principal ambition « de vouloir aider dans le diagnostic précoce du cancer du foie à travers une simple prise de sang. Actuellement, on peut le faire grâce à une biopsie (un prélèvement du foie). J’ai pour ambition de faire des analyses par une simple prise de sang et à un stade précoce. Étant donné que je suis en recherche appliquée, je souhaite traduire les résultats de mes travaux en outil pratique. Ce qui va être une entreprise à vocation clinique afin de mettre en place des kits et une méthode de diagnostic de cette pathologie que nous allons mettre à la disposition des agents de santé », a-t-elle confié.
« Une étudiante très résiliante »
Au regard de la qualité de ses travaux, le jury a jugé son document recevable. Elle a été sanctionnée par la mention très honorable.
Le président du jury, le Professeur titulaire de bactériologie-virologie à l’université Joseph Ki-Zerbo, Mahamoudou Sanou a laissé entendre que le travail présenté par Véronique Sidnooma Zongo est original. Il a rappelé que la problématique du cancer interpelle tout le monde. Le travail de l’impétrante est donc un début de solution. Le président du jury a fait savoir que cette thèse est d’autant plus intéressante, car la plupart du temps, en ce qui concerne les problèmes génétiques, « nous n’avons pas toujours des références au niveau national. Nous nous basons sur les références d’autres pays. Et pourtant, il faut des références africaines qui vont nous permettre de trouver des solutions à l’interne en découvrant quels sont les facteurs qui favorisent ces cancers dans notre contexte. Il faut mettre en vigueur ces différents éléments qu’elle a présenté », a-t-il dit.
La directrice de thèse de l’impétrante, la Professeur titulaire de biochimie-biologie moléculaire à l’université Joseph Ki-Zerbo, Florencia Djigma a confié que « l’objectif pour nous, ce n’était pas de faire la recherche pour la recherche. Nous avons voulu que cette recherche soit utile à la société. Notre objectif est donc atteint. C’est une étudiante très résiliante et qui a une capacité d’adaptation. Le parcours d’une thèse n’est jamais facile. Mais, elle a toujours su se réadapter et a même proposé des solutions qui lui ont permis de progresser. Elle a une très grande curiosité scientifique », a-t-elle affirmé.
Véronique Zongo a remercié tous ceux qui de près ou de loin ont participé à la rédaction de sa thèse.
Samirah Bationo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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