Le Burkina Faso durcit le ton dans la lutte contre le tabagisme. À partir du 16 octobre 2025, il sera formellement interdit de fumer dans les lieux publics clos et les transports en commun, conformément au décret n°2025-0455. Pour préparer les acteurs concernés à l’application de cette nouvelle réglementation, la direction régionale de la santé du Guiriko a organisé ce jeudi 4 septembre 2025 à Bobo-Dioulasso une rencontre d’information et de sensibilisation à l’intention des propriétaires de lieux publics, des responsables de gares routières, des journalistes et des autorités chargées du contrôle.
Le Burkina Faso a ratifié la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac dès 2006 et adopté une loi spécifique en 2010. Le nouveau décret vient préciser et rendre plus strictes les interdictions, en vue de protéger les non-fumeurs. « Chaque année, près de 4 800 Burkinabè meurent des conséquences du tabac, dont 1 300 non-fumeurs. Il est donc de notre devoir de protéger ceux qui ne fument pas car ils ont le droit de respirer un air pur », a déclaré Éric Doyé, coordonnateur du programme national de lutte contre le tabac et les autres addictions.
Les responsables des maquis, bars, restaurants, gares routières et transports en commun devront se conformer à des règles strictes. Parmi celles-ci : l’installation d’affiches signalant l’interdiction de fumer, le retrait des cendriers et autres récipients destinés à la consommation du tabac, et surtout, la vigilance pour empêcher toute consommation de tabac dans leurs établissements. En cas de manquement, les sanctions prévues sont dissuasives : entre 50 000 et 200 000 FCFA d’amende pour les responsables, doublées en cas de récidive. Quant aux fumeurs pris en flagrant délit dans un lieu public, ils devront s’acquitter d’une amende forfaitaire de 15 000 FCFA. Des sanctions administratives supplémentaires peuvent également être prises.
Des contrôles inopinés à venir
Selon les organisateurs, des sorties de contrôle inopinées seront effectuées pour s’assurer du respect du décret. Les forces de sécurité, notamment la police et la gendarmerie, déjà formées, seront en première ligne pour l’application des mesures. « La loi est claire et nul n’est censé l’ignorer. Nous comptons sur les propriétaires des lieux publics et les syndicats de transport pour relayer l’information dans leurs réseaux afin que chacun se mette en conformité », a insisté M. Doyé.
Cette rencontre d’information a rassemblé une cinquantaine de participants, dont des représentants de la police, de la gendarmerie, des maquis, bars et gares routières ainsi que des journalistes. Elle a permis non seulement d’expliquer le contenu du décret, mais aussi de remettre aux participants des supports d’affichage destinés à leurs établissements.
Pour les organisateurs, l’enjeu est de taille : changer les comportements et assurer un environnement sain dans les lieux de forte fréquentation. « Cette réglementation n’est pas contre les fumeurs. Elle vise simplement à protéger les non-fumeurs et à garantir le droit de chacun à respirer un air non pollué par la fumée du tabac », a rappelé le coordonnateur national. M. Doyé a salué l’implication des médias dans la diffusion de l’information. « La presse joue un rôle essentiel pour informer le maximum de citoyens et faire connaître les sanctions. Sans elle, les efforts réglementaires resteraient lettre morte », a-t-il conclu.
Avec cette nouvelle étape, le Burkina Faso entend traduire en actes ses engagements internationaux dans la lutte contre le tabac et poser les bases d’une répression ferme contre les contrevenants, tout en sensibilisant la population sur les dangers du tabagisme passif.
Romuald Dofini
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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