Bobo-Dioulasso : Des jeunes filles leaders outillées pour renforcer leur pouvoir d'action citoyenne et politique

Au Burkina Faso, comme dans de nombreux pays, la représentativité des femmes dans les instances de décision reste faible. Si des avancées sont à noter, les obstacles structurels, culturels et économiques demeurent puissants et limitent la participation active des jeunes filles et femmes leaders à la vie politique et citoyenne. C’est pour répondre à ces défis que la CBDF et son partenaire AWDF multiplient les initiatives de formation.

Leur objectif est de donner aux jeunes femmes les moyens de mobiliser leurs communautés et de bâtir des alliances solides capables d’accroître leur influence et leur présence dans les sphères de décision.

Selon la formatrice Adèle Traoré, le thème de cette session est né des attentes exprimées par les participantes elles-mêmes. « Nous avons voulu renforcer leurs capacités en leadership pour une participation active et responsable. Le module actuel est le fruit de recommandations issues de formations précédentes. Il vise à développer leur pouvoir d’action à travers la mobilisation citoyenne et la construction de réseaux et d’alliances stratégiques », a-t-elle expliqué.

Une formation axée sur la pratique et l’action

Pendant deux jours, les participantes seront initiées à deux modules principaux. Le premier, consacré à la mobilisation citoyenne et communautaire, leur permettra d’apprendre à élaborer des arguments solides autour d’une cause d’intérêt commun et à engager leurs communautés dans des actions collectives. Le second module, centré sur la construction de réseaux et d’alliances, va mettre en lumière l’importance du travail collaboratif.

La méthodologie adoptée va privilégier une approche participative, notamment des échanges interactifs, des études de cas, des travaux de groupe et des témoignages de modèles inspirants. L’objectif étant de concilier théorie et pratique afin que les jeunes filles puissent immédiatement appliquer les connaissances acquises dans leurs communautés.

À l’issue des deux jours, les participantes devraient être capables de planifier et mener des actions de mobilisation sur le terrain ; élaborer des plans de mobilisation communautaire ; identifier et collaborer avec au moins cinq partenaires stratégiques ; et créer un réseau interne d’entraide et de collaboration.

Pour Momo Ibaranté, membre du conseil d’administration de la CBDF, cette initiative s’inscrit dans la continuité d’un engagement fort de la coalition depuis 2022. « Depuis 2022, avec l’appui de notre partenaire AWDF, nous outillons des jeunes filles afin qu’elles puissent agir et prendre leur part dans la vie politique et citoyenne. Notre principale attente est qu’elles mettent en pratique les acquis, qu’elles forment des alliances solides et influencent durablement les décisions politiques, d’abord au niveau local puis à l’échelle nationale. »

Une jeunesse motivée et confiante

Les jeunes filles leaders présentes à Bobo-Dioulasso n’ont pas caché leur enthousiasme ni leurs ambitions. Pour Farida Yasmine Gomina, animatrice auprès des enfants, ces sessions sont un véritable levier d’engagement. « Ces formations me permettent de transmettre aux jeunes ce que j’ai appris et de promouvoir la cohésion sociale. Nous voulons sortir de la théorie et appliquer directement dans la vie quotidienne les outils de mobilisation et d’engagement communautaire », a-t-elle laissé entendre.

Même écho chez Arlette Ganou, professeure vacataire et entrepreneure. « Nous allons sortir grandies de cette formation pour servir notre communauté et défendre la cause commune. C’est une belle préparation de la relève pour que, demain, nous occupions notre place dans la vie citoyenne et politique », a-t-elle indiqué.

Cette session de Bobo-Dioulasso n’est pas isolée. Elle fait partie d’un cycle de trois formations organisées entre août et septembre 2025 dans les communes de Bobo-Dioulasso, Koudougou et Manga. Au total, près de 90 jeunes filles leaders bénéficieront de ces sessions. Ainsi, la CBDF espère non seulement renforcer le leadership féminin, mais aussi « créer une nouvelle génération d’actrices capables d’impulser un véritable changement social et politique ».

Au sortir de ces deux jours d’échanges et d’apprentissage, « l’espoir est que les participantes repartent plus confiantes, mieux outillées et résolues à mener des actions concrètes dans leurs localités respectives. En un mot, à devenir de véritables actrices du changement », a souhaité la formatrice.

Romuald Dofini

Lefaso.net