Entrepreneure engagée et femme de cœur, Denise Koudougou Oulon, plus connue sous le nom de Atti Oulon, refuse de dissocier son combat individuel de l’utilité sociale. De son Nahouri natal à Manga, en passant par d’autres régions du pays, elle a multiplié les initiatives pour donner corps à ses ambitions et participer au développement du Burkina. Aujourd’hui implantée dans divers secteurs d’activités, elle est une dame respectée pour son sens du partage et sa détermination à bâtir un avenir inclusif.

Très tôt, Denise Oulon apprend à se battre. À peine âgée de 20 ans, elle s’initie au monde du travail à travers le transit, sans diplôme mais avec une volonté de fer. « Chaque vacance, je me mettais à aller en frontière pour être ‘‘poursuivante » », raconte-t-elle. Cette expérience, qu’elle qualifie de rude mais formatrice, la prépare à affronter les aléas de l’entrepreneuriat. Son parcours n’est pas linéaire. Salons de coiffure, boutiques de pagnes, entreprises solaires… autant d’essais qui, parfois, n’aboutissent pas. Mais chaque échec était, selon elle, une école de résilience. « On tombe, on se relève. Souvent, on n’en a même pas le temps pour se relever, mais on se bat toujours », dit-elle, ajoutant qu’elle a encore du chemin à parcourir.

Avec le temps, Denise Koudougou Oulon structure sa vision. Elle veut entreprendre, mais surtout, elle veut décentraliser l’entrepreneuriat. Pour elle, il est inconcevable que toutes les activités économiques, éducatives et culturelles se concentrent uniquement dans la capitale. C’est dans cette logique qu’elle implante ses projets à Manga, dans le Zoundwéogo. Elle y développe la Vallée des Vins, un espace récréatif devenu incontournable, et fonde un établissement scolaire, le lycée Atti la Grâce, qui offre une formation générale et technique aux jeunes. Elle représente également une société étrangère dans le domaine des technologies, diversifiant ainsi ses champs d’action.

L’Association Burkinbila lui a décerné un trophée le 26 janvier 2025 à l’occasion de la septième édition de la Nuit de la Reconnaissance Burkinbila. C’était en reconnaissance de ses actions en faveur des personnes vulnérables et de la promotion de la paix et du vivre ensemble.

Mais c’est surtout dans le secteur de la gastronomie que son empreinte s’affirme aujourd’hui, avec une offre qui contribue à dynamiser la ville et à répondre aux besoins des populations locales. « Quand je sillonne le Burkina, je vois que dans les provinces, les gens peinent à avoir des coins pour bien manger ou se restaurer. Quand on décentralise, on valorise les régions et on appelle d’autres à emboîter le pas », explique-t-elle.

Au service du social

Au-delà des affaires, Denise Oulon reste profondément attachée à l’humain. Depuis 2022, elle s’investit sans relâche dans le soutien aux Personnes déplacées internes (PDI), aux personnes vivant avec un handicap et aux Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) du Nahouri. Son aide, souvent discrète, se traduit en dons matériels, en accompagnement moral et en initiatives qui participent à la cohésion sociale et à la promotion de la paix.

Parmi ceux qui croisent sa route, certains retiennent de Atti Oulon une personne généreuse et profondément humaine. C’est aussi le témoignage du journaliste culturel Abatidan Casimir Nassara, qui a collaboré à plusieurs de ses initiatives. « Atti Oulon, c’est une femme très engagée dans le social, sensible à la souffrance d’autrui. Il lui arrive même de ne pas retenir ses larmes devant certaines situations », déclare-t-il à propos d’elle.

Mais au-delà de sa sensibilité, selon lui, Atti Oulon se distingue par sa force de travail et son exigence. « Elle veut toujours le travail bien fait, et n’hésite pas à hausser le ton lorsque les choses ne se passent pas comme prévu », explique le journaliste. Il souligne d’ailleurs que son engagement dans la culture a marqué de nombreux artistes musiciens, dont elle a soutenu les carrières. Ce dévouement lui a valu la reconnaissance officielle de l’Association des jeunes musiciens du Burkina, qui lui a offert un disque d’honneur. Pour M. Nassara, il ne fait aucun doute qu’Atti Oulon est une femme « sociable, humble et généreuse » et une alliée précieuse pour la culture burkinabè.

Atti Oulon est une femme « sociable, humble et généreuse », selon le journaliste Abatidan Casimir Nassara

Entre vie personnelle et publique, la persévérance

Derrière la femme d’affaires et la bienfaitrice se tient aussi une épouse et une mère qui a su trouver l’équilibre grâce à un socle de confiance familiale. « Être femme et concilier foyer et activités, ce n’est pas évident. Mais quand il y a la confiance déjà basée sur l’époux et la femme, cela devient plus facile », confie-t-elle. À ceux qui l’interrogent sur les clés de son parcours, Denise Oulon répond qu’il faut de « la confiance en soi et de la foi en Dieu ». Pour elle, entreprendre n’est pas un luxe mais une lutte quotidienne.

« On ne crée pas une entreprise et puis on s’assoit. Il faut chercher, se battre, trouver des clients, aller vers des partenaires », insiste-t-elle. Ce message, elle le répète inlassablement à la jeunesse. Aux jeunes qui baissent vite les bras, elle rappelle que l’échec n’est pas une fin mais un passage. « Même si c’est des arachides que tu veux vendre, il ne faut pas penser que dès que tu commences, ça va marcher. Il faut persévérer », ajoute la jeune dame.

Entrepreneure culturelle

Le souci de créer des espaces de valorisation culturelle n’est pas qu’un idéal pour Denise Oulon. Il prend forme dans des projets concrets. L’une des matérialisations est le Festival des Terres du Nazinon, qu’elle porte avec conviction aux côtés de ses partenaires. Prévu du 23 au 26 octobre 2025 à Manga, cet événement se veut à la fois une vitrine du patrimoine local et un cadre de dialogue pour renforcer la cohésion sociale. Il est placé sous le thème « Valeurs endogènes, socles de cohésion sociale et d’unité nationale ». Des concerts d’artistes nationaux, des panels sur le vivre-ensemble, des expositions artisanales, une rue marchande, des activités sportives et des excursions touristiques ponctueront ces quatre jours.

Denise Koudougou Oulon et son comité d’organisation donnent rendez-vous du 23 au 26 octobre 2025 à la place de la Nation de Manga pour la 1ʳᵉ édition du Festival des terres du Nazinon

Au-delà du divertissement, Denise Oulon insiste sur l’importance de reconnecter les communautés à leurs racines et de donner aux jeunes et aux femmes des espaces pour s’exprimer et contribuer à l’unité nationale. Fidèle à sa démarche, elle veille à ce que le festival soit ancré dans les traditions locales. Les chefs coutumiers et les autorités ont été associés dès le lancement officiel, marquant ainsi l’adhésion de la communauté. Pour elle, cette initiative dépasse l’organisation d’un simple rendez-vous festif. « Il s’agit d’installer durablement un événement fédérateur qui, année après année, contribuera à écrire une nouvelle page du rayonnement culturel du Nazinon et du Burkina Faso tout entier », a-t-elle spécifié.

Dans un contexte marqué par l’insécurité et les difficultés économiques, Denise Koudougou Oulon souhaite voir beaucoup plus de femmes émerger. Pour elle, l’avenir du pays dépendra de la capacité de chacun à s’engager, à entreprendre et à bâtir malgré les obstacles.

Farida Thiombiano

Lefaso.net

Source: LeFaso.net