Dans le cadre des activités du Salon international du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou (SITHO 2025), un atelier de formation s’est ouvert les 26 et 27 septembre à Ouagadougou au profit des acteurs de la filière voyages et circuits. Pendant deux jours, ces professionnels venus du Burkina Faso et d’autres pays africains, notamment du Mali, prennent part à une session consacrée à l’élaboration et au développement de produits touristiques.

L’objectif de cette rencontre est de doter les participants de connaissances pratiques et d’outils méthodologiques pour concevoir des produits touristiques compétitifs, innovants et adaptés aux attentes d’une clientèle en constante évolution. La session du premier jour a particulièrement porté sur les stratégies de conception et les étapes clés du développement d’un produit touristique.

Pour Rachel Monniet, représentante de l’ONU Tourisme, une des formatrices, cet atelier s’inscrit dans les grandes priorités définies par les États membres africains. « Promouvoir la marque Afrique, valoriser la culture et le patrimoine, autonomiser les jeunes et les femmes par le tourisme, renforcer la résilience des communautés à travers une meilleure gestion de la communication de crise… Voici quelques-unes des priorités de notre programme d’action. Cette formation vient toucher plusieurs de ces axes, tout en restant pratico-pratique », a-t-elle expliqué.

Rachel Monniet (à gauche) et Dominique Verdugo (à droite), les deux formatrices de cette session

ONU Tourisme, anciennement Organisation mondiale du tourisme, intervient, selon elle, aussi bien sur le plan institutionnel que technique, avec une volonté d’accompagner les pays africains à repenser l’image de leurs destinations et à développer un tourisme plus inclusif.

Des enjeux multiples pour le secteur

Les débats ont également été nourris par l’intervention de Dominique Verdugo, experte en développement touristique, qui a rappelé les impératifs liés à l’évolution du secteur.

Selon elle, le développement de nouveaux produits ne peut se faire qu’en tenant compte de plusieurs facteurs : un marché en perpétuelle mutation, les tendances géopolitiques et sécuritaires, mais aussi les évolutions technologiques. « Nous avons besoin d’une étude de marché à jour, d’un alignement sur la politique nationale et le cadre institutionnel, et surtout d’une meilleure compréhension des attentes des clients », a-t-elle indiqué.

Aujourd’hui, a-t-elle poursuivi, « la clientèle recherche de l’immersion, des expériences authentiques et des services écoresponsables. Il faut proposer des produits digitaux, rentables, pérennes et qui se démarquent de la concurrence. » Dominique Verdugo a mis un accent sur la nécessité pour les opérateurs de diversifier leur offre, d’intégrer des indicateurs de performance et de développer une identité forte pour chaque produit touristique.

Les attentes et impressions des participants

Au-delà des concepts et des orientations stratégiques, l’atelier se veut aussi une opportunité de réseautage et de partage d’expériences. Pour Wendyam Isac Zango, promoteur d’agence de voyage World Connect et secrétaire général de l’Association des professionnels de voyage et de tourisme du Burkina Faso, la formation apporte déjà un éclairage concret.

« C’est une formation de renforcement des capacités qui prend en compte les dimensions environnementales, économiques et qualitatives. Elle met aussi l’accent sur l’innovation. Cela va nous permettre d’être plus performants dans l’élaboration et la proposition des circuits touristiques », a-t-il confié.

Wendyam Isac Zango, secrétaire général de l’Association des professionnels de voyage et de tourisme du Burkina Faso

Yvette Hien Gbian, fondatrice de Phoenix Business Travel & Tour, insiste sur l’importance de cette formation dans un contexte où le secteur touristique burkinabè cherche à se relever. « Depuis la covid-19 et la crise sécuritaire, le tourisme a fortement baissé. Aujourd’hui, grâce aux améliorations notées, nous devons développer davantage le tourisme interne. Cette formation nous donne les outils pour créer et vendre des circuits adaptés aux réalités actuelles et répondre aux attentes de notre clientèle », a-t-elle souligné.

Yvette Hien Gbian, participante à la formation et fondatrice d’une agence de voyage, a salué l’idée de cet atelier

La dimension régionale de l’atelier a été particulièrement saluée par les participants venus du Mali. Moussa Diallo, directeur général de Galaxy Travel and Tour Service, s’est dit satisfait de la pertinence de cette initiative. « Nous sommes quatre opérateurs maliens à participer à cette formation, et nous estimons qu’elle vient à point nommé. Elle va contribuer à booster le tourisme dans le Sahel, à améliorer nos connaissances et à mieux valoriser les parcours touristiques de nos pays », a-t-il déclaré.

Pour lui, le développement du tourisme interne, aujourd’hui considéré comme une priorité dans l’industrie, trouvera un nouvel élan grâce à ce type d’accompagnement. « Le tourisme domestique verra vraiment de beaux jours si nous poursuivons dans cette direction », a-t-il ajouté, encourageant les autorités à multiplier ce genre d’initiatives.

Moussa Diallo est venu du Mali et participe à cette formation

De façon globale, les participants s’accordent à dire que cette formation leur permettra de mieux planifier les programmes de leurs clients, de mieux comprendre les circuits touristiques, de perfectionner leur communication en période de crise et surtout d’améliorer la qualité des services offerts aux visiteurs.

Au-delà des attentes individuelles, l’atelier contribue à poser les bases d’une plus grande compétitivité du secteur touristique africain. En misant sur des produits mieux pensés, ancrés dans les réalités locales mais ouverts aux exigences internationales, les acteurs du tourisme espèrent faire de leurs destinations respectives des pôles attractifs et durables.

Farida Thiombiano

Lefaso.net

Source: LeFaso.net