La capitale burkinabè, Ouagadougou, est depuis ce 29 septembre 2025, le centre d’un dialogue continental majeur. Elle abrite le Forum de haut niveau sur la lutte contre la sécheresse en Afrique de l’Ouest, baptisé Defying Drought, qui réunit pendant deux jours des centaines de participants venus du Sahel et d’autres régions du monde. L’événement, est coorganisé par le groupe de la Banque mondiale, le gouvernement du Burkina Faso et l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE).
La sécheresse est l’un des défis les plus pressants auxquels l’Afrique de l’Ouest est confrontée. Sa fréquence et son intensité s’accroissent sous l’effet du changement climatique, de la dégradation des terres et d’une démographie galopante. Les conséquences sont dramatiques : sols appauvris, récoltes compromises, moyens de subsistance fragilisés, poussée migratoire et instabilité sociale. Selon la Banque mondiale, la fréquence des sécheresses extrêmes a bondi de 23 % en quelques décennies et lorsqu’un tel épisode frappe, le PIB par habitant peut chuter d’un point. C’est pour répondre à cette urgence que le forum Defying Drought a été initié. Il ambitionne de mobiliser près de 300 décideurs, experts et partenaires techniques afin d’explorer des solutions pratiques et partagées autour de quatre axes : la surveillance et prévision de la sécheresse, la gestion proactive et le stockage de l’eau, la conservation des paysages et de l’agriculture, ainsi que le financement de la résilience et de la relance post-sécheresse.

La cérémonie d’ouverture a été marquée par la lecture du discours officiel du Premier ministre, Rimtalba Jean-Emmanuel Ouédraogo, par le ministre de l’économie, des finances et de la prospective, Dr Aboubakar Nacanabo, qui le représentait. Dans son allocution, le Premier ministre a rappelé que la sécheresse ne devait pas être considérée uniquement comme un problème environnemental, mais aussi comme une menace pour la stabilité économique et sociale de la région. « La sécheresse pèse sur nos finances publiques, sur la santé des populations et sur la paix », a-t-il souligné, appelant à « appréhender cette question comme un enjeu de sécurité nationale et régionale ».
Il a également mis en avant les initiatives déjà engagées par le Burkina Faso sous l’impulsion du président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, notamment l’initiative présidentielle pour l’autosuffisance alimentaire, la bataille pour l’eau, la reconstitution de la couverture végétale, ainsi que la participation active du pays à la Grande muraille verte. « Mais nul ne peut affronter seul un défi aussi vaste. D’où l’importance de renforcer la coopération régionale et internationale », a-t-il insisté, invitant les participants à faire du forum « un acte de volonté collective et un héritage de résilience pour les générations futures ».

La création d’un Centre régional africain de l’eau
L’un des temps forts de cette première journée a été la signature d’un protocole d’accord entre la Banque mondiale et le gouvernement burkinabè pour la création du Centre régional africain de l’eau (CREA). Ce centre, qui sera hébergé à l’Institut 2iE à Ouagadougou, ambitionne de devenir un pôle d’excellence continental. Il servira à la fois de centre de recherche, d’innovation et de formation pour les décideurs et futurs cadres africains dans le domaine de la gestion durable de l’eau. Selon le vice-président régional de la Banque mondiale, Ousmane Diagana, présent à la cérémonie, le CREA doit permettre « de renforcer la résilience de la région face à la sécheresse en créant un espace d’innovation et de partage d’expériences Sud-Sud ».

Après les discours et les échanges institutionnels, la première journée du forum s’est conclue par une activité symbolique. Le ministre de l’environnement, de l’eau et de l’assainissement, Roger Baro, accompagné d’une délégation de la Banque mondiale et de plusieurs participants, s’est rendu dans le quartier Nagrin, à Ouagadougou, pour y planter des arbres dans un bosquet. Cet acte, au-delà de sa portée écologique, a été présenté comme un symbole d’engagement collectif en faveur de la reconstitution du couvert végétal et de la lutte contre la désertification. « Planter un arbre, c’est investir dans l’avenir, c’est donner un signe concret de notre volonté de vaincre la sécheresse », a déclaré un participant à cette activité.
Les échanges, qui se poursuivent jusqu’au 30 septembre, doivent aboutir à des recommandations fortes et à une feuille de route commune pour renforcer la résilience des pays du Sahel face à ce défi climatique majeur.
Farida Thiombiano
Lefasonet.
Source: LeFaso.net
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