À Ouagadougou, des gérants de parkings ne respectent pas les dispositions de l’arrêté portant fixation des tarifs de services de parking. Ils continuent d’imposer leurs propres prix, en toute impunité. Une situation qui frustre les usagers, qui reprochent aux autorités municipales l’insuffisance de contrôles.

Lors de la 15ᵉ édition du Salon international du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou (SITHO), qui s’est déroulée du 25 au 28 septembre 2025 dans l’enceinte du SIAO, nous avons été témoins d’une discussion tendue entre un journaliste et un parkeur. Le journaliste, en mission pour couvrir l’événement, gare sa moto et s’entend dire que le tarif du parking est de 200 F CFA.

Surpris, il rappelle au parkeur que le tarif officiel est de 100 F CFA. Le ton monte. Le parkeur, visiblement sûr de lui, rétorque : « La mairie elle-même sait que ce n’est possible. Si on vole ta moto ici, ce ne sont pas les textes de la mairie qui viendront m’aider à rembourser ! »

Et le journaliste de répondre : « Quand on vous confie nos engins, ce n’est pas pour que vous les laissiez aux voleurs. À vous de savoir bien les garder. Les textes ne sont pas faits pour les animaux. »

« En attendant, vous allez payer les 200 », répliqua le parkeur. Et le journaliste de s’exécuter. Il a sans doute repensé à ce drame survenu en août 2022 devant un restaurant, au quartier Larlé, lorsqu’un parkeur avait ôté la vie à un client pour une querelle autour de 100 F.

Depuis les arrêtés municipaux n°2015-033/CO/M/CAB/DAJC du 13 mars 2015 et n°2015-119/CO/M/CAB/DAJC du 28 août 2015, les tarifs de stationnement sont pourtant fixés de manière précise dans la commune de Ouagadougou. Mais sur le terrain, la réalité est toute autre. À chaque événement, au marché, ou même au cimetière, des “parkeurs” improvisés fixent des prix selon leur humeur, souvent au mépris total de la réglementation.

Les usagers, souvent mal informés, se retrouvent contraints de payer le prix fort pour éviter des altercations. Rares sont ceux qui osent contester une tarification abusive.

Une responsabilité partagée

Si certains gérants de parkings profitent du désordre pour s’enrichir, la responsabilité incombe aussi aux autorités communales. La mairie reconnaît d’ailleurs, dans un récent communiqué, avoir constaté des pratiques contraires aux arrêtés municipaux. Dans certains établissements sanitaires comme les hôpitaux Paul VI, Schiphra, Saint-Camille et le CHU-Yalgado Ouédraogo, les tarifs officiels sont aujourd’hui globalement respectés, même s’il fut un temps où des usagers se plaignaient des tarifs de 100 F CFA au lieu des 50 F prévus pour les formations sanitaires.

Il faut renforcer les contrôles sur le terrain. Les descentes inopinées peuvent se faire en tenue civile, surtout lors des grands événements, où les abus sont les plus fréquents. Cela devrait permettre de dissuader les pratiques illégales. La régulation du stationnement fait partie intégrante de la politique de mobilité urbaine. Et il faut y veiller.

Les parkings doivent afficher de manière visible et lisible les tarifs officiels. La mise en place d’un numéro vert permettant aux usagers de signaler les cas de non-respect des textes renforcerait la transparence et la réactivité de l’autorité communale.

Il faudrait augmenter les amendes et retirer les agréments aux récidivistes. En septembre 2023, la police municipale avait recensé 14 parkings en infraction. Les responsables encourent une amende de 24 000 F CFA ou le retrait de leur agrément. Il faut durcir les sanctions.

Certains estimeront qu’il existe des problèmes plus urgents dans ce pays que celui des parkings. Pourtant, on ne mesure pas toujours l’impact économique de cette situation. Les frais de stationnement peuvent grimper jusqu’à 500 F CFA par jour. C’est une dépense qui grignote peu à peu le pouvoir d’achat des citoyens.

De grâce !

Nul n’est contre les gérants de parkings. Nous sommes conscients que le travail qu’ils abattent n’est pas de tout repos. Mais quand des textes existent, il faut les respecter. Ni plus ni moins. Et s’ils jugent les tarifs inadaptés, les gérants disposent de voies légales pour faire entendre leurs revendications.

Les fêtes de fin d’année approchent à grands pas. C’est un moment propice pour les gérants de se frotter encore les mains. Il faudra que l’autorité ouvre, non pas l’œil, mais les yeux pour traquer les contrevenants. Nous sommes dans le même Burkina et c’est dur pour tous. De grâce !

HFB

Lefaso.net

Source: LeFaso.net