Du 16 au 18 octobre 2025, une session de renforcement des capacités conjointes entre le Conseil constitutionnel et le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) se tient à Koudougou. Pendant ces trois jours, magistrats, conseillers et experts se penchent sur les enjeux contemporains de la gouvernance constitutionnelle et judiciaire au Burkina Faso.

C’est une rencontre première du genre, qui marque une étape importante dans la consolidation de l’État de droit et la synergie entre deux institutions clés du système républicain. Organisée avec l’appui technique et financier du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), et l’accompagnement de l’Institut pour le développement en économie et en administration (IDEALE) ainsi que du Centre national d’études stratégiques (CNES), la session de formation vise à renforcer la maîtrise des dynamiques institutionnelles et du droit constitutionnel dans un contexte national marqué par des mutations profondes.

Dans son discours d’ouverture, le président du Conseil constitutionnel, Maître Barthélémy Kéré, a souligné toute l’importance de cette rencontre conjointe. « C’est la première fois que le Conseil constitutionnel et le Conseil supérieur de la magistrature se mettent ensemble pour organiser une session de formation. L’objectif, c’est de voir comment nos deux institutions, dans le contexte actuel, peuvent travailler à atteindre les objectifs fondamentaux que nous avons : la protection des droits et libertés des individus et le renforcement de notre constitution. » Le président Kéré a insisté sur la responsabilité commune des deux institutions dans la préservation des équilibres démocratiques et la garantie de la primauté du droit. « En renforçant nos capacités, nous renforçons l’État de droit. En approfondissant notre dialogue, nous consolidons la démocratie », a-t-il ajouté.

« Au-delà des échanges de savoirs, cette session se veut un espace d’apprentissage mutuel et de réflexion prospective sur le rôle du juge et des institutions dans la protection des droits fondamentaux, la gestion des crises et la consolidation de la paix civile », le président du Conseil constitutionnel

Des thématiques ancrées dans les défis du moment ‎

Cette formation, prévue pour trois jours, s’articule autour d’un programme riche et varié. Les thématiques abordées vont de la séparation des pouvoirs à la protection des droits fondamentaux, en passant par la lutte contre la corruption, la rationalisation de la gestion des finances publiques, ou encore l’usage croissant de l’intelligence artificielle dans la gouvernance judiciaire. Les professeurs et experts mobilisés viennent d’horizons divers : universités, CNES, Institut IDEALE.

Le Pr Djibrihina Ouédraogo, enseignant-chercheur à l’unité de formation et de recherches en sciences juridiques et politiques de l’université Thomas Sankara en donne un aperçu. « Au cours de cette formation, il y aura une diversité de sujets, allant de la séparation des pouvoirs au contrôle de constitutionnalité, en passant par la gestion des crises sécuritaires. Le Centre national d’études stratégiques apportera son expertise sur les questions de sécurité nationale et sur la manière dont le droit peut accompagner cette gestion. » ‎

Dans un pays confronté à un contexte sécuritaire difficile, ces échanges prennent une dimension particulière. Le Pr Ouédraogo ajoute que la crise sécuritaire rime aussi avec la question de la gestion efficace des finances publiques. « Nous aborderons la façon dont les institutions républicaines peuvent rationaliser l’utilisation des ressources, afin de dépenser utilement l’argent public et de conduire la guerre dans de meilleures conditions. » Le PNUD, partenaire du Burkina Faso dans le renforcement de la gouvernance démocratique, accompagne de manière constante les initiatives du Conseil constitutionnel.

Pr Djibrihina Ouédraogo, enseignant-chercheur

Le président Kéré a rappelé, à ce titre, le soutien de l’institution onusienne à l’organisation du Colloque international des 25 ans du Conseil constitutionnel en juillet dernier, ainsi qu’à la prochaine publication du recueil de jurisprudence. Deux actions majeures pour diffuser la culture constitutionnelle et ancrer la mémoire institutionnelle du pays. De son côté, l’institut IDEALE assure la conception scientifique du programme, tandis que le CNES apporte une perspective stratégique sur les interactions entre droit, sécurité et institutions.

Selon les termes de référence, cette approche conjointe vise à « favoriser le dialogue interinstitutionnel » et à « renforcer la cohérence de l’action publique dans le respect des principes constitutionnels ».

Maître Barthélémy Kéré a rappelé que la consolidation de la démocratie ne peut se faire sans un engagement collectif et une culture partagée de la responsabilité. « Nous devons œuvrer à ce que la justice constitutionnelle et la justice ordinaire convergent vers une même ambition : faire du droit un instrument de stabilité, de légitimité et de justice pour tous », a-t-il souligné.

‎Farida Thiombiano

‎Lefaso.net

Source: LeFaso.net