Écrivain, poète…, pasteur Paul Kouda est également connu pour ses analyses sur des sujets cruciaux liés à la vie de la nation et sa passion de l’art et la culture. C’est d’ailleurs pour marquer un arrêt sur ses 25 ans de vie artistique et culturelle, prévu pour le 6 décembre 2025, que le leader religieux a animé une conférence publique à l’endroit de ses fidèles, dans la journée de dimanche, 12 octobre 2025, à l’église des Assemblées de Dieu de la zone pilote de Ouagadougou (quartier Pag-layiri, dans l’arrondissement N°12).
Par cette conférence publique du jour, qui marque ainsi le lancement de la célébration des noces d’argent dans l’art et la culture, dont le clou est annoncé pour le 6 décembre 2025, pasteur Paul Kouda vise à, justifie-t-il, minimiser un tant soit peu la confusion actuelle entre l’art et la culture qui peut conduire à du fanatisme ou à l’extrémisme.
Il s’agit par cette communication donc, d’amener les croyants à avoir une position équilibrée ; ce qui commence par une bonne définition, la définition recommandée. « Mais si on rate la définition, certainement qu’au niveau de la compréhension également, nous allons rater. Et je constate qu’à l’heure où nous sommes, nous sommes en train de passer à côté, celui qui laisse entendre que culture égale rituel, et rituel égal ancêtre. Entendu dans ce sens, cela signifie que lorsque le rituel est pratiqué et que vous n’êtes pas dedans, c’est comme si vous êtes contre les ancêtres. Alors que nous ne pouvons pas être contre les ancêtres. Alors, vaut mieux commencer par revoir l’hypothèse, et cette bonne hypothèse signifie que le rituel existe, mais en tant que trait culturel. Cela veut dire que le rituel fait partie de la culture, nous ne pouvons pas établir un lien d’égalité. Il faut donc une redéfinition, et au niveau des intellectuels, c’est mieux que des colloques et des panels se tournent vers cette question, pour éviter au continent de tomber dans le fanatisme religieux », campe le leader religieux, exhortant les uns et les autres à poursuivre la réflexion sur la question et ce, avec recul.
« A l’heure où nous sommes, si nous voulons parler de la culture, il faut un recul, il faut balayer les présupposés pour que l’approche soit vraiment sincère. Par exemple, quand je parlais de la culture et des arts, nous avons fait allusion à l’hommage ; est-ce qu’en tant que chrétien, je peux rendre hommage à une personnalité ? La réponse a été ‘’oui » ; ce n’est pas un péché de rendre hommage à une personnalité. Mais, il y a une différence entre adorer une personne et rendre hommage à une personne. J’ai même pris l’exemple par rapport à notre monnaie ancienne, il y a des images toujours sur les billets, parfois ce sont des hommages qu’on rend à des personnes. Maintenant, est-ce que nous pouvons rejeter l’argent parce que l’image que nous voyons sur les billets ce sont des êtres humains, des personnalités…? Non, ce n’est pas du tout un péché. Donc, je pense que nous devons effectivement revenir sur l’art et la culture, demander à ce que les théologiens bien formés, qui comprennent bien la culture, puissent prendre part au débat. Cela va même faciliter la cohésion sociale et même inter-continentale », ajoute-t-il, précisant que si au Burkina, la question n’est pas un enjeu crucial, il convient cependant d’œuvrer à prévenir la confusion.
« Au Burkina Faso, nous avons le protestantisme, le catholicisme, l’islam ainsi que les religions traditionnelles. Maintenant, si la définition de base prend par exemple l’idolâtrie comme étant égale à la culture africaine, c’est déjà un faux départ. L’idolâtrie est un trait culturel, elle fait partie de la culture. Déjà, si la définition est fausse, plus tard, ça peut amener des chocs pour rien, alors qu’on pouvait s’entendre pour que le Burkina soit toujours un pays où la cohésion sociale est une évidence et exemplaire à la fois. Nous devons tous savoir que l’État est laïc, il n’y a pas une religion d’État, l’État n’a pas de religion. L’État est souverain et contrôle tout ce qui se passe dans la nation. Cela veut dire qu’un pasteur qui annonce un message qui trahit les principes de l’État, c’est sûr qu’il doit être arrêté, même s’il a la Bible en main (en fait, ce n’est pas la Bible on arrête, c’est lui qu’on arrête). Il en est de même pour un musulman, s’il prêche contre la cohésion sociale, contre la paix, il doit être arrêté, même s’il a le Coran en main. Pareil pour la religion traditionnelle, si par exemple dans ses rituels, les pratiques trahissent les projets de l’État, c’est sûr qu’on doit l’arrêter, même s’il a le couteau et le poulet en main. Je pense qu’il faut revenir sur la notion de l’art et culture, cela va nous aider à éviter le fanatisme religieux », enseigne pasteur Paul Kouda, donnant rendez-vous à la célébration du 25è anniversaire de passion dans l’art et la culture.
Parlant de cette célébration, Emmanuel Belem, membre du comité d’organisation de cet anniversaire, indique que plusieurs activités sont à cet effet prévues, le 6 décembre 2025. Il s’agit entre autres d’une exposition au sein de l’église des œuvres du pasteur (lettres, dessins, œuvres écrites…), une séance aérobic avec les membres de l’église et les riverains, des prestations avec les enfants de l’église principale de la zone pilote et des annexes ainsi que des églises invitées.
La journée prévoit, en outre, une prestation de fanfare, suivie de la cérémonie solennelle prévue à partir de 14h.
L’évènement est ouvert à tout le monde ; pas uniquement aux fidèles de l’église, mais à l’ensemble des autres confessions religieuses, à toute la population, invite Emmanuel Belem.
O.L
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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