A la faveur d’une tournée ayant pour but d’apprécier l’état de la campagne agricole dans la région des Koulsé (ex Centre-nord), nous avons tendu notre micro au directeur régional de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques de la région, Ragnimsom Igor Birba. Dans l’interview qu’il a bien voulu nous accorder, il revient sur l’évolution de la campagne, les résultats attendus en termes de céréales ainsi que l’appui apporté aux populations des zones retournées.
Lefaso.net : Comment appréciez l’évolution de la campagne à ce jour ?
Ragnimsom Igor Birba : La campagne est satisfaisante. C’est vrai que le démarrage a été tardif mais ce n’est pas étonnant parce que la météo avait prévu cela. Dès lors que les pluies se sont installées, nous avons eu une régularité. Et quand on fait une comparaison avec l’année passée, nous avons eu plus de jours de pluie. Les pluies ont été bien réparties dans le temps permettant aux cultures de pratiquement boucler leur cycle. Majoritairement c’est le stade maturité. Sur certains sites les récoltes ont commencé avec le niébé, l’arachide, le riz sur certains bas-fonds. Pour dire que dans cette dynamique, la région des Koulsé va contribuer à l’atteinte des objectifs de l’offensive agropastorale dans un contexte de résilience.
Quel est l’accompagnement apporté par la direction régionale aux producteurs ?
Dans cette région que nous qualifierons de résiliente, il fallait des accompagnements spécifiques. Au-delà de la vulgarisation classique, nous avons reçu pour mission de faciliter le retour des populations. Pour cela, il fallait accompagner davantage ces populations, surtout celles retournées. Nous avons pu grâce aux brigades de mécanisation, les tracteurs que le président a mis à notre disposition, labourer plus de 2 500 hectares. Nous avons aussi apporté plus de 400 tonnes de semences aux producteurs de la région et plus de 2 500 tonnes d’engrais. Au-delà de ces apports, nous avons aussi accompagné techniquement les producteurs.
Spécifiquement en ce qui concerne les zones reconquises, grâce aux forces de défense et de sécurité, nous avons pu aménager plus de 320 hectares de bas-fonds rizicoles et doter les populations avec 8 tonnes de semences et 37 tonnes d’engrais pour leur permettre de produire et de s’affranchir de l’assistanat. De Barsalgho, derrière le lac Dem, au-delà de Dargo, Pissila, Pibaoré, toutes ces zones-là, nous sommes témoins de la reconquête du territoire. Nous sommes en mission comme j’aime le dire et l’agronome aujourd’hui c’est un VDP. Et s’il arrive que nous tombions au front, c’est pour la cause de la sécurité et de la souveraineté alimentaire. Je salue les partenaires qui nous accompagnent et félicite tous les agents d’agriculture qui malgré le contexte difficile font montre d’un engagement fort à saluer.
Quelles sont les résultats attendus en termes de récoltes ?
Nous avons pour ambition à la fin de la campagne, d’avoir plus de 200 000 tonnes de céréales. Et je puis vous dire qu’avec l’accompagnement que nous avons apporté aux producteurs, les perspectives sont bonnes. L’année dernière, nous avons eu un gain de plus de 15% et cette année avec les populations réinstallées nous avons eu de nouvelles terres agricoles que nous avons pu acquérir. Avec l’engagement, l’appui conseil, tout cela mis ensemble, nous permet de croire que nous allons dépasser les objectifs prévus pour notre région.
On note qu’un accent particulier a été mis sur la production de riz, pourquoi ce choix ?
Le riz est une spéculation que le Burkina importait beaucoup et beaucoup de devises étaient mobilisées dans ce sens pour satisfaire les besoins. C’est pour cela que nous avons un objectif de 1 million de tonnes de riz pour cette campagne. Et si nous arrivons à atteindre cet objectif et maintenir dans le temps grâce à la réforme au niveau de la SONAGESS, nous pourrons satisfaire les besoins au niveau national. C’est de là que part la souveraineté parce que c’est un produit beaucoup consommé par la population. L’offensive visait plus de 30.000 hectares à aménager et je crois que cet objectif est globalement atteint pour 2025.
Un dernier mot ?
Je voudrais à travers votre canal dire grandement merci aux autorités du ministère de l’Agriculture et au président du Faso pour sa vision. Comme on aime le dire, après la sécurisation du territoire, il faut accompagner les populations à satisfaire leurs besoins alimentaires. C’est l’occasion pour moi de saluer cette vision et saluer l’accompagnement dont nous bénéficions des autorités régionales et l’engagement des agents techniques d’agriculture. Il y a certaines zones, quand on y mettait les pieds en décembre 2024 comme Barsalgho, Basma, Tamasgo, il y avait que les VDP et les FDS, le début n’a pas été facile. Mais aujourd’hui nous nous réjouissons de savoir que nous avons contribué à réinstaller ces populations. Et c’est de là que naît encore la motivation, l’engagement. Je salue donc à l’occasion les agents d’agriculture et d’élevage pour leur engagement pour la souveraineté alimentaire.
Propos recueillis par Armelle Ouédraogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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