
La Coordination nationale des syndicats de l’éducation (CNSE), regroupement d’une quinzaine de syndicats, a animé, le samedi 25 octobre 2025 à Ouagadougou, une conférence publique sur la nécessité d’investir dans l’éducation pour un développement durable. Cette mobilisation qui s’inscrit dans le cadre de la Journée mondiale des enseignants 2025 (commémorée chaque 5 octobre) a servi de cadre aux responsables syndicaux pour appeler les gouvernants à davantage d’investissements dans le secteur de l’éducation, l’ensemble des acteurs à plus d’engagement et précisément les parents à s’impliquer dans le suivi scolaire de leurs enfants.
La conférence s’est déroulée autour de deux communications sur la nécessité d’investir dans l’éducation pour un développement durable et dans les acteurs eux-mêmes.
Dans la première communication, c’est le coordonnateur national de la Coalition nationale pour l’éducation pour tous au Burkina Faso (CNEPT-BF), Tahirou Traoré, qui a déroulé le thème sur la nécessité d’investir dans l’éducation pour un développement durable.
Après avoir campé le contexte général, aussi bien à l’échelle mondiale qu’au niveau national, le panéliste a mis en exergue l’obligation pour l’ensemble des acteurs d’œuvrer à relever les défis en matière d’éducation. L’éducation est, soutient-il, la pierre angulaire. Elle permet d’apporter des connaissances, des compétences et des adaptations possibles en matière d’évolution pour permettre aux citoyens d’un pays d’être plus efficaces et de participer au développement, à la résilience, à la cohésion et à la maîtrise des enjeux du moment.
C’est pourquoi, pense-t-il, les États, notamment ceux à revenus faibles, doivent investir dans des programmes ambitieux et rigoureux.
Selon le communicateur, le Burkina Faso a dépassé les normes fixées au niveau international pour les pays (qui est d’allouer entre 4 et 6% du produit intérieur brut à l’éducation), en atteignant le niveau de 5,45%.
Cependant, relève M. Traoré, près de 70% du budget alloué, voire plus, va aux dépenses de fonctionnement. En effet, en termes d’investissements, le Burkina n’atteint pas les 5% du budget alloué à l’enseignement de base et 2% au niveau du secondaire, alors que pour pouvoir agir efficacement sur l’éducation, il faut qu’il y ait des investissements, des infrastructures, présente le panéliste.
D’où l’appel aux gouvernants pour que le budget de l’éducation soit revu à la hausse et que, dans sa gestion, il y ait une bonne répartition des dépenses en faveur des programmes porteurs, à même de pouvoir faire face effectivement aux effets des évolutions, telles que les technologies qui, aujourd’hui, s’imposent à l’ensemble des pays.
« L’un dans l’autre, c’est pour dire que nous sommes tous conviés à soutenir et à mobiliser la population, faire en sorte que chacun se sente responsable du devenir de notre pays, en misant sur la formation, l’éducation et l’emploi des jeunes », a interpellé le panéliste Tahirou Traoré.
Mention à l’initiative présidentielle pour une éducation de qualité pour tous
Sollicité sur un message en cette rentrée scolaire, le responsable syndical a invité les parents à s’assurer que leurs enfants vont effectivement à l’école, apprennent et de la qualité de ce qu’ils apprennent. « Aujourd’hui, les parents, le plus souvent, quand ils inscrivent leurs enfants, pour eux, ce sont les cotisations qu’on demande qu’il faut payer, et une fois ils paient, tout le reste ne leur dit plus grand chose. C’est vrai que payer est bien, mais les parents qui s’intéressent plus au suivi scolaire de leurs enfants ne regrettent pas. Et le plus souvent, ce sont ceux-là qui ne s’efforcent pas de suivre la scolarité de leurs enfants qui, à un moment donné, sont au regret ; ils disent que l’enfant n’a pas travaillé, le maître n’a pas travaillé, alors que l’éducation de l’enfant, c’est un tout (il y a les parents, les enseignants, l’État…) », a lancé l’enseignant, Tahirou Traoré, appelant par ailleurs à plus de solidarité nationale pour permettre aux enfants déscolarisés, du fait de la situation sécuritaire, de pouvoir bénéficier de leur droit à l’éducation.
Dans la deuxième communication, c’est Samuel Dembélé, cet autre leader syndical national et international (Réseau africain de campagne pour l’éducation pour tous), qui s’est, lui, attardé sur l’impératif de l’investissement dans les acteurs eux-mêmes. Dans sa démarche, il a présenté les conditions de travail des acteurs de l’éducation (impliquant ici toute la chaîne, allant de la petite enfance au supérieur en passant par le primaire). Si investir dans l’éducation est, de son avis, de la responsabilité première de l’État, il n’en demeure pas moins que de bons systèmes éducatifs exigent l’engagement de chaque acteur (élèves, parents, enseignants, personnels d’encadrement, personnels d’administration…). Il a également insisté sur la place majeure de la formation initiale et continue et la rigueur dont doit faire preuve l’enseignant.
Pour l’enseignant de philosophie, il faut donc créer les conditions pour favoriser une implication réelle de l’ensemble des acteurs de l’éducation/l’enseignement. « Ce qui garantit la qualité de l’éducation/enseignement, ce sont les conditions dans lesquelles travaillent les acteurs », estime M. Dembélé, convaincu que le développement harmonieux d’une nation se prépare au niveau de son éducation. C’est pourquoi il salue, au Burkina, la volonté de transformation à travers l’initiative présidentielle pour une éducation de qualité pour tous.
Des remises en cause d’acquis qui interpellent les acteurs de l’éducation
Ces deux communications ont été suivies de réactions au sein des participants, notamment à travers des questions d’éclaircissement, des commentaires, des suggestions, mais aussi des invites aux acteurs eux-mêmes à se mobiliser pour préserver les acquis.
Dans cette phase, on peut noter entre autres l’inquiétude qui repose sur l’iniquité dans le traitement ; la tendance à reléguer l’éducation/enseignement au privé ; l’extinction de certains corps (à l’image des administrateurs des lycées et collèges) sans une perspective pour ceux qui y évoluent ; la traite des « charlatans des temps modernes » (communément appelés coachs) qui s’attaquent à l’institution éducation ; la remise en cause d’acquis, etc.
Pour les participants à la conférence, il faut simplement remettre l’éducation au centre, car étant la « boussole qui permet de cerner la complexité de l’avenir » et « investir dans l’avenir, c’est investir dans l’avenir commun ».
Mission accomplie, et satisfaction donc pour le coordonnateur de la CNSE, Innocent Badolo, qui s’est félicité de la qualité des communications et des contributions que celles-ci ont suscitées chez les participants.
O.L
Lefaso.net
Source: LeFaso.net



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