
Entre ambition personnelle décomplexée et vision patriotique, ils incarnent une nouvelle génération d’étudiants africains déterminés à forger l’avenir du continent.
À Accra, loin du Burkina Faso, ils sont des centaines à poursuivre leurs études. Parmi eux, Aïcha Yasmine Ouattara et Assane Moctar Lionel Benjamin Ilboudo. Leurs parcours et leurs disciplines diffèrent, mais ils partagent une même soif d’apprendre, une même résilience et une même vision : mettre leurs compétences au service du développement de leur pays. Rencontre avec ces cerveaux en exil volontaire.
Accra. Dans le tumulte accueillant de la capitale ghanéenne, deux étudiants burkinabè tracent leur sillon avec une détermination qui force le respect. Leur point commun ? Une foi inébranlable en leur potentiel et un amour viscéral pour le Burkina Faso, qu’ils voient déjà transformé par leur future expertise.
Aïcha Yasmine Ouattara : la stratège « affamée »
« Future référence du marketing en Afrique de l’Ouest ». C’est avec cette assurance sereine qu’Aïcha Yasmine Ouattara se présente. Étudiante en MBA, elle ne voit pas son cursus comme une simple accumulation de connaissances, mais comme la forge de son « arsenal de guerre dans le marketing stratégique ».
Son choix du Ghana est mûrement réfléchi. « Le Ghana, c’est l’école de la vraie vie pour un futur leader du marketing africain », affirme-t-elle, citant également la maîtrise de l’anglais comme une « arme du 21ᵉ siècle ».
Mais derrière cette carapace de femme d’affaires en devenir se cache une réalité plus complexe, celle de l’étudiante étrangère qui « combat sur plusieurs fronts ». « Certains jours sont durs, très durs », confie-t-elle, évoquant l’excellence académique, la survie financière et la solitude.
Son bouclier ? L’Association des étudiants et stagiaires burkinabè à Accra (BFSTAG). Elle en parle avec une gratitude non dissimulée : « Le BFSTAG, c’est notre famille de sang. C’est notre système immunitaire ici. » Cette association, dit-elle, est bien plus qu’un cercle fraternel : c’est un réseau de « stratégies de survie », d’opportunités professionnelles et de soutien moral qui « transforme des étudiants isolés en une force collective ».
Son rêve est à la mesure de son ambition. Pour elle-même : « Devenir un monstre du marketing ». Pas moins. Pour son pays, le Burkina Faso, elle nourrit une vision concrète : « Je ne veux pas revenir les mains vides avec juste un diplôme à encadrer. Je veux revenir avec des compétences qui créent des emplois, des réseaux qui attirent des investissements. Nous ne sommes pas en vacances académiques, nous sommes en mission pour le pays. »
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Ilboudo Assane Moctar Lionel Benjamin : le bâtisseur numérique
À l’autre bout du spectre académique, Assane Moctar Lionel Benjamin Ilboudo, en 3ᵉ année de science informatique, incarne une ambition tout aussi forte, mais exprimée avec une sérénité différente. Son choix du Ghana fut d’abord motivé par un désir de « changer d’horizon » et une nouvelle expérience, facilitée par la présence de sa sœur.
Pour lui, cette aventure a eu un « impact positif » profond, modifiant sa manière de « se comporter, de voir et de comprendre le monde ». Elle lui a surtout appris à « s’adapter et à trouver des solutions pour avancer, quoi qu’il arrive ».
Sa vision pour l’avenir est ancrée dans le concret et le digital. Son rêve est « d’apporter un impact et une influence positive » en permettant à ses compatriotes de « connaître et utiliser nos potentiels ».
Son projet ? Créer des « plateformes digitales (applications, sites web) » pour interconnecter les pays et valoriser le « savoir-faire local » burkinabè – l’art, le cinéma, l’agriculture – sur la scène internationale. Un projet qui, au-delà de la visibilité, vise à « apporter un plus dans l’emploi et l’économie du pays ».
Malgré des personnalités et des domaines d’expertise distincts, Aïcha et Lionel sont les deux faces d’une même médaille : celle d’une jeunesse africaine talentueuse, mobile et résolument tournée vers le développement de son continent. Leur passage au Ghana, soutenu par la communauté du BFSTAG, n’est pas une fuite, mais un détour stratégique. Ils s’y forgent, y apprennent la résilience et y construisent les outils qui, demain, leur permettront de participer activement à l’édification d’un Burkina Faso plus prospère et plus connecté. Leur histoire est celle d’une génération qui a compris que pour mieux servir son pays, il faut parfois savoir en sortir, le temps d’une formation, pour mieux y revenir.
Agbegnigan Yaovi
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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